Tu mérites même pas des ballons èé ! [PV Sunny ♥]

Il est surprenant de voir comme de nombreux destins se croisent et s'entrechoquent pendant des années, sans se voir, sans se remarquer. 

Ces deux jeunes hommes qui marchent, incognito, fondus dans la foule et qui portent les mêmes vêtements, par exemple. à l'autre bout de la ville, quelqu'un crie, un réalisateur sur le tournage d'une super-production mondiale. Il hurle ; peut être parce que l'acteur vedette de son film manque à l'appel, de même que son cascadeur de génie. 
Mais ces deux garçons, qui semblent se ressembler comme deux gouttes d'eau, ne se connaissaient pas avant la semaine précédentes, de même qu'ils ne connaissent pas la petite assistante qui se fait houspiller, sur le tournage, pour un café ; quand bien même elle a le double du talent de la plupart des scénaristes. Ces personnes ne remarqueront peut être jamais l'artiste de rue de l'avenue qu'ils viennent de remonter, un cracheur de feu, qui a pour seul compagnon un chaton, caché dans ses affaires qu'il range la journée, pour ses spectacles. 
Ils ne croiseront peut être pas non plus l'infirmière des urgences de la ville, qui se tue au travail depuis des mois, pour essayer de sauver des vies sans aucun moyen. 
Elle même ne rencontrera sans doute jamais celle qui, du haut d'un immeuble, regarde par de grandes baies vitrées la rue devant l'hôpital, et ce jeune homme qui crache des flammes comme un dragon, en rêvant d'être à sa place, où d'être n'importe où ailleurs, jusqu'à ce qu'on l'appelle pour une réunion avec des investisseurs. 
Difficile de croire que des gens aussi différents, de mondes si différents puissent, un à un, se croiser.

Et parfois, il ne suffit que d'un minuscule élément, pour que l'équilibre parfait de tous ces mondes cohabitants ensemble, soit changé. 

Sur ce même tournage, avec ce même producteur hurlant des ordres, il était assis dans un coin, son regard sombre scrutant les personnes. Une personne ordinaire n'aurait sut dire qui il était vraiment, mais tout le monde dans le milieu du cinéma et même de l'écriture, savait qui il était. Il était juste le critique le plus connu et le plus redouté de tout le continent. Il suffisait d'un seul de ses compliments pour qu'un simple inconnu devienne une célébrité. Il était donc là pour voir un peu l'envers du décor de ce film. 
Au même moment, sur le même plateau, une jeune femme était assise face à son miroir, un sourire satisfait aux lèvres. Elle entendait les cris extérieurs, elle savait que c'était parce que les acteurs se faisaient attendre. Même si elle n'occupait qu'un second rôle, elle prenait plaisir à faire ses caprices de diva. De toute façon, ils seraient obligés de l'attendre pour commencer. 
Sur l'avenue non loin de là, il y avait cet artiste de rue que personne ne semblait regarder. C'était peut être pour ça que Lou s'était arrêtée de marcher pour l'admirer depuis le trottoir d'en face, ignorant le vent froid qui venait s'engouffrer dans sa robe de mousseline, serrant juste sa veste en jean sur son corps mince. Visiblement, elle était la seule à avoir remarqué son talent. 
Pendant ce temps, des ambulances remontaient l'avenue à toute vitesse, le bruit des sirènes faisant taire la foule un instant. Au volant de la première ambulance, Nolan semblait se concentrer sur son objectif : arriver le plus vite possible aux urgences. Il y avait eu un carambolage énorme, avec beaucoup de blessés, il était même sûr que certains ne résisteraient pas au voyage. 
Le bruit des sirènes résonna dans le bureau calme du directeur d'une grosse entreprise, situé au dernier étage d'un immense immeuble. Penché sur son ordinateur, il paraissait satisfait de ce qu'il venait d'achever. Il régnait sur son entreprise comme un roi sur son empire, et il savait qu'il n'aurait voulu échanger sa place pour rien au monde.

Un élément qui se matérialise parfois par une simple phrase. 

Fallon s'approcha timidement du critique. Il n'avait pas l'air de bonne humeur, et elle comprenait pourquoi ; les caprices de stars avaient elle aussi le don de l'agacer, mais elle n'était pas en mesure d'y faire quoi que ce soit. 

- Vous voulez un café ? ça vous réchaufferait, vous êtes dehors depuis longtemps ... 

Moins qu'elle, elle l'avait vu s'installer. Elle trouvait tout de même ça remarquable, pour un homme de sa profession, d'avoir une telle patience. 

Les deux jeunes hommes insouciants, les acteurs, se rendirent soudain compte qu'ils avaient un métier ; ou plus précisément, le cascadeur rappela à la célébrité, que quelque part dans les profondeurs abyssales de son âme, il avait une conscience professionelle. C'est sans se presser qu'ils regagnèrent le tournage. 

Lazare avait vu cette jeune fille et lui adressa un grand sourire. Son teint halé rappelait les îles du côté d'Hawaï. Il fit tournoyer ses torches au dessus de sa tête, tellement vite qu'elles dessinaient des formes. 
Kayleen n'arrêtait pas, comme à son habitude ; les ambulances filaient, défilaient, elle triait les cas, s'occupait des plus graves, faisait patienter les autres. Pas assez de personnel, dans ce service ; pas assez d'argent. 

Le même bruit fut entendu par la jeune femme, en haut de la tour voisine, qui regardait les ambulances, rêveuse. Si elle sautait, ces mêmes ambulances viendraient constater le carnage ... Son assistant la rappela à l'ordre en lui disant qu'elle avait rendez-vous avec le PDG d'une énorme entreprise, en face.

Ian leva lentement les yeux vers la jeune femme, sans sourire. Il était assez intimidant, malgré son jeune âge. Il était rare qu'on ose lui parler, et encore moins les assistants. Mais il aimait que les autres prennent soin de lui, et alors, il hocha la tête : 

" Oui, merci. " 

Son ton, en revanche, était plutôt calme et posé, presque doux. Il savait se montrer sec, mais, cette fois, il avait décidé de ne pas s'en prendre aux assistants, ce qui était plutôt rare. Il lui lança quand même, avant qu'elle ne s'en aille : 

" Vous devriez en prendre un aussi. " 

Personne n'oserait lui dire quoi que ce soit si elle restait avec lui, et il se doutait qu'elle travaillait depuis un moment. Sans un regard de plus, il posa de nouveau son regard sur le doublon du script qu'on lui avait donné, histoire de se rappeler la scène. 

Lyse, le second rôle, avait rejoint à son tour le plateau. Elle avait toujours un air de gamine capricieuse. De toute façon, c'était ce qu'elle était ; une gamine infernale, qui n'acceptait pas qu'on lui dise non. Emma, la maquilleuse, suivait la petite princesse presque à la trace. Son boulot n'avait rien de facile, elle devait supporter les acteurs arrogants, se taire face aux reproches, et en plus de ça, elle était mal payée. 

Lou finit par traverser, manquant même de se faire percuter puisqu'elle avait du mal à détacher son regard du jeune homme. Enfin, pas seulement de lui, mais aussi de ses torches. Elle réussit à rejoindre le trottoir en un seul morceau et continu d'observer le jeune homme qui l'avait remarquée, d'ailleurs. Elle lui sourit en retour, ne voulait pas le déconcentrer. 

Nolan avait fini par décréter qu'il allait donner un coup de mains aux urgences, comme la plupart de ses collègues, d'ailleurs. Il avait des bases de médecine, et même si il ne serait pas aussi indispensable qu'un véritable médecin, il savait qu'il pouvait aider. 

Quelqu'un frappa à la porte du bureau de Karl. On venait lui dire de se tenir près pour son rendez vous. Il sourit, s'étira et fit craquer ses doigts, se demandant à quelle sauce il allait manger le prochain arrivant. Il aimait bien cuisiner les gens, même si il savait rester professionnel. Mais cétait de cette façon qu'il obtenait ce qu'il voulait.

