Ce n'est que de la mécanique ~ [PV Sunny ♥]

Ares s'enfonçait dans la forêt depuis un petit quart d'heure. Il attendait de trouver le bon endroit : isolé, clair, dans l'idéal près d'un ruisseau. Il ne rêvait pas, cependant, il savait qu'il devrait chercher beaucoup plus longtemps pour trouver l'endroit parfait pour faire ses expériences.
Au bout de dix minutes de plus de marche, il tomba par hasard sur une clairière. Un sourire éclaira son visage : l'éclairage était parfait, il y avait un grand ruisseau d'eau claire avec une énorme pierre sur laquelle il pourrait s'asseoir. Il murmura pour lui même "parfait" et sortit quelques affaires de son sac. Un tournevis et une espèce de console de jeu qu'il avait fabriqué pour une gamine, et qu'il devait réparer au calme. Certains aurait pensé qu'une forêt n'était pas pratique pour faire quoi que ce soit liée à l'électronique, mais Ares était du genre inventif et tout terrain. Il avait tout et n'importe quoi dans son sac, dont il sorti un fer à souder, qu'il relia à une hélice placée dans le ruisseau. Il avait ainsi l'électricité qu'il lui fallait pour ses petites soudures minutieuses. Une fois qu'il eut bien avancé, il s'assit sur le gros rocher et se mit à dessiner des tas de schémas de ses prochaines inventions. 
Là, il était bien, il souriait, ce qui était rare. Il n'était pas à l'aise avec les gens. Lorsqu'il se faisait des ami, très rarement, ils finissaient par rencontrer Kronos et il les poussait à le détester. Il était mieux ici, dans la nature et au calme. Il continua donc à sourire en rêvassant, persuadé qu'il ne pourrait croiser personne ici, ou du moins personne de normal.

Noah était dans la forêt depuis un petit moment maintenant. Elle venait souvent ici, elle se sentait libre de faire ce qu'elle voulait, et surtout, elle ne croisait jamais personne. C'était surtout ce point qui lui plaisait. Elle enfonça ses mains dans les poches de son bermuda trop large et continua sa route, un sourire à peine perceptible planté sur les lèvres, se mouvant avec rapidité vers son petit coin favori. Elle connaissait les environs par coeur mais la petite clairière reculée de toute zone urbaine était l'endroit qu'elle aimait le plus. Elle finit par se retrouver dans ce cadre apaisant. Cependant, un intrus faisait partie du décor. Elle plissa les yeux, l'air mécontent. Que fichait-il avec ses tournevis et tout ses machins ? Ce n'était pas une déchetterie ici ! Elle arriva à grande enjambées vers l'inconnu, le scrutant avec méfiance. Elle pinça les lèvres et lâcha sur un ton sec : 


" Dis donc ! Qu'est ce que tu fais ici ? "

Elle croisa les bras sur sa poitrine, ne le lâchant pas un seul quart de seconde du regard. Malgré son côté masculin, elle gardait une petite part de féminité qui la rendait assez terrifiante. Il était difficilement possible de déchiffrer ses expressions. Actuellement, ça ressemblait à un mélange de haine, de mécontentement, d'énervement et de suspicion.

Ares sursauta. Il ne s'attendait vraiment pas à croiser quelqu'un, surtout pas quelqu'un qui semblait en colère rien qu'à le voir ici. Il regarda autour de lui, avec un léger sourire sarcastique, cherchant du regard un panneau avec une tête d'ogre effrayante dessus, comme dans Shrek. En n'en voyant pas, son regard se reposa sur elle. 

- Pourquoi, c'est ton marais ? 

Il n'aimait pas qu'on l'agresse, mais il n'allait pas répondre. Il avait juste prévu de s'en aller, pour éviter un conflit ; on fond, il était plutôt pacifiste. Il remonta très sommairement la console et remit la plupart de son matériel dans son sac. Il aurait pu ronchonner, il en avait envie, mais c'était pas trop son genre. Il était sur le "territoire" de quelqu'un d'autre, on lui montrait que sa présence dérangeait, il s'en irait, quand il aurait fini de tout ranger.

