Sortie surprise [PV Sunny ~]

Il faisait chaud. Une chaleur d'hiver, certes, mais cela suffisait à Caleb pour être en T-shirt.
Il marchait depuis longtemps maintenant, Satoko ayant insisté pour qu'ils sortent. Selon elle, "ça sentait le renfermé dans sa tête".
Il lui avait cédé, comme d'habitude. De toute façon, refuser quelque chose à sa grande soeur était pour lui aussi facile que de traverser l'Atlantique à la nage. Même athlétique, il aurait été étonné de réussir.

Caleb regardait ses pieds en marchant, à côté de ceux de sa soeur. Il était étonné qu'elle tienne aussi bien, avec ses petites chaussures qui avaient l'air inconfortables, pourtant elle ne montrait aucun signe de douleur ou de fatigue, bien qu'il lui imposait un rythme de marche très soutenu puisqu'il n'aimait pas se traîner.
Satoko affichait un sourire éclatant, elle regardait son frère même si elle était un peu trop petite, il faisait largement une tête de plus qu'elle, même avec ses talons.

Elle contrastait magnifiquement avec son frère : Le regard baissé pour éviter les remarques, l'air maussade et les mains dans les poches ... Il n'avait pas l'air de bonne humeur. Ça faisait une semaine qu'il pensait à ce qu'il devait faire avec Annelyse. Une fois, sa conclusion était de rester faux. D'autres, c'était d'être lui même. A la fin, il en devenait fou. Il avait l'impression que son cerveau jouait une interminable partie de tennis digne de Roland Garros pour déterminer ce qu'il devait faire. ça l'énervait.

Il releva un peu la tête, regardant les boutiques autour de lui. Il était bientôt midi, il avait faim.

Annelyse s'était assise à une table, poussée par Gaëlle qui essayait de lui transmettre un peu de bonne humeur. Ces derniers temps, la jeune femme restait terrée dans sa chambre, pas qu'elle aimait ça, mais elle avait trop peur de croiser Caleb, et d'un autre côté, elle voulait le revoir. Gaëlle l'avait contrainte à sortir, et à manger un morceau avec elle, sans grande conviction, elle s'était laissée entrainée. Il faisait bon dehors selon son amie, alors Annelyse avait enfilé un jean et un petit pull, sans veste et une paire de chaussures qui étaient encore estivales habillaient ses pieds. Gaëlle releva la tête de la carte, foudroyant la blonde du regard pour qu'elle se décide à choisir. Cela faisait bien dix bonnes minutes qu'elles étaient là et pas un son n'était sortit de la bouche de la jeune femme. Le regard de Gaëlle divagua sur la rue et alors qu'elle levait les yeux, elle crût apercevoir un visage qui lui était familier. Cette personne qu'elle semblait connaître s'approchait d'elles à grand pas et elle put enfin se rendre compte que c'était Satoko, accompagnée d'un homme grand et qui semblait ravi d'être là. Elle se leva pour aller la saluer alors qu'elle était à deux pas de sa table. Elle sourit en se plantant devant elle.

Annelyse la suivit du regard et quand elle aperçut Caleb, elle tourna la tête vivement en se ratatinant sur sa chaise, soudainement absorbée par la carte du restaurant. Pourquoi elle l'avait accompagnée, pourquoi ?

Satoko fit un grand sourire à Gaëlle. Une tête familière ! Elle s'arrêta et fit la bise à la jeune fille. Sans relever la tête de ses pieds, Caleb ronchonna :

- Satoko, on est à l'arrêt là.

Sa soeur le regarda, indignée.

- Si môôssieur l'ermite de la forêt des lutins veut bien me faire le plaisir d'arrêter de raler, je lui en serais reconnaissante.

Il se tut. Répliquer à ça ne servait à rien ... Il ne releva pas la tête, ne prit même pas la peine de regarder l'amie de sa soeur, se contentant de sortir une pièce de sa poche et de jouer avec.
Satoko soupira, et adressa un petit sourire gêné à Gaëlle :

- Excuse le ....

Le ventre de Caleb gargouilla et il murmura :

- Je veux une crêpe. Mais j'ai aussi envie de rentrer.

Trop d'air pur, ça ne lui réussissait pas, il n'était pas habitué. ça ne lui disait rien de rester, mais à voir sa soeur échanger des banalités avec la jeune fille, il se douta qu'il en avait pour un moment.

Gaëlle sourit un peu en regardant brièvement Caleb. Elle fixa un instant Satoko puis avec une moue adorable, elle reprit le chemin de la table :

" Vous n'avez qu'à manger avec nous, on a deux chaises de libres.. "

Annelyse releva la tête vivement et foudroya son amie du regard, hochant lentement la tête de droite à gauche pour lui signifier que c'était une mauvaise idée, très mauvaise même. Elle se ratatina encore plus sur sa chaise, si elle avait pût se glisser sous la table, elle l'aurait fait sans problème. Mais Gaëlle l'ignora, se contenta de lui faire signe de se lever et d'afficher une tête meilleure que ça. Et comme à son habitude, la blonde obtempéra : elle se leva mais ne sourit pas, elle fixait ses pieds.