Fallon sourit sans répondre à son conseil. Elle ne pouvait pas se le permettre ; de toute façon, la luminosité baissait, sa journée se terminerait sans doute quelques heures après ... Elle était là depuis le matin, et n'avait pas eu de pauses. Tout ça pour n'obtenir aucune reconnaissance et un salaire clairement inférieur à celui qu'elle aurait du avoir. Elle alla faire un café au jeune homme, avant de le lui rapporter. 

Roy et Alphonse étaient presque arrivés. Difficile de les distinguer tant le maquillage d'Alphonse était bien fait ; mais juste dans l'attitude, on s'en doutait. La démarche sûr de lui, sifflotant comme s'il ne s'était pas éclipsé une heure et demie, Roy était parfaitement insupportable. Alphonse, lui, était bien plus humble. Le directeur cria dans le vide lorsqu'il les vit revenir, Roy donna pour seule justification : 

- On avait besoin d'un peu d'air, Garry ~ 

Dans sa bouche, "Garry" sonnait comme "trou du cul". Alphonse se dirigea aussitôt vers Emma, à qui il sourit : 

- Je suis désolé, mais tu pourrais me refaire le camouflage de mes tatouages, à la base du cou ? C'est parti ... 

Il était toujours agréable, il connaissait les prénoms de tout le monde. Enfin, il avait appris celui d'Emma très vite, puisqu'ils passaient un certain temps à masquer tous ses tatouages le matin. 

Lazare finit son numéro dans une grande gerbe de flammes, au dessus de sa tête, et éteignit ses torches en une seconde dans la paume de sa main. Il fit un clin d'oeil à la jeune fille qui avait changé de trottoir pour le regarder ; il était content d'avoir au moins attiré son attention, faute d'avoir gagné quoi que ce soit. 

Kayleen s'affairait autour des lits des accidentés, triant ce dont elle devait s'occuper elle même et ce qui attendrait, ou ce qu'elle laisserait à d'autres. Quand Nolan entra, signe qu'il avait un instant pour donner un coup de main, elle soupira de soulagement. Les ambulanciers venaient parfois aider un peu ; et elle faisait particulièrement confiance à Nolan, dont elle connaissait le prénom d'ailleurs. 

-Nolan, mets sous respirateur le patient qui vient d'arriver ! 

Elle, elle se préparait pour choquer le coeur du doyen de l'accident, en espérant qu'il reparte. Elle devait gérer beaucoup de choses, beaucoup d'arrivants, et beaucoup d'urgences. 

Albane entra dans le bureau peu après, sans vraiment frapper, elle donnait seulement un coup sur la porte avant d'ouvrir. Elle ne s'assit pas dans le fauteuil en face du sien, inspectant la décoration du bureau avec un petit sourire, avant de déclarer : 

- Je suis à l'heure. Alors, j'ai du me déplacer pour qu'on discute du rachat de l'une de vos succursales, à Singapour ...

Ian pinça les lèvres en voyant qu'elle n'avait pas suivit son conseil, mais il ne dit rien. Après tout, elle faisait ce qu'elle voulait, peut être qu'elle aimait se faire exploiter, pourquoi pas. De toute façon, ils allaient bientôt tourner, elle aurait déjà un peu plus de temps. Il prit son café, et la remercia, sans lever le nez de son script. Enfin, les acteurs arrivèrent, et il ne se cacha pas de soupirer bruyamment, ce qui fit apparaître une lueur de peur dans le regard de la plupart des personnes présentes ; tous savaient qu'un soupir, même bref, du jeune homme, n'était pas bon signe. 

Emma s'approchait d'Alphonse, anticipant même sa demande. Quand il termina sa question, elle avait déjà trempé son pinceau dans la poudre, prête à recamoufler ses tatouages. Elle lui sourit en retour. C'est ce moment là que choisit Lyse pour piquer sa colère. Elle s'interposa entre Emma et Alphonse, et lâcha : 

" Tu dois t'occuper de moi d'abord. " 

Emma haussa un sourcil, replaça une mèche de cheveux bouclée derrière son oreille, et répondit doucement : 

" Mais je l'ai déjà fait. " 

Lyse fronça les sourcils, sans en démordre. Elle n'aimait pas qu'on lui dise non, ou du moins qu'on ne fasse pas ce qu'elle voulait, et, depuis que la maquilleuse travaillait ici, elle était devenue son souffre douleur. C'était surtout parce qu'elle passait son temps à tripoter les garçons, soit disant pour le travail. Elle n'y croyait pas, elle était persuadée que derrière les apparences sages qu'elle affichait, se cachait une personne vicieuse. Emma, elle, la regarda, incrédule. Comme elle se faisait fusiller du regard, elle décida de céder et installa Lyse sur une chaise pliante pour faire des retouches maquillage tout à fait inutiles. 

Quand Lazare eut fini, Lou tourna les talons et descendit rapidement l'avenue. Il allait sans doute penser qu'elle était bizarre. Elle revint quelques minutes plus tard, se doutant qu'il ne devait pas être parti, deux cafés à emporter dans une main et de quoi grignoter dans l'autre. Elle se planta devant lui, et, même si on voyait dans son sourire qu'elle était intimidée, elle proposa : 

" Un café ?" 

Elle le voyait régulièrement dans le coin, elle l'observait souvent à la dérobée, et c'était la première fois qu'il la voyait, ou au moins la première fois qu'elle voyait qu'il l'avait remarquée. 

Nolan repéra immédiatement Kayleen et, lorsqu'elle lui donna des ordres, il s'exécuta, lui faisant un signe de main pour dire qu'il s'en chargeait. Il ne faisait pas les choses les plus compliquées, mais il savait qu'il faisait gagner un temps précieux aux autres. Il enleva sa grosse veste lourde pour être plus à l'aise et alla s'occuper du patient que Kayleen lui avait indiqué. 

Karl posa un regard froid sur Albane, un peu déçu que ce ne soit pas un petit jeune pas réellement expérimenté qu'il pourrait torturer et embobiné. Enfin, elle ferait l'affaire. Il laissa son regard vagabonder, avec un petit sourire appréciateur puis s'éclaircit la gorge pour déclarer : 

" Je sais. Je ne compte pas négocier mon prix de vente. " 

Il planta son regard acier dans celui de la jeune femme, attendant de voir ce qu'elle allait bien répliquer.

Fallon sourit en entendant le critique soupirer. ça la faisait rire de voir tous ces gens autour trembler au moindre signe de mécontentement ; leur peur était justifiée, d'ailleurs, et c'était encore plus drôle. 

Roy croisa les bras, se plaçant devant Lyse avec un air mécontent : 

- Ecoute, Al est ma doublure, et il convient de cacher ses tatouages immondes. Ton maquillage est déjà parfait ! 

Alphonse rétorqua tout de même : 

- Mes tatouages ne sont pas immondes, blanc-bec ! 

Il prit doucement Emma par la main pour l'écarter, puisque Roy occupait pendant un moment l'égo de Lyse. 

- Désolé ~ 

Les yeux de Lazare s'illuminèrent lorsqu'elle lui proposa un café. Il lui offrit un immense sourire en répondant joyeusement : 

- J'ai eu peur de vous avoir fait fuir ! Merci, vous êtes une vraie fée ! 

Il bu le café d'une traîte, ravi. Il était de ces gens plus que naturels, qui ne se retiennent jamais de dire ce qu'ils pensent par simple convenance. 

Kayleen parvint à réanimer l'homme, le plus en mauvais état de tout l'accident. Son pouls était régulier, et il n'avait pas de lésions visibles, alors elle fila s'occuper des plaies qui saignaient le plus, avant que son collègue ne vienne la relayer, ou plutôt la virer parce qu'elle était là depuis 10 heures et qu'elle n'avait plus toutes ses capacités de concentration. Elle soupira et alla jusqu'à la cafétéria, s'acheter un truc à manger. 

Albane s'assit gracieusement, avant de répliquer, voyant qu'il la regardait avec insistance : 

- Le prix serait plus bas si ma jupe était plus courte, pervers ? 

Elle afficha un sourire en coin, qu'on la regarde ne la gênait pas vraiment, c'était plutôt pour lui faire remarquer qu'elle l'avait vu. Elle ajouta : 

- Nous savons l'un comme l'autre que cette usine est surévaluée, il n'y a qu'à regarder sa production.