Au vu de la question du jeune homme, Noah éclata sincèrement de rire. Tout en se calmant, elle le regarda ranger ses affaires. Elle voulait pas qu'il s'en aille, juste qu'il évite de salir. 

" Oui c'est mon marais comme tu dis, garçon. Mais tant que tu salis pas avec tout tes machins de mécaniques, tu peux rester. Evite de salir, la nature c'est important. Compris ? " 

En vérité, qu'il ai comprit ou non ça fonctionnerait de la sorte. Noah avait décidé ainsi et c'est comme ça que ça serait. Elle s'assit en tailleur au pied du . Elle le surveillait. Elle n'aimait pas avoir des inconnus sur son territoire et n'aimait tout simplement pas les personnes. Moins elle en voyait, mieux elle se portait. Mais du moment que le jeune homme se montrait discret et silencieux, elle lui laisserait s'installer dans un coin noir pou bidouiller ses trucs et ses machins. En plus, il avait pas l'air trop mauvais. 

" Je suis désolée, mais j'ai pas l'habitude d'avoir de la compagnie ici. " 

Il fut vraiment surpris quand elle rit. Il la regarda étrangement. Elle passait de l'agacement, au rire et ensuite, elle redevenait méfiante. Il ne comprenait pas vraiment. 

- Merci pour la leçon, mais je suis pas un porc. Et je vais pas laisser mes outils ici, ils sont difficiles à fabriquer. 

Elle l'agaçait un peu. Son comportement n'était pas logique, de plus, elle disait qu'il pouvait rester, mais son attitude disait le contraire. 

- Si je vous gêne, je peux partir. 

Il regarda longuement ses nouveaux schémas. Il avait eu quelques bonnes idées ici. Un robot ménager pour aider Satoko, et une nouvelle sorte de revolver pour Saevin. Il aimait beaucoup inventer pour les gens autour de lui : ça ne changeait rien au fait qu'ils ne l'appréciaient pas beaucoup, mais ça lui donnait l'impression d'être utile. Un sourire fin étira ses lèvres.

La façon dont il lui répondit l'irrita légèrement et elle le fixa d'un air désapprobateur. Qu'est ce que c'était que ça ? Il se permettait de lui répondre alors que clairement, elle l'avait même pas chassé, elle lui avait juste dit de faire attention. De manière un peu brutale, certes, mais bon. Elle planta son regard anis dans le sien. 

" Je suis consciente que tes joujoux t'ont prit du temps afin d'être fabriqués, mais moi j'ai aussi prit du temps pour nettoyer cet endroit. Donc chacun sa merde, arrête de geindre. " 

Ensuite, il se mit à regarder ses dessins avec grande attention, et comme elle ne trouvait pas ça très intéressant, elle se leva et s'éloigna à petits pas vers l'arbre le plus proche sur lequel elle se percha. Elle remarqua son sourire au loin. Il devait probablement pas tourner très rond celui là encore. Elle eut un soupir excédé et se concentra sur le lointain.

Il la regarda du coin de l'oeil, décidant de l'ignorer. De toute façon, s'il avait répondu, ça n'aurait été rien de très sympathique. Elle l'énervait, il n'allait pas lui faire des courbettes. Il reprit son crayon à papier et continua ses schémas. Il préférait continuer l'arme. Au début, il n'y avait que le résultat final, en gros, mais rapidement, il ajouta chaque circuit, chaque fil, en un joyeux bordel rempli de notes, qui formait presque une oeuvre d'art tant c'était incompréhensible pour toute autre personne que lui. Après un très léger sourire, il se leva. 

- Bon, je ne vais pas vous déranger plus longtemps. Merci de votre grande amabilité, ça fait plaisir de rencontrer des gens agréables. 

Son ton était sarcastique, et il en faisait exprès. Il rangea soigneusement toutes ses affaires ; il respectait quand même le travail de la jeune fille, et ce n'était pas son genre de laisser la plus petite vis derrière lui. Il ne garda en main que son nouveau schéma de l'arme.