" Satoko, je te présente Annelyse, Annelyse, je te présente Satoko. "

Voyant l'air complètement indifférent de son amie, elle fixa Satoko en bafouillant des excuses. Et Annelyse se rassit, toisant Caleb du regard avant de reporter son intérêt sur la carte.

Caleb ne se rendit même pas compte que c'était Annelyse. Il n'avait pas fait le rapprochement, pourtant le prénom n'était pas commun. Mais il n'avait pas écouté ce que Gaëlle avait dit, il n'était pas en mode "sociable". Il s'assit sur une chaise, celle en face d'Annelyse et ferma les yeux immédiatement. Cachée derrière son menu, il ne l'avait pas vue. Il se balança sur sa chaise, en rejetant sa tête vers l'arrière, les yeux fermés.
Satoko sourit à Gaëlle.

- Merci beaucoup.

Puis elle adressa un sourire très aimable à Annelyse. Elle ressemblait à son frère, à part la couleur des cheveux, c'était son portrait tout craché.

- Enchantée !

Elle s'assit élégamment en face de Gaëlle, continuant à lui parler de tout et de rien. A un moment, elle tourna la tête vers son frère et lui demanda sèchement :

- Ne te balance pas sur ta chaise.

Il émit un soupire exagéré, sans pour autant arrêter. Il ne fallait pas abuser, bientôt elle lui demanderait d'arrêter de respirer.

Annelyse eut un sourire figé en regardant Satoko. D'ordinaire gentille et plaisante, là elle avait juste envie de faire la gueule. Ce qu'elle faisait. Cependant, le regard glacial de Gaëlle lui signifia que si elle ne se montrait pas un peu plus sociale, elle allait passer un sale quart d'heure. Donc, elle répondit à Satoko, la mâchoire serrée :

" De même. "

Ensuite son regard se figea sur Caleb. Elle avait envie de tirer sur sa chaise et de le faire tomber mais elle se contenta de le regarder en haussant un sourcil. Gaëlle sourit à la soeur de Caleb avant de regarder Annelyse :

" Tu prends quoi ? "

Instantanément, la réponse de la blonde se fit entendre. Elle referma sa carte sur un claquement sec et croisa les bras sur sa poitrine, bien décidée à bouder comme une gamine.

" Rien. "

S'en suivit un long soupir de Gaëlle qui, exaspérée reporta son attention sur son invitée.

Satoko ne releva pas le sourire désagréable d'Annelyse. Elle discutait avec Gaëlle, alors elle n'avait même pas remarqué que son frère ne l'avait pas écouté.

Lui par contre avait reconnu la voix qui avait prononcé le "rien" boudeur. Et contre toute attente, sa chaise se renversa en arrière dans un fracas assourdissant. Il rattrapa une table qu'il avait renversé avant qu'elle ne lui tombe dessus. Son regard était froid, il n'était aucunement surpris d'être tombé. Après s'être relevé, il fixa Annelyse dans les yeux. Son regard était froid, insistant,il réfléchissait discrètement. La partie de Roland Garros reprenait, et les deux parties n'arrivaient pas à marquer l'avance. Enfin, il y avait au moins une chose dont il était sûr. Il déclara, comme s'il n'était pas tombé de sa chaise, et comme s'il était en train de réciter un discours politique plein de convictions :

- Pour moi, ce sera une galette sarrasin avec supplément de fromage.

Hrp : Tu m'a fait riiiiiire ! x'D

Gaëlle avait fait un bond sur sa chaise et avait fixé le jeune homme avec surprise. Elle était d'autant plus surprise de son aplomb et de sa façon de fixer son amie. Elle tendit la carte à Satoko comme si rien ne s'était passé, l'invitant à choisir quelque chose à manger. Annelyse, elle, s'était automatiquement levée en le voyant tomber. Oui, elle lui en voulait mais elle était incapable de nier ce qu'elle ressentait pour lui. Voyant que finalement il allait bien, elle poussa un petit soupir de soulagement et alla aider un serveur à ramasser les débris, celui ci lui faisant de l'oeil, elle décida de l'ignorer. Elle se releva, face à Caleb en le fixant longuement, son air glacial ne l'impressionnait nullement. D'autant plus que son regard à elle n'était pas sympathique, loin de là. Finalement, la jeune femme tourna la tête vers son amie :

" Je prendrais la même chose, sans le fromage. "

Elle jeta un dernier regard plein de colère à Caleb et retourna s'assoir. Elle recroisa les bras sur sa poitrine et se mura à nouveau dans un silence de pierre tombale. Gaëlle passa ses longs cheveux sur une épaule et réajusta sa petite veste en cuir avant de regarder Satoko avec gentillesse :

" Tu vas prendre quoi ? "

Le jeune homme fixait Annelyse, surpris. Qu'elle l'évite, il comprenait très bien, puisqu'il faisait pareil. De là à lui en vouloir.... Il ne comprenait pas trop. Il se leva d'un mouvement, afficha un sourire glacé en déclarant :

- Finalement, je n'ai pas faim.