Ian se leva, s'étirant. La chaise était un véritable calvaire pour son dos, il décida de faire une petite balade sur le plateau, puisque de toute façon, les acteurs n'étaient pas prêts de se mettre au boulot. Il passa devant Fallon avec un léger sourire et lui intima : 


" Je sens que mon article va être salé."

Et il continua sereinement sa balade, comme si de rien était. 

Lyse leva le menton pour regarder Roy. C'était le seul qui s'imposait face à elle. Même le producteur avait peur de ses caprices, car si elle décidait de démissionner, tout serait à refaire. Néanmoins, elle savait que Roy lui disait ça pour la brosser dans le sens du poil. Elle rétorqua : 

" Arrête d'essayer de me flatter, Roy, je suis pas débile. " 

Emma soupira de soulagement en filant près du jeune homme. Elle ne le fit pas asseoir, comme souvent, car elle ne se sentait pas à l'aise quand elle devait se pencher sur lui. Elle lui sourit : 

" C'est rien, j'ai l'habitude. " 

Elle se mit ensuite au travail, essayant de ne pas le chatouiller avec son pinceau. 

Lou eut un petit sourire timide. Elle ne savait pas pourquoi il était aussi content, mais ça lui faisait plaisir. En baissant les yeux, elle déclara : 

" Ce n'est que du café. " 

Elle n'avait pas des millions à lui donner, elle ne pouvait pas l'aider autrement qu'en se montrant agréable, en lui offrant un petit quelque chose et un peu de son temps. Elle le regarda un court instant : son sourire était communicatif, elle se sentait obligée de sourire en le regardant. Finalement, elle détourna les yeux, sans rien ajouter. 

Nolan resta un petit moment dans le service, et ne remarqua pas de suite que Kayleen était partie. Il ne s'en rendit compte que lorsqu'il se rendit également à la cafétéria, voulant avaler quelque chose avant de se remettre au travail. Une fois qu'il eut acheté son sandwich, il se dirigea vers la jeune femme, avec un sourire : 

" Tu as l'air fatiguée. " 

Il se disait ça chaque fois qu'il la voyait. Il se demandait depuis quand elle n'avait pas eu une nuit de sommeil de 12 heures. 

Karl se laissa aller doucement contre le dossier de son fauteuil confortable avec un sourire : 

" Peut être. " 

Il n'avait pas relevé le fait qu'elle le traitait de pervers, il n'avait pas cherché à se cacher pour la regarder, et elle n'avait pas à porter des vêtements comme ça si elle ne voulait pas qu'il la regarde. Il aimait les jolies femmes, et il aimait les regarder. Ensuite, il reprit un air plus sérieux : 

" On en a déjà parlé, j'ai déjà baissé le prix initial de moitié pour m'aligner sur les prix du marché, et il est hors de question de la laisser partir à un prix plus bas. " 

Fallon pouffa de rire, mettant une main devant sa bouche pour cacher son sourire ; qui n'échappa pas au metteur en scène, qui la houspilla pour qu'elle aille lui faire des photocopies de tous les dialogues. Elle s'exécuta, sans perdre son sourire. 

Une étincelle de malice s'alluma dans le regard de Roy, et il rétorqua : 

- Allons allons, ne te sous-estime pas ! Je n'aurais jamais accepté qu'une autre que toi joue ce rôle ! Tu as rencontré le scénariste ? Il a rajouté une histoire d'amour au film, il y avait apparemment trop d'action ~ 

Alphonse pouffa de rire. 

- J'arrive pas à rester sérieux quand tu fais ça ... 

Il était très chatouilleux, et en plus la maquilleuse lui donnait des frissons ~

Lazare corrigea, comme si elle venait de faire une énorme erreur : 

- Que du café ?! C'est de l'or liquide ! 

Il trinqua avec son gobelet de café. 

- A la santé de ma jolie fée, et à ce breuvage divin ! 

Il rit. Il avait la faculté de s'émerveiller de chaque chose, c'était sûrement pour ça qu'il aimait sa vie. Ne pas avoir grand chose rendait chaque chose plus spéciale. 

Kayleen sourit en levant les yeux vers lui. 

- Je sais ... Je commence à croire que c'est ma tête qui donne cette impression !

Elle désigna la chaise en face d'elle. 

- Assieds toi ~ 

Albane fronça les sourcils. 

- Allons, tu peux faire un effort pour un si gros partenaire commercial ! Je ne te parle pas des prix du marché mais de la réalité. Elle vaut au moins 8 % de moins que ce que tu en demande, si ce n'est 10 ! 

Elle se pencha en avant, les bras posés sur le bureau. Ils étaient proches, son décolleté était provocant.

Ian coula un regard dans la direction du metteur en scène ; il n'aimait pas comment il parlait à la jeune femme. Certes, il faisait un peu exprès de le mettre en pression, et il voyait que le simple fait qu'il soupire lui faisait perdre tous ces moyens. Il n'avait vraiment pas la tête froide. Il décida donc de suivre Fallon, sans même savoir ce qu'il allait lui dire, juste parce qu'il n'avait pas aimé qu'elle prenne pour quelque chose qu'il avait dit.

Lyse croisa les bras sur sa poitrine, fronçant légèrement les sourcils. Le scénariste ne lui avait rien dit de cette histoire d'amour en parallèle. Elle se redressa, repoussant un styliste qui voulait réajuster sa tenue. Elle lâcha :

" Mais qu'est ce que tu me racontes ? "

Emma lui jeta un regard amusé, essayant quand même de se concentrer. Mais dès qu'il bougeait un peu, elle ne pouvait s'empêcher d'insister plus encore pour l'embêter. Elle finit par déclarer :

" Voilà, la torture est finie ! Tu as besoin d'autre chose ? "

Elle glissa le pinceau dans une grosse trousse, puis le regarda de nouveau. Heureusement qu'il était là, tout de même, sinon elle se serait sentie vraiment seule à toujours se faire enguirlander et traiter comme une moins que rien.

Lou pouffa de rire en l'entendant. D'accord, c'était un bon café, mais de là à dire que c'était divin... Enfin, elle lui avait fait plaisir, c'était tout ce qui comptait. Elle ne put s'empêcher de rougir ridiculement quand il trinqua et finalement, elle proposa, avec l'air le plus détaché possible :

" Est ce que vous seriez d'accord pour qu'on aille dans un coin plus calme ? "

L'avenue était bruyante, il y aait beaucoup de monde, et surtout, elle était fatiguée de sa journée et sentait que ses jambes ne la supporterait plus très longtemps.

Nolan s'assit, faisant non de la tête :

" Je dirais qu'une bonne cure de sommeil ne te ferait pas de mal. "

Depuis qu'ils se connaissaient, il avait remarqué combien elle se donnait dans son travail, et combien l'énergie qu'elle avait semblait s'épuiser de jour en jour. Il doutait qu'elle puisse encore tenir à un rythme aussi soutenu très longtemps.

Karl se pencha en avant également, dans la même position qu'elle. Il lutta aussi pour continuer à la regarder droit dans les yeux. Il rétorqua :

" Je suis sûr que vous saurez en tirer bien plus de bénéfices que moi, et c'est pourquoi je ne changerai pas d'avis. "

Il l'avait payée au prix fort, cette usine, et il était hors de question qu'il s'assoit sur son argent, peut importait que le partenaire commercial soit important ou non. Et la jeune femme finirait par comprendre que s'il il ne descendait pas son prix, c'était parce que de nombreuses autres entreprises voyaient un potentiel dans cette petite usine perdue et étaient prêtes à payer le prix demandé.

Fallon ne remarqua pas Ian qui la suivait. Elle piocha dans un bureau les dialogues, et commença à s'affairer. C'était stupide, mais il fallait qu'elle le fasse, on ne discutait pas les ordres du metteur en scène. Elle chantonnait en faisant ses photocopies, loin d'être dérangée par l'ineptie de ce qu'on lui demandait ; elle était habituée, elle passait au dessus. 

Roy continua, souriant parce que visiblement, on avait pas pris la peine de lui parler de ça, alors qu'on l'avait fait pour lui. 