Malgré qu'elle se concentrait sur le paysage et la nature environnante, Noah avait les pensées ailleurs. Ce jeune homme sortit de nul part avait réussit à l'intriguer. Elle passa une main sur son visage, cherchant un moyen de le faire rester. Elle grimaça. L'idée lui paraissait à la fois tentante mais totalement impossible. Tout d'abord, elle avait était exécrable, ensuite malpolie, et pour finir, elle était à la limite de le virer de la clairière, sa clairière. Elle pivota sur elle même et le regarda. Pas à la dérobée cette fois ci, elle le regardait vraiment. Elle réprima un sourire. Quand il se leva, elle ne bougea pas, elle le fixait toujours avec le même intensité sans ciller. Elle sentit le sarcasme dans sa voix, et, pour la première fois depuis qu'elle l'avait apostrophé un peu vivement, elle baissa la tête comme une gamine qui aurait été grondée trop fort. Sur un ton à peine audible, elle lâcha :

" Désolée. "

Elle posa sa tête contre le tronc de l'arbre et inspira profondément avant de fermer les yeux. Il aurait été plus simple qu'elle ne le rencontre pas. Elle aurait dû s'en aller quand elle l'avait vu travailler. La jeune femme ressentait presque un sentiment de remords. Noah n'était pas du genre à s'en vouloir, ni même à s'excuser.

Il tourna la tête vers elle en l'entendant s'excuser. Il ne pensait pas à ça, pas du tout même. Pour lui, elle était classé dans la catégorie "gens désagréables à qui il faut éviter de parler", mais finalement il décida de revoir son jugement. Peut être -il y avait peu de chance- qu'elle était tout simplement comme lui, qu'elle ne savait pas comment réagir en voyant quelqu'un, et qu'elle se mettait directement sur la défensive. Même s'il n'y croyait pas trop, il décida de faire comme si c'était le cas et lui sourit en posant sa main sur la tête de la jeune fille, qu'il retira quelques secondes après. Il était grand, presque 15 cm de plus qu'elle, et avait aussi des mains de géant. Des mains pleines de cicatrices diverses et variées, plus ou moins voyantes, qui résultaient de toutes ses expériences. 

- C'est rien, d'accord ? On recommence. Je suis Ares, je suis désolé d'être venu ici, je ne pensais pas qu'il y aurait quelqu'un. 

Il aurait voulu lui tendre la main, mais vu l'état, il préférait s'abstenir. Il avait vraiment des mains de mécanicien, il avait utilisé chaque outil existant et s'était blessé au moins une fois avec chacun d'eux.

Elle le vit sourire et se sentit un peu soulagée. Il n'avait pas l'air rancunier ou alors il cachait très trèèès bien son jeu. Ensuite il s'approcha, et elle le regarda, les bras ballants, se demandant ce qu'il trafiquait. Elle se préparait mentalement à s'enfuir si il tentait un truc bizarre. Finalement, son geste l'étonna plus qu'autre chose. Elle dût se faire violence pour ne pas reculer et pour ne pas le repousser. les contacts physiques ne lui plaisaient pas, elle n'aimait pas sentir des mains sur elle, des mains qu'elle ne connaissait pas. Mais elle se dit que pour une fois, elle ferait un effort. Comme il était assez près d'elle, elle devait lever la tête. Elle haussa les épaules et approuva sa question d'un signe de tête ce qui fit danser ses cheveux bicolores sur ses épaules. Finalement, après un instant d'hésitation, c'est elle qui tendit sa main, et tout en souriant légèrement, elle annonça : 

" Je suis Noah...et puis ce n'est pas très grave, tu ne pouvais pas savoir. " 

Elle détourna la tête et fixa le sac du jeune homme, et, en la désignant du menton, elle demanda : 

" Tu faisais quoi ? " 


C'était peut être un peu personnel comme question, mais si il avait décidé de rester là, ils allaient devoir parler, ils ne pouvaient pas se contenter de s'observer.