Il n'avait pas envie de passer un repas en face d'elle si elle lui faisait la tête. Il ne mangerait pas bien.

Satoko leva lentement la tête vers lui, et lui ordonna froidement :

- Caleb Edelstein, rasseyez vous et veuillez attendre votre commande avant de la manger comme il se doit.

Elle le vouvoyait toujours quand elle était en colère. Elle supportait mal son impolitesse envers les deux jeunes filles qui les avaient invités. Enfin, elle ne supportait pas son impolitesse tout court, mais avec les autres gens ça la dérangeait moins.
Caleb se rassit en levant les yeux au ciel, et se remit à fixer le plafond d'un air penseur. Il ne voulait pas voir le regard de reproche de la jeune fille en face de lui. Il avait l'impression que la partie de Roland Garros était terminée parce que les joueurs avaient abandonné pour aller manger un kinder bueno, qu'il avaient bien sur partagé.
Satoko sourit à Gaëlle.

- Pardon. Je vais prendre pareil qu'Annelyse.

Annelyse ne quittait pas Caleb des yeux. Si il comptait rester muet ou se sauver, Annelyse ne le laisserait pas faire. Elle fit tapoter ses doigts contre la table et fit machinalement tourner l'anneau d'argent à son doigt. Peut être un peu trop vite car elle roula le long de la table, jusqu'à Caleb. Se levant pour la ramasser, elle chuchota rapidement à l'oreille de Caleb :

" Il faut qu'on parle. "

Elle retourna s'assoir, remettant sa bague et souriant sympathiquement à Satoko et à Gaëlle. Gaëlle sourit aussi, voyant qu'Annelyse prenait un peu sur elle. Elle connaissait assez bien son amie pour savoir qu'elle se forçait à rester avec eux et que sa seule envie était de rentrer se planquer sous une tonne de couvertures. Par contre, lorsqu'elle sût que c'était lui, le fameux Caleb dont la jeune femme lui parlait régulièrement, elle comprit mieux son malaise et son regard se réchauffa un peu. Elle regarda de nouveau Satoko, plongeant ses yeux émeraudes dans son regard bleu, elle sourit largement :

" D'accord. Et comment va Isaac ? Ça fait longtemps que je n'ai pas eu de nouvelles... "

Et pour Gaëlle, Isaac était un peu comme un meilleur ami, donc avoir de ses nouvelles lui semblait normal, voir nécessaire. Elle apostropha poliment un serveur, donnant la commande de ses invités, celle d'Annelyse ainsi que la sienne.

Le jeune homme afficha un sourire crispé. Parler ... De quoi ils pourraient parler ? Il n'était pas fait pou ressentir de vraies émotions. C'était trop dur, ça le fatiguait, ça le rendait nerveux, et irritable. Au dessus de ses forces. Il murmura :

- Si tu veux ...

Satoko l'avait entendu. Le surveillant du coin de l'oeil, elle se demanda si c'était Annelyse qui le mettait dans cet état. Elle le connaissait bien, il n'était pas comme ça habituellement.
Depuis qu'il était revenu de sa petite virée au lac, il ne souriait plus vraiment. Enfin, plus de son sourire qui avait l'air si vrai, même si elle savait qu'il l'était rarement. Son frère était tourmenté, elle le voyait. Elle sourit tout de même à Gaëlle avant de lui répondre :

- Il va très bien. Il voulait t'appeler je crois, il a regretté de pas avoir de téléphone, et de ne pas avoir ton numéro non plus.

Elle rit un peu, son rire était clair, elle tourna ensuite le regard vers son frère. Il avait tourné la tête de l'autre côté, et il réfléchissait. Elle regarda Annelyse un moment avant de lui demander, de sa voix posée qui imposait une réponse :

- Est ce qu'il y a un problème avec mon frère ....?

Un immense sourire joyeux s'afficha sur le visage doux de Gaëlle, elle aussi elle voulait le revoir, mais elle n'avait eu aucun moyen de le joindre, ce qui était regrettable. Elle regarda Satoko avec toute la gentillesse qu'il y avait en elle.