- Tu devrais être contente, ton personnage a gagné de l'importance ! La contrepartie, c'est qu'il y aura des scènes plus difficiles à tourner ~ 

Alphonse fit non de la tête, en lui souriant : 

- Je crois que c'est bon, j'ai la chance de travailler avec une maquilleuse très talentueuse ! 

Il sourit en se dirigeant vers le plateau. C'était une scène difficile à tourner, mais il avait l'habitude ; le plus difficile pour lui était plutôt de supporter la perruque et les lentilles qui le faisaient ressembler à Roy. Les prises s'enchaînaient : il tombait d'un toit, roulait, devait se rattraper, puis recommencer. Quand les vêtements s'abîmaient, on les changeait, mais on ne changeait pas les muscles de ses bras qui s'engourdissaient prise après prise, à force de devoir rester suspendu au bout de toit pendant une éternité et se hisser pour remonter. 

Lazare fut surpris de l'invitation, mais sourit, tout content. 

- Oh oui, ça me ferait très plaisir ! Je peux connaître votre prénom ~ ? 

Kayleen pouffa de rire en buvant une gorgée de son café : 

- Si seulement je pouvais ! C'est mon rêve, mais j'ai trop de travail et trop de responsabilités ... 

Il y avait sa petite soeur. Elle était avec elle la moitié du temps, et elle devait rassembler les pièces de son dossier pour espérer avoir sa garde. 

Albane sourit un peu. 

- Soit. Je vous propose un intéressement au gain de 2 % si vous me faites la ristourne que je demande. C'est un investissement, cette affaire peut vous rapporter très gros. Êtes vous assez audacieux pour tenter un tel coup de poker ? 

Elle croisa ses bras sous sa poitrine en le regardant dans les yeux avec une étincelle de malice.

Ian la suivit, silencieusement, et s'appuya doucement au chambranle de la porte en la regardant, amusé. Elle ne savait sans doute pas qu'il était là. Il finit par s'éclaircir la gorge, et balança, sur un ton moqueur : 

" Vous n'avez pas l'air atteinte par les hurlements du metteur en scène. " 

Lyse regarda Roy un moment, ne sachant pas trop si elle devait prendre la nouvelle bien ou pas. En levant les yeux au ciel, elle lâcha : 

" Bon bah accouche ! " 

Il faisait exprès de prendre son temps en ne lui disant rien. Et il savait que ça l'énervait à un point pas possible. 

Emma sourit, sans pour autant rougir. Bien sûr que ses paroles la touchait, mais d'un autre côté, elle ne voulait pas qu'il pense qu'elle était toute timide et tout le temps gênée. Finalement, elle prit place sur une chaise inconfortable qui lui était réservée, le regardant tourner la scène. Elle aurait put passer des heures à le regarder. 

Lou ne put évidemment par retenir son grand sourire ravi. Elle était contente qu'il ai accepté. Elle répondit donc à sa question, toujours avec ce grand sourire : 

"Lou ! Et vous ? "

Nolan haussa les épaules, et déclara avec un sourire : 

" Tout est une question d'organisation. "

Lui il était devenu champion de l'organisation, avec un emploi du temps réglé à la minute près. Il ne se permettait aucun retard, mais il savait que le sommeil était important, qu'il était la base de tout, et que si elle n'écoutait pas ses propos, les nerfs de la jeune femme finiraient par lâcher. 

Karl tapota un instant ses doigts sur son bureau en bois massif et finit par balancer : 

" Et si je n'y gagne rien ? Vous m'aurez roulé. Et en affaires, je déteste par dessus tout qu'on me roule. " 

Il savait certes être audacieux, mais il préférait l'être quand il ne s'agissait pas de son argent en jeu.

Fallon tourna la tête, et sourit. Elle n'était pas surprise, même si elle aurait du l'être, qu'il l'aie suivie. 

- Si je devais l'être, j'aurais déjà démissionné ! C'est comme ça que ça marche, les assistants sont les punching-ball des metteurs en scène ~ 

Pendant que la photocopieuse continuait son ouvrage, elle releva sa manche, découvrant une zone où la peau était frippée, signe d'une ancienne brûlure : 

- Je me suis fait jeter un café trop chaud. En effet, il l'était ! 

Elle rit. Elle ne voulait pas se plaindre, c'était une façon pour elle de lui faire découvrir l'autre côté du métier. 

Roy pouffa de rire avant de murmurer : 

- Une histoire d'amour avec des scènes assez chaudes ~ J'espère que ça ne te gêne pas ! Ca va être à nous, la scène d'Al est finie... 

Roy tapa dans ses mains, applaudissant. 

- Bravo tout le monde, on change de scène maintenant. 

Le metteur en scène hurla : 

- Qu'est ce que tu nous fais ! Il nous faut au moins 10 prises de plus ! 

Roy fronça les sourcils : 

- J'ai dit on change de scène. 

Le metteur en scène continua : 

- J'en ai plein le cul de tes caprices de star à la con ! 

Roy haussa les épaules. Qu'on le prenne comme on voulait, il s'en foutait de l'image qu'il renvoyait. Alphonse descendit du toit, épuisé. Ils ne se croisèrent qu'une minute, à peine, et ils se firent une accolade fraternelle. Roy murmura : 

- Enlève tout et repose toi. 

Alphonse hocha la tête. Il ne connaissait pas Roy depuis longtemps, mais la diva l'avait pris sous son aile. Roy avait bien remarqué que la prochaine fois qu'Al' tomberait du toit, il ne pourrait pas remonter tant ses muscles étaient endoloris. 
Il s'installa à côté d'Emma, soupirant de soulagement, et enleva sa perruque. Sans le maquillage, la perruque et les lentilles, il ne ressemblait pas tant que ça à Roy. Sous la perruque de cheveux blonds ni courts ni longs, il y avait ses vrais cheveux, bruns assez clairs, attachés en une queue de cheval d'une dizaine de centimètres, avec beaucoup de mèches rebelles. Il sourit à Emma : 

- La princesse Lyse va jouer, tu vas pouvoir souffler ~ 

Lazare lui sourit en répondant avec entrain : 

- Lazare ! 

Il voulait l'inviter, mais il n'avait pas les moyens. Ce qu'il avait, il devait le garder pour ses repas, même si ça le frustrait. 

Kayleen sourit en déclarant, catégorique : 

- Je suis nulle en organisation. 

Elle ajouta, en buvant son café. 

- Et j'ai une vie de famille assez compliquée ... Comment tu fais, toi, pour concilier les deux ? 

Elle n'était pas de ceux, bornés, qui pensent qu'ils peuvent tout faire et ce sans l'aide de personne. Elle ne demandait pas d'aide, mais c'est parce qu'elle n'en avait pas l'occasion ; autrement, elle l'acceptait avec plaisir. 

Albane croisa ses jambes avec un sourire. 

- C'est un coup de poker audacieux, je l'accorde. Mais avec votre capital, vous pouvez vous permettre un pari fou, de temps à autres, non ?

Ian ne put s'empêcher de sourire un peu déclarant : 

" Alors... vous devez être maso. " 

Il le fallait pour faire un job comme ça ; lui n'aurait pas été capable de prendre autant sur lui. Il fallait dire que puisse qu'il était critique, il n'avait pas l'habitude de ne pas dire ce qu'il pensait. Il était d'une franchise affolante, et surtout, il n'avait aucun tact. Ensuite il baissa les yeux sur le bras de la jeune femme et croisa les bras sur son torse : 

" Je pense que je leur aurait fait un procès pour moins que ça. " 

Lyse lâcha, en se levant : 

" C'est ce qu'on verra." 

Elle n'était pas sûre d'apprécier cette idée. D'accord, elle devait se plier aux exigences des scénaristes, mais elle ne ferait pas n'importe quoi. Elle pouffa de rire en entendant le metteur en scène râler et alla se mettre en place. 