" Je te donnerai mon numéro, comme ça, si il veut me voir.... Ou même toi, ça me ferait plaisir qu'on se fasse une sortie. "

Annelyse, elle, aurait bien voulu envoyer balader Satoko, juste parce qu'elle n'avait pas envie de lui en parler. Mais d'un côté, elle avait l'air gentille et agréable, alors elle ne jugeait pas utile de se montrer agressive. En s'enfonçant dans la chaise de sorte à pouvoir voir sous la table, elle répondit à la jeune femme en fixant les pieds de Caleb :

" Oui. Et c'est moi le problème. "

Elle garda la tête baissée. Gaëlle comprit qu'Annelyse n'avait pas envie de parler en sa présence et en celle de Satoko. Elle se leva, repoussant ses longs cheveux dans son dos et afficha un sourire aimable à son invitée :

" Tu viens Satoko ? Allons chercher des boissons... "

Bien qu'elle lui avait posé une question, elle n'attendait pas de réponse négative. Malgré sa petite taille et son air inoffensif, elle savait ce qu'elle voulait et il était rare qu'elle n'obtienne pas ce qu'elle souhaitait. Annelyse attendit que les deux jeunes femmes s'éloignent et elle appuya ses avant bras sur la table tout en regardant Caleb qui semblait ailleurs. Il fallait que ça sorte, elle allait devenir folle à force de penser à lui continuellement. Prenant une inspiration profonde, elle lâcha :

" Il faut que tu m'expliques, là... Je sais que c'est de ma faute mais..."

Elle baissa les yeux, soudainement confuse. Elle y avait réfléchi tous les jours à cette conversation, elle pensait être prête. Finalement, elle perdait ses moyens.

Satoko se laissa entraîner sans broncher. Elle se doutait bien que ça devait être gênant, sinon Caleb lui aurait raconté. Elle continua à discuter avec Gaëlle, lui faisant sentir que, même si la jeune femme ne l'avait pas entraînée, elle aurait dit oui.

Caleb afficha un air mi-embêté, mi-gêné. C'était l'heure de faire un choix, et il n'avait pas envie. Il trouvait presque séduisante l'idée de laisser traîner les choses à l'infini, mais il n'en avait plus l'opportunité. D'un sens, c'était dommage, rester sur son souvenir du lac, où il ne se posait aucune question, lui aurait beaucoup plu.
Il la regarda dans les yeux. Il soutenait quand même son regard.

- C'est totalement de ma faute .... Je ne pense pas être capable de donner de l'affection.

Il ne baissa pas la tête. Il s'en voulait, oui. Mais il était ainsi et n'en avait pas honte, même s'il se sentait coupable.

Annelyse croisa les jambes sous la table. Elle détestait l'instant qu'elle était en train de vivre, c'était désagréable et elle avait envie de pleurer. Ses yeux ne tardèrent pas à se mouiller de larmes et elle tourna la tête, fixant le mur. Il lui en avait fait voir de toutes les couleurs, elle était fatiguée de chercher un peu d'amour ou de tendresse dans son regard. Elle abandonnait. Elle se leva et fixa Caleb de haut.

" Il faut que j'arrête de penser à toi. J'ai l'impression d'avoir des sentiments pour un sac de plâtre. "

Elle marcha jusqu'aux toilettes et entra. Elle reviendrait après, pour l'instant elle voulait juste un peu de répit. Elle s'asseya sur les bords qui entouraient les lavabos et laissa glisser ses doigts sous l'eau fraîche. Gaëlle, elle, avait suivi son amie des yeux. Elle continuait de bavarder avec Satoko mais elle avait envie de la rejoindre. Elle se contenta de sourire à la jeune femme, rapportant deux cocktails aux fruits rouges. Un pour Annelyse et un pour elle tandis que Satoko s'occupait de celui de son frère et du sien. La jeune femme se rasseya gracieusement auprès de Caleb. Il ne lui avait pas jeté un seul regard. Bien qu'elle essayait de paraître polie en restant près de ses invités, savoir qu'Annelyse était seule et surement triste la chagrinait.

Caleb fixa la porte des toilettes qui venait de se refermer. Satoko, quant à elle, avait vu que la jeune fille avait les larmes aux yeux. Troublée, elle revint s'asseoir en ne prenant rien pour elle et rien pour son frère. Lui, il avait l'air tout à fait normal. Il murmura pour lui même :

- Il faut voir la vérité en face, un sac de plâtre ne se transforme pas en prince charmant. Ou alors, un prince charmant en plâtre.

Au moins, il était fixé, les joueurs de tennis épuisés pouvaient arrêter de se battre dans sa tête. Elle n'aimait pas sa vraie nature, elle voulait ce qu'il était incapable de lui donner, même s'il en avait envie lui aussi. Il aurait pu lui donner du faux jusqu'à plus soif, mais il n'était pas cruel. Il se dit qu'elle souffrirait moins ainsi.
Satoko le regarda se lever en silence. Il était plus froid que d'habitude, visiblement triste. Pour elle, ça crevait les yeux. Elle ne lui dit pas de se rasseoir, elle savait bien que c'était vain et qu'il ne l'écouterait pas. Elle se contenta de le regarder, debout et indécis comme il ne l'avait jamais été.

Gaëlle regarda Caleb sans rien dire. Elle se demandait ce qu'il s'était passé, ce qu'il avait bien pu lui dire et ce qu'elle avait bien pu lui répondre. Elle se contenta de le regarder. Annelyse, elle après s'être accoudée longuement à la fenêtre en respirant un peu l'air frais. Elle sortie des toilettes en regardant autour d'elle, jusqu'à voir qu'il était debout. Il allait partir, elle n'allait pas pouvoir s'expliquer, il allait l'oublier et tout ça ne serait plus qu'un vilain souvenir. Elle resta plantée au milieu de la salle, sans quitter Caleb des yeux. Puis soudain, elle sentit un choc. Un serveur inattentif gros et visiblement maladroit lui avait foncé dessus, la propulsant sur le parquet, de l'eau froide s’imprégnant dans son pull. Elle avait heurté le sol la tête la première dans un bruit plutôt inquiétant, mais elle se contenta de s'assoir en posant une main sur sa tête. Le serveur lui adressa à peine des excuses et s'en alla. Annelyse n'avait pas le courage de l'engueuler. Gaëlle se précipita vers son amie et s'accroupit, ses cheveux s'éparpillant partout autour d'elle. Elle serra la blonde dans ses bras en fusillant le serveur des yeux :

" Rien de cassé ? "

Caleb s'était précipité vers Annelyse un peu avant Gaëlle. Il toucha le crâne de la jeune fille, caressant ses cheveux sans y faire attention, avant de déclarer, un peu inquiet et rassuré.

- Il y a l'air d'y avoir qu'une bosse. Tu iras vérifier quand même, que ce ne soit pas plus grave.

Puis, il avait déposé un baiser sur la bosse en question, à la façon d'un bisou magique pour les enfants, avant de reculer pour laisser Gaëlle prendre son amie dans ses bras. Il avait même quitté le bâtiment, de son pas habituel : Il s'en voulait, il n'aurait pas du lui montrer son inquiétude. C'était un réflexe, et il avait peur qu'elle aie encore plus mal à cause de ça. Il se souciait vraiment d'elle, ça au moins c'était vrai, mais il savait qu'il ne pourrait rien lui donner de plus que des attentions comme celles dont il faisait preuve; C'était un ami parfait, mais il n'était pas capable de plus que ça.

Satoko le regardait s'éloigner, l'air triste. Elle ne pouvait rien faire ni pour lui ni pour Annelyse, et elle se sentait inutile.

Gaëlle avait lâché Annelyse, sachant déjà qu'elle le suivrait. C'est ce qu'il se passa, elle se remit debout et courut, enfin, elle fit du mieux qu'elle put avec ses talons. Elle arriva à se planter devant lui, il y avait plein de choses qu'elle aurait aimé lui dire, mais elle se concentra sur une seule de ses idées.

" Je veux pas que tu partes, je veux que tu restes avec moi. Même si tu vas finir par me rendre complètement folle. Même si tu es persuadé que je suis trop parfaite pour toi. Même si tu ne m'aimes pas...je veux que tu restes. "

Elle avait lâché ça d'une traite en le fixant droit dans les yeux. Les passants la regardait comme la dernière des dégénérées en écoutant ce qu'elle disait. Elle fit un pas en avant, un peu hésitante. Elle était gênée et elle avait la tête qui tournait, alors si il pouvait se dépêcher, elle lui en aurait été reconnaissante. En murmurant, elle lui glissa :

" Et si tu pouvais dire un truc pour éviter que j'ai l'air ridicule, ce serait sympa. "

Elle reprit un peu de distance, un peu chancelante et déboussolée. elle fixait les gens autour d'elle avec le plus grand intérêt pour contrôler ses rougissements.

Caleb la regarda, la surprise se lisant sur son visage. Il ne s'attendait pas vraiment à ça. Sans réfléchir un seul instant, il balança :

- Si c'est ce que tu veux, je reste.

Puis il la prit dans ses bras, lui murmurant à l'oreille :

- Mais je vais te rendre malheureuse. J'aimerais faire autrement. Mais je ne peux pas.

Il posa sa tête contre l'épaule de la jeune fille, fatigué de se sentir ainsi, fatigué de regretter d'être ce qu'il était. Il se demanda si elle l’accepterait vraiment, un jour, ou bien si elle allait faire semblant ou pire, le jeter lorsqu'elle en aurait assez. Il savait le mal qu'elle lui causerait si elle l'abandonnait, et ça aussi lui faisait peur.