Emma était partie un peu avant la fin de la scène pour aller chercher une bouteille d'eau pour Alphonse. Ce n'était pas son travail, mais déjà Fallon n'était pas là, et ensuite, elle aimait bien prendre soin de lui. Elle retourna s'asseoir, et il prit place à ses côtés peu de temps après. Elle lui tendit la bouteille avec un sourire adorable et déclara : 

" Elle ne m'embêtait pas, là, Roy parlait avec elle. " 

Ensuite, après quelques secondes de silence, elle demanda : 

" Tu vas bien ? Tu as l'air fatigué. " 

Lou afficha un sourire en entendant son prénom. Original. Elle les dirigea vers un parc, immense et silencieux, les mettant complètement à l'écart du brouhaha de la grande avenue. Elle poussa un soupir de soulagement en s'installant sur l'herbe fraîche et déclara : 

" Si tu veux, après, j'irais nous chercher à manger. " 

Enfin, elle n'avait pas particulièrement faim, mais elle se prendrait un truc sucré, ça passerait sans doute tout seul. 

Nolan sourit en répondant à sa question : 

" Déjà, je n'ai pas de vie de famille à concilier avec le travail... Mais je peux t'aider à te faire un planning. " 

Il vivait seul dans un bel appartement. Après tout, il gagnait quand même pas trop mal sa vie, et il l'avait eu à un prix correct. Sinon, il n'avait personne d'autre à s'occuper que lui même, et il trouvait déjà que c'était bien assez. 

Karl fronça légèrement les sourcils, poussant un petit soupir, signe qu'il commençait à fléchir. Il déclara : 

" Je ne baisserai pas le prix de plus de 8%, c'est bien clair ?" 

Fallon pouffa en haussant les épaules, changeant la page de la photocopieuse. 

- Je ne suis pas maso, j'aime le cinéma, tout comme l'écriture. Et c'est le seul moyen pour moi d'accéder à un milieu qui me passionne, alors je fais avec ! 

Elle le regarda, s'appuyant contre le mur, avec un sourire malicieux : 

- Vous n'avez pas vous-même démarré en bas de l'échelle, avant que le monde entier se mette à vous lécher les bottes ? 

Elle était cash, ça on pouvait le dire. 

Roy alla lui aussi se mettre en place. Insupportable et incompréhensible diva en temps normal, il était métamorphosé devant les caméras ; d'une telle façon qu'on ne pouvait pas se l'imaginer sans avoir joué à ses côtés. Aucune prise n'était raté, sinon il le savait dés la première seconde de dérapage, et il faisait recommencer tout le monde immédiatement ; ce qui faisait en réalité gagner un temps considérable. Il fit recommencer deux fois la prise, donnant des conseils à Lyse pour sa position ; certes elle jouait bien, mais elle n'avait pas toute son expérience, qui était bien utile. Cela dit, il l'admirait pour son talent naturel. 

Alphonse leva les yeux sur Emma, comme si c'était la réincarnation de Dieu en personne. 

- Merci Emma, tu es un ange ! 

Il descendit la bouteille d'une traîte. Le metteur en scène ne faisait pas de pauses entre les prises pour lui laisser le temps de se désaltérer. Il fronça les sourcils quand Emma prit la défense de Lyse : 

- Ne sois pas aussi gentille avec elle... Elle est infernale avec toi. 

Il mit un moment avant de répondre à sa dernière question, parce que lui avait du mal à évaluer son propre niveau de fatigue. 

- Un peu, mais ça va aller. Roy les a arrêté avant que les crampes deviennent vraiment dangereuses. 


Lazare s'allongea à côté d'elle, avant de sourire en déclarant : 

- On ira tous les deux, et c'est moi qui t'invite. 

Trop tard, il avait décidé ; et c'était une vraie tête de mule. Son chaton, une petite boule de poils blanche et rousse, sortit de son sac pour venir se poser sur son ventre. 

Kayleen hocha la tête, avec un sourire reconnaissant : 

- Je ne dis pas non, ce serait gentil ... J'avoue que je me trouve difficilement plus de 4 heures pour dormir ... 

Elle, elle avait sa petite soeur ; tant qu'elle n'en avait pas la garde complète, elle faisait tout ce qu'il fallait pour l'obtenir, et se battait pour l'avoir le plus souvent possible. 

Albane le regarda dans les yeux avec un sourire plus qu'adorable. Bizarrement, alors qu'elle avait en horreur tous les types comme lui, elle aimait passer du temps avec Karl. Elle tenta : 

- 9 % et je vous invite à boire un verre ? 

En vérité, le verre l'intéressait un peu plus que le prix.

Ian haussa les épaules puis demanda : 

" Vous travaillez depuis longtemps en tant qu'assistante ? " 

Elle avait quand même l'air de bien savoir gérer les différentes demandes du metteur en scène, donc il se doutait qu'elle n'était pas toute nouvelle. Il espérait pour elle qu'elle ne veuille pas faire ça toute sa vie, car même si le metteur en scène était un vrai con, il y en avait de bien pires sur lesquels elle pourrait tomber et qui ne lui feraient pas de cadeaux. Il afficha un air amusé en entendant sa question, puis il rétorqua : 

" Je dois avouer que j'ai travaillé une année ou deux à écrire des articles plus ennuyeux les uns que les autres. Et puis, un jour, je me suis dit que j'avais envie d'inverser la donne, et voilà où j'en suis. " 

Il était fier de ce qu'il était devenu. Il était redouté, et surtout redoutable, mais il était aussi admiré. Il avait une certaine notoriété, les gens prenaient en compte son avis... Sa période de petit journaliste écrivant un article sur le festival du village d'à côté lui semblait vraiment très lointaine. 

Lyse levait les yeux chaque fois que Roy la reprenait. Certes, il faisait un bon maître d'école, elle apprenait mieux avec lui qu'avec n'importe qui d'autre, mais elle ne l'aurait jamais avoué. Au moins, elle était contente parce que les scènes étaient rapides à tourner, et qu'il ne fallait pas s'y reprendre à 10 fois. 

Emma haussa les épaules quand il déclara que Lyse était infernale. Elle déclara : 

" Ce n'est pas grave. " 

Après tout, ils faisaient tous des caprices dans ce milieu, et ils traitaient tous plus moins mal les personnes qui étaient à leur botte. C'était le métier qui voulait ça. Finalement, elle conseilla : 

" Tu devrais quand même te reposer un peu. " 

Lou resta assise, le regardant donc de plus haut. Elle fit non de la tête lorsqu'il déclara que c'était lui qui invitait. 

" Non, c'est hors de question. " 

Elle regarda le chaton avec un sourire attendri. Elle n'en revenait pas qu'il le balade partout comme ça, mais elle se doutait qu'il devait être une compagnie précieuse pour Lazare. 

Nolan s'étira puis lâcha, avec un grand sourire : 

" Tu penses beaucoup trop aux autres. " 

Elle ne comptait jamais ses heures, travaillait sans relâche, et même si il ne savait pas ce qu'il se tramait dans sa vie privée, il se doutait que ça ne devait pas être très facile. 

Karl sembla d'abord un peu surpris, mais il afficha finalement un léger sourire. Si elle croyait que juste parce qu'elle était mignonne elle pouvait le mettre dans sa poche, elle rêvait. Il passa une main dans ses cheveux d'un brun presque noir, et déclara : 

" 8% et c'est moi qui paye." 

Fallon hocha la tête, avant de répondre à la question : 

- Trois ans, depuis la fin de mes études. 

Elle l'écouta ensuite, et sourit en déclarant : 

- Mais vous avez du talent. J'ai lu quelques articles de vos débuts, et vous arriviez à rendre intéressants les sujets qui l'étaient le moins. 

La scène fut tournée en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. Le metteur en scène réclama une prise de plus, ce que Roy refusa : 

- Hors de question, le soleil se couche. Je refuse d'apparaître dans un film bourré de faux raccords tout ça parce que le metteur en scène est aveugle. 

Il lui servit son sourire arrogant plus qu'insupportable, surtout compte tenu de ce qu'il venait de dire. Mais il avait raison et à ce titre, le metteur en scène ne répliqua même pas. Il tourna la tête vers Lyse et lui fit un clin d'oeil. 

- Bon travail, princesse. 

Alphonse sourit quand Roy déclara que c'était fini. Il s'étira : 

- ça y est, c'est la fin de la journée ! Je ne peux pas aller me reposer tout de suite, il y a d'abord une demi-heure de jogging et les étirements. 