Si Caleb ne l'avait pas tenue, elle serrait tombée à la renverse. Elle s'attendait à tout, sauf à ça. Elle se lova contre lui sans avoir besoin de se mettre sur la pointe des pieds et répondit sur un ton doux et tendre :

" Tu ne me rendra pas malheureuse. "

Quand elle ouvrit les yeux, les passants ne la regardaient plus, jugeant la scène trop banale à leurs yeux. Elle sourit. Elle se décrocha de lui et glissa sa main dans la sienne avant de reprendre le chemin du restaurant et d'y rentrer. Gaëlle ouvrit de grands yeux surpris en regardant Caleb et Annelyse. Elle était perdue, vraiment perdue. La blonde lâcha la main du jeune homme et se précipita vers le vendeur, lui arrachant son plateau vide des mains et lui en filant un coup sur la tête :

" Ça, c'est pour m'avoir fait tomber. Et estime toi heureux que je ne te le fasses pas avaler. "

Elle reprit la main de Caleb et retourna s'assoir près de Satoko, paisible et calme. Gaëlle eut un grand sourire amusé en regardant la scène. Elle reconnaissait l'impulsivité de son amie et sa franchise. Elle réajusta sa robe verte pomme en attendant que les plats arrivent.

Caleb sourit un peu. Il n'était pas sûr qu'elle aie compris qu'il ne pourrait jamais être plus qu'ami avec quelqu'un, mais la voir sourire suffisait largement à le rendre heureux également.
Satoko sourit également en les voyant arriver. Elle connaissait son frère, et elle savait qu'à part elle et Azerwen, il ne s'était jamais attaché à personne, elle était contente qu'il s'ouvre peu à peu.

- Vous en avez mis du temps. Dommage pour la galette supplément de fromage, je l'ai mangé.

Caleb commença à s'indigner, couvrant sa soeur de reproches, avant qu'elle éclate de rire. Avec elle, il ressemblait toujours à un enfant, crédule et adorable. Ses réactions ne se faisaient pas attendre, il ne réfléchissait pas, il ne savait donc jamais quand il se faisait avoir comme un débutant. En riant, elle lui adressa un petit sourire :

- Tu es bête, y'a même pas d'assiettes sur la table.

Il regarda sa soeur avec une moue boudeuse. Il avait du mal à cacher un début de sourire.

Gaëlle rit aussi en voyant la tête qu'il faisait. Bien qu'il ne lui portait pas grande attention, elle n'était pas blessée ou vexée car Satoko était là et elle était une adorable amie. Annelyse joua avec la serviette de tissu en souriant légèrement, un peu pensive. Gaëlle lui tendit son cocktail avec cet air aimable qui était constamment sur son visage. Annelyse regarda le breuvage avec suspicion et finit par en boire une gorgée. Son ventre gargouilla et la seule qui ai pu l'entendre était Satoko, elle se mordit la lèvre un peu gênée avant de sourire. Les assiettes arrivèrent et Gaëlle était la seule à avoir prit une salade. Elle, elle regarda longuement son assiette dont le fromage fumait en abondance, elle fronça les sourcils, regardant l'assiette de Caleb.

" Voleur d'assiette. "

Elle lui tendit son repas en souriant. Gaëlle, elle, jouait avec les dès de légumes crus qui parsemaient sa salade. Quand il s'agissait de manger, elle était toujours très absorbée par sa nourriture.

Caleb fixa l'assiette qu'elle venait de lui donner, remplie de fromage, avec des yeux d'enfants devant une montagne de bonbon. Il souhaita très rapidement bon appétit aux trois autres avant de s'attaquer, au sens propre du terme, à son assiette.
Sa soeur rit en mangeant calmement, puis elle regarda Gaëlle et Annelyse avec un sourire moqueur :

- Vous avez vu comme c'est un sauvage ? Pas sortable, moi je vous le dit.

Caleb tourna la tête vers elle, l'air interrogateur, du fromage dégoulinait du coin de sa bouche.

- Bah quoi ?

Sa soeur rit de nouveau, en ne répondant pas à sa question.

Annelyse était un peu perdue dans ses pensées, elle n'écoutait pas vraiment ce que Satoko disait, elle réfléchissait. Elle se disait que ce n'était pas la meilleure position qui soit, et qu'elle n'aurait jamais dû s'attacher à lui. A cause de ça, elle se faisait du mal et elle lui en faisait par la même occasion. Elle décida d'arrêter de penser aussi négativement et releva la tête. Un petit sourire amusé étendit ses lèvres tandis qu'elle regardait Caleb. Pendant qu'il mangeait, le jeune homme avait petit à petit fait glisser sa serviette vers Gaëlle qui n'avait rien osé lui dire. Elle n'était jamais à l'aise quand il s'agissait de parler aux hommes, seuls Isaac et Saevin avaient réussit à la mettre en confiance. La jeune femme tendit donc une serviette à Caleb en apercevant le fromage au coin de sa bouche en affichant un petit sourire timide et en évitant son regard.

" Vous avez du fromage...au coin de la bouche. "

Sa voix était douce et gentille, elle reflétait exactement qui elle était. Tout comme son physique qui aurait put paraitre bien banal aux premiers abords mais qui, en vérité, était plutôt plaisant. Une fois la serviette donnée, elle détourna aussitôt la tête pour regarder Satoko. Annelyse qui avait vu que Gaëlle était mal à l'aise sourit un peu plus. Il était clair qu'à première vue, le jeune homme n'avait pas l'air sociable mais Annelyse commençait à se dire qu'après tout il était comme ça et que si elle tenait vraiment à lui, elle devrait faire des efforts pour l'accepter comme il était, même si c'était dur.

Caleb lui sourit et s'essuya la bouche, désireux de faire bonne impression, ou du moins d'éviter de lui faire honte. Ou au moins, il s'efforçait, même s'il avec elle il avait tendance à se lâcher, être lui même, et il ne brillait pas par ses bonnes manières parfois. Il adressa un grand sourire aux deux jeunes filles, pas gêné le moins du monde, avant de lorgner sur l'assiette de sa soeur, avec un adorable sourire. Elle lui répondit par un soupir, et mit son assiette devant lui en déclarant :

- J'ai pas très faim.

Il la gratifia d'un immense sourire avant de déclarer un grand "je t'aime !" et de manger toute la galette de sa soeur, sans se soucier de ce que pensaient les jeunes filles à sa table de son appétit dévorant. Satoko ne lui en voulait pas, elle savait qu'il marchait comme ça, par passes où il avait besoin de beaucoup manger avant des jours de jeûnes.

Gaëlle eut un sourire amusé, ce genre de comportement la faisait sourire. Elle se tourna vers Satoko, l'interrogeant du regard, craignant qu'elle ai un problème, étant donné qu'elle n'avait pas vraiment touché à son assiette. Elle, elle l'avait finie, puis l'avait repoussée dans un petit soupir ravi. Annelyse, de son côté, avait appuyé un avant-bras sur le dossier de la chaise et regardait le mur, visiblement perdue dans ses pensées. Un frisson la parcourue, la sortant de ses pensées, elle se tourna vers Gaëlle, commençant à se lever, elle finit ensuite par regarder tour à tour chaque personne à la table :

" Je vais aller chercher quelque chose à boire, vous avez besoin que je vous ramène un truc ? "

Gaëlle secoua négativement la tête et entortilla une mèche chatain autour de son index, attendant la réponse de ses invités. Annelyse, elle, avait contourné la table pour enlacer tendrement son amie. Elle avait des passes comme celle ci où elle avait envie d'être cajolée comme une enfant et Gaëlle le savait parfaitement. Elle aurait bien enlacé Caleb mais ça la butait, peut être que c'était parce qu'elle se sentait dangeureuse pour lui et qu'elle savait qu'elle faisait souffrir toutes les personnes à qui elle s'attachait.

Caleb la regarda, la tête penchée, même un peu plus que d'habitude. Il se demandait ce qu'elle avait, ce qu'il avait bien pu faire de mal ... Il ne savait pas ce qu'il était normal de faire, et ce qui pouvait vexer les autres, alors c'était difficile de savoir si c'était sa faute ou non. Il conclut que oui, que c'était sûrement à cause de lui si elle était toute triste, et qu'il fallait qu'il se fasse oublier un peu. Il murmura un "pardon" en allemand et baissa la tête d'un air de fautif, tandis que sa soeur le fixait en se demandant ce qui lui prenait.

Annelyse l'interrogea du regard, n'ayant pas comprit ce qu'il venait de dire. Finalement, comme personne n'avait répondu à sa question, elle se dit qu'ils ne devaient avoir besoin de rien et qu'elle n'avait rien à leur rapporter. Elle se détacha de Gaëlle et se dirigea vers le comptoir, y commandant un café. Si lui ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait, alors elle était tout aussi perdue que lui : elle ne savait pas ce qu'il lui arrivait. Elle ne comprenait pas ses réactions, elle croyait pourtant qu'il était content d'être à ses côtés, mais il était trop différent de celui qu'il était dans ses souvenirs : trop froid, trop étrange. Elle avait même parfois l'impression de ne plus avoir la même personne en face d'elle et c'était déstabilisant. Elle faisait tourner sa cuillère dans son café, réfléchissant longuement, silencieuse. Elle revint à la table, les mains entourées autour de sa tasse sans dire un mot. L'ambiance était au rendez-vous, c'était gai.

Caleb la regarda dans les yeux un instant, avant de se lever et de dire à haute voix à sa soeur, en allemand pour que les deux jeunes filles ne comprennent pas :
- Je fais tout de travers.
Et il sortit lentement et froidement, sans regarder derrière lui. Sa soeur ne comprenant pas, elle regarda Annelyse avec insistance :

- Il y a eu un problème ?