Il se demandait si Emma aimait le jogging ; il en doutait. Enfin, elle était surprenante, alors il osa demander : 

- Dis ... ça te dirait, un de ces jours, de venir courir avec moi ? 

Lazare fronça les sourcils : 

- Si, pour une fois ! Je ne veux pas que ce soit tout le temps toi qui paye, sinon c'est pas juste ! 

Il n'aimait pas la pitié, même s'il savait que Lou ne le voyait pas de cet oeil. Il caressa le chaton qui s'étira en ronronnant. 

Kayleen pouffa de rire. 

- Toi aussi, sinon on ne ferait pas ce métier. Et puis, tu viens toujours aider alors que ça ne fait pas partie de ton travail. Monsieur est mal placé pour parler ~ 

Albane sembla satisfaite de la répartie du chef d'entreprise, et étant donné qu'elle avait eu ce qu'elle voulait, elle tendit la main avec un fin sourire. 

- C'est d'accord.

Ian hocha la tête. Trois ans, c'était long quand même. Mais bon, si ça lui plaisait réellement, il n'avait rien à dire. Chacun choisissait dans quelle voie il voulait travailler. Il sourit en entendant les compliments. ça lui faisait plaisir, même si il savait que ces articles n'avaient rien de fameux. Il répondit : 

" C'est gentil, merci." 

Lyse leva les yeux au ciel quand Roy envoya balader le metteur en scène. C'était vraiment du Roy tout craché. Elle lui lança, en dénouant ses cheveux : 

" Si tu continues comme ça, tu vas faire l'acteur et le metteur en scène, hein. " 

Ensuite, quand il la félicita, elle se contenta d'afficher un sourire suffisant. Bien sûr, elle était flattée qu'il la complimente, mais elle, elle ne comptait pas le complimenter en retour, il savait déjà parfaitement ce qu'il valait.

Emma fit la moue en regardant Alphonse. Elle n'avait pas franchement de souffle, et elle était très loin d'être sportive, mais elle avait envie de passer du temps avec lui. Elle hocha la tête : 

" Oui, ça me ferait plaisir. Mais je te préviens, je suis pas sportive du tout. " 

Lou leva les yeux au ciel avec un léger sourire, déclarant : 

" Bon, d'accord, si tu veux. " 

Elle n'était pas franchement pour cette idée, elle savait qu'il avait du mal à gagner l'argent qu'il avait et elle ne voulait pas qu'il le dépense pour elle. 

Nolan sourit et lâcha : 

" Mon boulot est moins prenant que le tien. Et puis, je te signale que j'ai une tête reposée comparé à toi. "

Il lui fit un clin d'oeil. Certes, il avait des journées chargées, mais il prenait encore le temps de dormir. 

Karl serra la main de la jeune femme en lâchant : 

" Marché conclu. " 

Il n'avait pas eu tout ce qu'il voulait, mais il avait obtenu un verre avec Albane, ce qui lui faisait bien plaisir, au final.

Fallon ajouta, en faisait de nouvelles photocopies : 

- Et je ne dis pas ça pour vous faire plaisir. Je ne suis pas lèche bottes. 

Elle trouvait ça important de le préciser. Elle lui fit un clin d'oeil avec un sourire malicieux. 

Roy fourra ses mains dans ses poches, haussant les épaules : 

- Je sais, mais je ne joue pas dans des navets. Et je vais pas laisser un de mes films devenir un navet parce que le metteur en scène est un manche ; ça ferait tâche dans mon CV ~ 

Alphonse sourit, ravi qu'elle accepte, et épaté d'avoir réussi à le lui demander. Il trouvait des excuses pour la voir dans le cadre du travail, mais en dehors de ça, il n'était pas vraiment audacieux. 

- ça ne fait rien, on ne s'entraîne pas pour un marathon ! 

Kayleen sourit en rétorquant : 

- Mais c'est ma tête normale, c'est pas de la faute de mon job si j'ai cette tronche de déterrée ! On peut pas tous naître avec un physique avantageux comme le tien ~ 

Albane prit un stylo sur le bureau, et au dos d'une feuille (qui était peut être importante, elle n'en savait rien) elle écrivit son numéro de portable privé, avant de se lever. 

- Vous n'avez pas intérêt d'oublier ~ 

Elle lui lança un sourire de femme fatale avant de quitter son bureau.

Ian la regarda faire, regardant les feuilles qui sortaient de l'imprimante avec un air absorbé : 

" Je m'en doute. " 

Elle n'avait rien d'une lèche botte, il s'en était douté dès qu'il l'avait vue. 

Lyse leva les yeux au ciel en se dirigeant vers la machine à café ; elle lui lança sans même le regarder : 

" Excusez moi, monsieur la star hollywoodienne. " 

Une fois qu'elle eut récupéré son café, elle attrapa sa veste et se dirigea vers sa loge. De toute façon, la journée était finie, elle pouvait bien faire ce qu'elle voulait maintenant. 

Emma sourit : 

" Heureusement pour toi, car sinon je serai carrément handicapante. "

Après un instant, elle farfouilla dans son sac et lui tendit une lingette démaquillante en déclarant : 

" Tu devrais enlever le maquillage, tu en as plus besoin, et il risque de finir par faire des tâches sur les vêtements. " 

Et elle savait combien les costumières avaient du mal à récupérer certaines tâches. 

Nolan rit, et lança : 

" Bien sûr que si c'est de la faute de ton job ! Et mon physique n'est pas avantageux. " 

Il eut même l'air un peu timide quand elle avait dit ça, car il n'était pas toujours à l'aise avec les compliments qu'on pouvait lui faire. 

Karl la laissa partir sans rien ajouter, glissant la feuille avec précaution dans un des tiroirs de son bureau. Il ne savait pas si elle avait vraiment envie de le revoir où si c'était juste une ruse pour qu'il baisse son prix. Il espérait qu'elle ne se soit pas servit de lui.

Fallon le regarda un moment, se retenant pour ne pas rire. 

- Vous avez l'air d'adorer la photocopieuse ... vous devriez prendre ma place, on m'y envoie toujours pour des raisons débiles ! 

Roy la rattrapa au vol, avant sa loge. 

- Hey, je disais pas ça pour me vanter ... Enfin, ça te dirait d'aller manger un bout en ville, ce soir ? 

Alphonse prit la lingette, il serait plus à l'aise sans tout ce fond de teint ... Il était plus bronzé que Roy, et sans le maquillage, il avait le visage assez anguleux, un visage de dur à cuire, viril, qui contrastait un peu avec son caractère plutôt timide. Il donna son numéro à Emma, avec un sourire : 

- Tu me diras quel jour tu peux, hein ? 

Il ne voulait pas la presser, mais il ne voulait pas non plus qu'elle oublie. Lui, il fallait qu'il aille faire son jogging quotidien car ça faisait partie de ses entraînements. 

Lazare sourit à Lou et se leva d'un bond, ce dont le chat avait visiblement l'habitude car il ronronna en se retrouvant dans les bras de Lazare. Il tendit la main à Lou avec un grand sourire : 

- Viens, je t'invite à grignoter un morceau ~ 

Kayleen sourit en objetant : 

- Bien sur que si ! Et moi je suis née fatiguée, de toute manière ~ 

Elle joua avec sa touillette de café avec un petit sourire, ça lui faisait bizarre d'être aussi franche mais d'un côté, elle aimait bien. 

Albane remonta dans sa tour, où elle finit la journée péniblement ; elle était infernale, elle n'avait pas envie de faire de la paperasse, et elle finit par quitter son bureau un peu avant 20h, la tête dans les nuages, son regard se perdant sur les hauteurs de la tour en face de la sienne.

Ian pouffa de rire, assez discrètement en faisant non de la tête : 

" Non, merci, ça ira, je passe mon tour. " 

Il n'avait pas plus envie que ça de prendre sa place.

Lyse jaugea un instant Roy, se demandant si il plaisantait ou pas. Visiblement, ce n'était pas le cas, alors elle sourit et enfila sa veste, déclarant : 

" Avec plaisir, oui." 

Emma prit le numéro, contente et surprise à la fois. Ils se voyaient tous les jours, alors il aurait pu le lui rappeler à l'occasion. Elle sourit, et déclara : 

" On fait ça. Désolée de t'avoir retenu... " 

Elle savait qu'il n'avait pas que ça à faire, que sa condition physique s'entretenait, mais elle n'aimait pas qu'il parte. Après, elle se retrouvait toute seule à ranger le plateau correctement avec les assistants et les stylistes pour le lendemain. 

Nolan rétorqua rapidement : 

" ça se soigne je suppose, non ? ~" 

Il pensait qu'elle pouvait être encore plus jolie si elle était reposée.

Karl passa sa journée le nez dans ses papiers. En début de soirée, alors qu'il allait se chercher de quoi grignoter, il attrapa son portable et sortit le bout de papier et tapota : 

" Ce soir ? " 

Fallon lui donna un petit coup de coude dans les côtes. 

- C'est ça, foutez vous de moi ! 

Elle prit son tas de dialogues et les remit à leur commanditaire, qui les lui jeta à la figure en disant qu'il aurait été plus vite à les recopier lui même, qu'elle était bien trop lente et que des assistantes comme elle il pouvait s'en trouver 1000 qui en plus coucheraient avec lui pour le même prix. 

Roy afficha un immense sourire. 

- J'ai bien cru que tu allais m'envoyer me faire foutre ~ 

Il pouffa de rire : 

- On m'a jamais autant envoyé sur les roses que depuis que je te connais ! 

Il l'emmena avec lui, il connaissait un resto bien pas loin. 

Alphonse fit non de la tête. 

- Tu ne m'as pas retenu. Tu veux un coup de main pour tout ranger ? Je peux très bien le faire en courant, vu les distances qu'il y a des fois ~ J'ai peur que tu ne termines trop tard sinon. 

Il ne voulait pas la coller, mais il savait que lorsque les acteurs s'en allaient, la journée n'était pas finie pour tout le monde. 

Kayleen pouffa de rire : 

- Tu parles de chirurgie esthétique ? 

Elle supposait qu'il ne parlait pas de ça, mais il était tellement maladroit que sa façon de s'embourber était mignonne. 

Albane sauta sur place, mais mit moins d'entrain dans son message pour ne pas laisser transparaître qu'elle l'avait attendu toute l'après-midi. 

- Pourquoi pas. Où ça ?

Ian afficha un air angélique et emboîta le pas de la jeune femme. Il la suivit à la trace, et finalement, quand il entendit comment on parlait à Fallon, il s'éclaircit la gorge et planta son regard troublant et froid, avec un air réprobateur. Immédiatement, la jeune femme eut droit à des excuses, et il afficha un air satisfait. 

Lyse pouffa de rire en lâchant : 

" Sincèrement, j'ai hésité. Mais j'ai tellement faim que j'irais n'importe où avec toi ! "

Elle aimait vraiment le chercher, il le prenait bien, il savait qu'elle plaisantait, et c'était pour ça qu'elle continuait. Elle ajouta : 

" Il va falloir t'y faire, Monsieur la star." 

Emma avait déjà commencé à rassembler ses affaires, pensant qu'il allai s'en aller rapidement. Elle fut tentée d'accepter son aide, mais elle fit non de la tête : 

" Ne t'en fais pas, on va se débrouiller. ça ne prendra pas bien longtemps. " 

Nolan fit non de la tête en fronçant légèrement les sourcils : 

" Bien sûr que non. Tu serais plus jolie si tu paraissais... moins...fatiguée... Tu l'es déjà hein..." 

Il se frotta la nuque, mal à l'aise. 

Karl sourit, content qu'elle réponde aussi rapidement. Alors qu'il s'enfilait des chips, il répondit : 

" Le bar en bas de l'avenue ? " 

C'était le plus proche de son travail, et il se disait qu'elle n'avait peut être pas encore quitté.

Lorsque le metteur en scène s'en alla, Fallon regarda Ian, choquée. 

- Ouah ! On ne m'avait jamais fait ... D'excuses ... Merci ! 

Elle se retenait de lui sauter au cou, mais son sourire en disait long. 

Roy pouffa de rire, en l'emmenant dans un resto route un peu vieux. Il s'assit à une table à part : 

- Tu vas voir, c'est trop bon, ici ! 

Alphonse hocha la tête et l'embrassa sur le front, avant de s'ecclipser. Dés qu'il fut hors de vue, il se mit à courir. 


Kayleen rit et, sans s'en rendre compte, elle mit sa main sur celle de Nolan. 

- T'en fais pas, j'avais compris. C'est gentil. 

Albane cria un "ouaaais" dans son bureau, et répondit sobrement : 

- Ok, dans un quart d'heure.

Ian haussa les épaules, suivant du regard le metteur en scène qui s'éloignait, jusqu'à ce qu'il ne soit plus visible. Il déclara : 

" Il n'a pas à te traiter comme ça. Ni toi, ni aucune autre personne. " 

Avec tout ce qu'elle faisait pour lui, il lui devait un minimum de gratitude. 

Lyse sourit en s'installant, passant ses cheveux bruns aux reflets presque dorés, sur son épaule. Elle demanda : 

" Tu viens souvent ici ? "

Heureusement qu'Alphonse était partit, car Emma avait viré au rouge vif. Elle récupéra toutes ses affaires, et installa le plus gros sac sur son épaule, pour aller aider les autres à remettre les choses à plat. 

Nolan sourit, mais baissa lentement les yeux sur la main de Kayleen, son regard interrogeant la jeune femme. Il n'avait pas trop l'habitude à ce qu'on soit tactile avec lui. 

Karl ne répondit pas à son message et commença à rassembler ses affaires, glissant quelques dossiers dans sa mallette, même si il n'était pas sûr de travailler dessus ce soir. Ensuite, il se dirigea tranquillement vers le bar en question.

Fallon haussa les épaules. 

- Avec le temps, on s'habitue presque ... En tout cas, je vous remercie. 

Roy hocha la tête avec un sourire. 

- Au moins, ici, tout le monde me connait et personne ne devient hystérique quand je rentre ! C'est le restaurant de mon oncle ~ 

Une serveuse vint directement le saluer, et prendre sa commande. Le service était très rapide, mais pas parce qu'il était connu, mais parce que c'était le neveu du patron. 

Kayleen regarda sa main, vira au rouge vite et l'enleva rapidement. 

- Excuse-moi, je suis très tactile ... 

Elle était habituée, avec sa petite soeur. 

Albane arriva un quart d'heure après, à peu près àl'heure. Elle avait délaissé son tailleur pour un slim très moulant qui la mettait diablement en valeur, avec un débardeur décolleté bleu turquoise. Ses cheveux étaient détachés, une véritable crinière ondulée chatain foncée. Elle était belle, c'était vraiment le genre de femme à l'aise avec son corps, sûre d'elle sans être prétentieuse.

Ian fit non de la tête : 

" Il ne faut pas s'habituer à ces choses là. Le respect c'est fondamental. " 

Certes, lui même savait se montrer désagréable, exigeant, râleur et parfois même prétentieux, mais il ne s'amusait jamais à manquer de respect au petit personnel sous prétexte qu'ils avaient trop besoin de leur job pour se révolter. 

Lyse sourit un peu. C'était sûr que dans un restaurant plus ordinaire, ils se seraient retrouvés entourés de groupies hystériques avant même qu'ils n'aient put rentrer dans le restaurant. Elle croisa ses jambes en déclarant : 

" C'est sympathique. " 


Elle commanda la même chose que lui, elle avait vraiment faim. 

Nolan sembla retrouver sa contenance quand elle enleva sa main. Il n'était plus du tout à l'aise avec ce genre de contact depuis très longtemps. Sa mère était la seule qui pouvait encore ne serait-ce que le serrer dans ses bras sans qu'il soit mal à l'aise. 

" Il n'y a pas de mal, t'inquiète pas. " 

Karl attendait devant le bar. Lui n'avait pas franchement eu le temps de se changer, il avait juste abandonné sa veste de costume et sa cravate ainsi que sa mallette qu'il avait laissés dans le coffre de sa voiture. Il sourit en voyant la jeune femme arriver, et se retint de la détailler du regard autant qu'il l'avait fait lors de leur rendez vous.