Annelyse regardait la silhouette de Caleb, plongée dans l'incomprehension la plus totale. Voilà ce qu'elle n'arrivait pas à comprendre, ce genre de sautes d'humeur. Elle ne le suivrait pas cette fois, elle en avait marre. Elle tourna ensuite lentement la tête vers Satoko, elle se mordilla longuement la lèvre puis finit par répondre :

" Je ne sais pas. "

Sur le coup, Gaëlle se sentait inutile, donc elle se leva, elle aussi, et sortit, rapidement. Vu la carrure du jeune homme il était difficile de ne pas le remarquer. Elle zigzagua parmis les passants, se planta devant lui, la tête levée pour le regarder dans les yeux. Elle avait croisé les bras sur sa poitrine et une lueur étrange brillait au fond de ses prunelles. Bizarrement, elle n'avait pas réfléchit à ce qu'elle allait dire, mais elle savait que si il s'en allait, Annelyse serait de nouveau triste et deprimée. Elle lâcha soudainement, sans le quitter des yeux :

" Qu'est ce qui vous prends, encore ?! "

Il détourna le regard, pensant que c'était le mieux à faire dans cette situation. Il ne savait pas bien quoi répondre.

- Rien ... Je ne peux pas rester avec Annelyse alors que je lui fais toujours de la peine. Même moi je m'en rends compte.

Pour une fois, il était presque sincèrement triste et honteux. Il aurait voulu qu'il en soit autrement, mais il savait qu'il ne pouvait pas changer, que tout ce qu'il était était indélébile et qu'il ne pourrait jamais être comme il faut.

De son côté, Satoko regarda Annelyse dans les yeux.

- Il ne faut pas lui en vouloir. Ce n'est pas sa faute.

Gaëlle continuait de le fixer, longuement, silencieuse, elle refléchissait. D'ordinaire, chacunes de ses paroles étaient pesées, longuement reflechies, elle n'était pas très spontanée. Elle finit par lâcher doucement, d'un ton qui se voulait un peu reconfortant :

" Vous savez, elle parle souvent de vous. Elle a réellement besoin que vous soyez à ses côtés, même si elle est distante, il faut la laisser, elle ne le fait pas exprès... "

Elle dégagea rapidement son visage de quelques mèches de cheveux puis regarda autour d'elle, se demandant ce qu'il pourrait lui répondre.

Annelyse, elle, soutenait le regard de Satoko, elle poussa un soupir, histoire de chasser cette boule de tristesse qui s'imposait dans le fond de sa gorge. Elle annonça platement, d'une voix neutre, dénuée d'émotions :

" Je ne sais plus quoi faire. "

Caleb fit une moue étrange, qui s'apparentait à un mélange de tristesse, d'hésitation et de regrets.

- C'est pas qu'elle soie distante ... Mais en restant avec elle, je lui fais plus de mal que de bien.
Il la regarda un moment, regrettant presque qu'Annelyse l'aie rencontré.

Satoko regarda la juene fille, avec un sourire gentil et compatissant :

- C'est toujours comme ça avec lui .... Ce qu'il faut, c'est ne rien attendre et le prendre comme il est à chaque moment. Ou l'oublier.

Elle inclina la tête sur le côté, le regardant du coin de l'oeil, toujours la tête un peu relevée pour pouvoir le regarder. Elle était plus petite qu'Annelyse, encore. Elle refléchit de nouveau, ce long silence durant lequel elle formait ses phrases de sorte à ce qu'elles soient parfaitement claires et sans double sens. :

" Non. Vous ne pouvez pas dire ça. Ce n'est pas vous qui avez passé des nuits blanches à la consoler, à écouter les même discours plusieurs fois dans la journée, qui êtes resté près d'elle pendant des heures dans un silence horrible..Quand elle est avec vous, elle sourit au moins. "

Elle fronça les sourcils un instant, soutenant quelques minutes son regard puis soupira.
Annelyse regardait toujours Satoko, adoptant une expression étonnament glaciale. Elle ne voulait pas de sa pitié, elle se sentait déjà tellement nulle de dépendre de Caleb, alors il était hors de question que sa soeur se mette à la reconforter. Elle tourna la tête et elle répondit, toujours sur le même ton :

" Je ne peux pas l'oublier. "

Caleb baissa fortement la tête. Il se sentait incroyablement coupable. Il avait envie de se cacher, s'évanouir, n'importe quoi qui pourrait lui épargner le regard plein de reproches de Gaëlle.

- Je ne voulais pas ça ! Ce n'est quand même pas à cause de moi.....

Il essayait de s'en persuader, du moins. Il savait que ce qu'il faisait était toujours mal, mais à ce point, ça l'étonnait.

Satoko sourit à Annelyse. Elle avait déjà ressenti ça, elle connaissait bien ce sentiment.

- Alors faute de faire sans, il faut faire avec.