Fallon sourit. 

- C'est vrai. On a tendance à l'oublier, dans ce métier ... 

Elle regarda Ian un long moment. Il était droit, intègre, pas du tout le genre de personne qu'on s'imaginait. ça lui plaisait bien, ce contraste entre l'image qu'il renvoyait et ce qu'il était vraiment. 

Roy sourit. 

- Tu vas voir, c'est aussi super bon ! Bon, c'est pas ce qu'il y a de plus diéthétique mais ça rassasie. 

Il la regarda, en appuyant sa tête dans la paume de sa main ; Lyse n'avait pas l'air d'être le genre de fille à ne manger que de la salade bio. 

Kayleen le regarda avec un petit sourire ; elle se sentait un peu bête, mais ce n'était pas grave. Elle se leva et déclara : 

- ça m'a fait plaisir de te parler, il faudra vraiment que tu m'aides à gérer mon rythme. Je te dis à demain ! 

Elle lui fit un bisou sur la joue, totalement innocent, c'était de cette façon qu'elle saluait ses amis quand elle s'en allait. 

Albane lui fit un clin d'oeil, remarquant qu'il se comportait mieux que quand il négociait des contrats. C'était presque dommage, son attitude habituelle ne lui déplaisait pas. 

- Bonsoir, Karl ~ Alors comme ça, tu es moins pervers en dehors de ton bureau ? 

Elle lui fit un clin d'oeil. Il n'y avait aucun doute que la négociation de contrat, ce n'était pas ce qui l'avait ammenée dans ce bar.

Ian remarqua qu'elle semblait le fixer en réfléchissant. Il fit la moue en demandant : 

" Il y a un problème ? " 

Il n'aimait pas trop qu'on le fixe comme ça, il se demandait toujours si c'était parce qu'il avait un truc affreux sur la tête. 

Lyse haussa les épaules, ce qui fit glisser des mèches de cheveux dans son dos, et déclara :

" Ce n'est pas très grave. " 

Elle n'avait pas pour habitude de faire attention à ce qu'elle mangeait, mais en contrepartie elle faisait un peu de sport, pour garder la ligne.

Nolan hocha la tête, signe qu'il était d'accord pour l'aider à se faire un emploi du temps. Il essaya de ne pas montrer sa gêne quand elle l'embrassa sur le joue, et déclara : 

" Oui, à demain, sans doute. " 

Après tout, ils avaient des blessés tous les jours. 

Karl leva les yeux au ciel et se pencha pour lui murmurer : 

" Non, plus encore. Mais je fais un effort quand je suis dans la rue. " 

Après tout, il pouvait se montrer aussi pervers qu'il le voulait quand il se retrouvait en tête à tête avec une jeune femme, mais il tenait à son image quand il était en public. Il entra dans le bar et s'installa un peu à part, pour qu'ils puissent s'entendre parler.

Fallon fit non de la tête en souriant. 

- Aucun, au contraire. 

En gardant le sourire, et sans en avoir l'air, elle continuait sa journée : quand un acteur passait près d'elle et avait besoin de quelque chose, ou d'un renseignement, elle répondait à la demande, avant que son regard se fixe à nouveau sur Ian. 

Roy remercia la serveuse quand les plats arrivèrent, avant de sourire à Lyse : 

- Bon appétit, princesse ! 

Il avait pris l'habitude de la surnommer comme ça, et si au départ c'était pour la charrier, maintenant ce n'était plus du tout le cas. 

Albane rit et le suivit. Elle s'installa à la table qu'il avait choisie et s'y accouda ; finalement, contrairement à ce qu'il pouvait penser, elle ne faisait pas ça pour manipuler les hommes en négociations, c'était juste une habitude.

Ian lui, continuait aussi sa journée, même si on aurait dit le contraire. Il analysait le comportement du personnel, du metteur en scène, admirait les décors... Il prenait des notes sans avoir le besoin de les écrire.

Lyse lui sourit en retour, déclarant :

" Merci, toi aussi !"

Même si elle avait mauvais caractère, il fallait avouer qu'elle savait être aussi adorable et douce avec ceux qu'elle aimait bien. Par exemple, elle prenait plaisir à embêtait Roy, plus pour lui prouver qu'elle tenait un peu à lui plutôt que pour être méchante gratuitement. Au bout d'un moment, elle piocha dans l'assiette du jeune homme, même si ils avaient le même plat, et déclara :

" C'est toujours meilleur chez les autres. "

Elle avait toujours fait ça, aussi loin qu'elle se souvenait, et peut importe avec quelle personne elle mangeait.

En attendant qu'une serveuse se libèrent pour prendre leur commande, il se laissa aller contre le dossier de sa chaise, et demanda, avec un sourire en coin :

" Alors, ce rendez vous c'était juste pour m'amadouer ? "

Il haussa un sourcil, avec un air moqueur. Elle pouvait lui dire que c'était le cas, il ne lui en voudrait pas, il continuerait de profiter de sa soirée.

Au bout d'un moment, Fallon se risqua à demander : 

- Est ce que vous enregistrez tout ce que vous voyez, sans avoir besoin de trace écrite ? C'est l'impression que vous donnez, c'est ... aussi troublant qu'impressionnant. 

Elle lui sourit. 

Roy rit et échangèrent leurs assiettes. 

- Je teste ton raisonnement ! 

Il lui piqua un bout de viande alors que lui avait fini la sienne et rit. 

- T'as raison, c'est beaucoup mieux ! 

Il rééchangea leurs assiettes avec un clin d'oeil, pour ne pas l'arnaquer. 

Albane rit en entendant la question de Karl. Elle lui répondit en le regardant droit dans les yeux, avec son sourire en coin de prédatrice : 

- Tu me prends pour une idiote ? Si ça avait été le cas, j'aurais mis une jupe très courte ~ 

Elle lui fit un clin d'oeil enjoleur. Non, elle était là pour s'amuser, pour découvrir Karl sous un autre angle. Elle savait que lui aussi était un requin, comme elle ; elle se demandait si hors du cadre professionnel, il lui ressemblait autant.

Ian posa lentement son regard sur Fallon et lui sourit. Elle l'analysait vraiment beaucoup. Il lui répondit avec un sourire :

" Je n'ai pas besoin d'écrire, je retiens facilement les choses que je vois, c'est pratique. " 

Il haussa les épaules, c'était devenu naturel pour lui alors il ne voyait pas pourquoi elle paraissait impressionnée. 

Lyse lui lança un regard amusé, sans râler parce qu'il piquait dans son assiette. C'était rare, qu'elle ne râle pas. 

Karl garda son regard acier planté dans le sien, le même sourire qu'elle sur les lèvres. Il rétorqua en feignant d'être déçu : 

" Dommage, j'aurais bien voulu voir cette jupe. " 

Il finit par se commander un gin tonic, et interrogea Albane du regard pour savoir ce qu'elle voulait boire.

Fallon sourit en se demandant si elle pouvait faire de même : la réponse était non.

- Ce n'est pas commun ; ça doit être bien, quand même ! 

Elle se disait qu'avec une mémoire pareille, elle serait sans doute plus haut qu'elle ne l'était. Elle sourit en remarquant : 

- C'est amusant pour quelqu'un qui écrit, de ne pas avoir besoin d'écrire pour mémoriser. 

Elle ne pouvait pas dire qu'il était écrivain, pourtant elle trouvait son talent comparable à celui de certains. 

Roy appuya sa tête dans ses paumes et la regarda avec un sourire adorable : 

- Parle moi de toi. 

C'était le genre de moment que toutes les adolescentes qui bavaient devant ses films rêvaient  de passer avec lui ; sauf qu'il était avec Lyse et qu'il n'était pas en train de jouer. 

Albane rit et commanda un mojito. Elle le regarda avec une étincelle de malice et rétorqua : 

- Ah oui ? Tu verrais ce qu'il y a en dessous ... ~ 

Elle pouffa de rire avant de le regarder. 

- Alors, qu'est ce qu'un grand patron comme toi fait de ses soirées ?