Il regarda longuement la main qu'elle lui tendait, se demandant s'il fallait lui tendre la sienne ou simplement passer à autre chose, ce qui aurait été impoli mais plus simple. Finalement, il se décida à lui tendre la main, et tant pis si le toucher de ses mains était désagréable, elle l'avait cherché. Avec un petit sourire, il lui serra brièvement la main. Puis il se mit à réfléchir à sa question. Qu'est ce qu'il faisait ? Il aurait pu lui faire une liste pendant un quart d'heure. à la base, il était venu pour beaucoup de choses, mais il décida de résumer. 

- Je réfléchissais, je réparais une console et je testais mes nouvelles inventions pour faire de l'électricité n'importe où. 

C'était vraiment résumé, mais ça suffirait. En la regardant dans les yeux, il lui demanda : 

- Et toi ?

La main qu'elle serra ne l'effraya pas. A vrai dire, elle s'était contentée de le regarder droit dans les yeux sans accorder un regard à cette main. Si il savait combien elle avait pu toucher pire que lui ! Une fois la brève poignée de main échangée, elle la fourra de nouveau dans sa poche et se mit à marcher un peu, en restant toutefois près du jeune homme. Elle s'arrêtait uniquement pour parler : 

" Si tu as besoin de continuer, fais ce que tu as à faire, je ne te dérangerai pas. " 

Elle reprit sa marche qui consistait maintenant à tourner en rond. Ce qu'elle faisait ? Bonne question. La plupart du temps elle ignorait ce qu'elle faisait, ou du moins elle n'y réfléchissait pas. Elle s'arrêta de nouveau, la tête lui tournant un peu. Elle ne laissa rien transparaître alors qu'en vérité elle avait besoin de s'assoir. Tout en essayant de soutenir son regard, elle répondit :

" Je me baladais...je crois. Je ne sais pas vraiment ce que je faisais. " 

Il la regarda tourner, avant de laisser échapper un rire bref. 

- Tu me donnes le tournis ! 

Il baissa la tête de nouveau et sorti juste un circuit imprimé de la taille de sa main. Déjà, il devait trouver ce qui n'allait pas. Il eut un sourire amusé en se disant que décidément, il était le seul à s'intéresser autant à tout ça. Il y avait longtemps déjà que ses inventions étaient sa vie, et qu'il ne faisait plus que ça, pour tromper son ennui, faute de pouvoir parler à des gens. Finalement, avec un petit sourire de victoire, il entoura la soudure qui n'allait pas sur le circuit imprimé et le rangea, reposant son regard sur la jeune fille. Il se décala au bord du rocher où il était assis, pour lui faire une place. Si elle avait envie, elle pourrait venir s'asseoir à côté de lui, même si ça le surprendrait beaucoup.

Elle fut surprise de l'entendre rire. Les personnes qui riaient en sa compagnie étaient très rares. C'était si spontané de sa part qu'un sourire timide envahit son visage. 

" Je me donne aussi le tournis... tu dois me trouver étrange, pas vrai ? " 

Elle pencha la tête sur le côté puis elle observa attentivement ce qu'il avait dans sa main. Un éclair de curiosité traversa son regard et, craintivement, elle s'approcha légèrement d'Arès. Elle avait absolument aucune idée de quoi il s'agissait, mais visiblement c'était la passion du garçon, au vu de son sourire. La curiosité la démangeant, elle se risqua à poser la question : 

" Qu'est ce que c'est ? "

Le jeune homme lui laissa un peu de place sur le rocher et Noah l'observa alors longuement. Elle hésitait entre s'asseoir par terre et passer pour une folle finie ou alors s'asseoir à ses côtés et faire comme si tout allait parfaitement bien dans le meilleur des monde. Elle opta pour la seconde solution et vint se poser sur le rocher.

Il leva la tête, surpris par sa question et la regarda dans les yeux. Étrange ? Il ne voyait pas ce qu'elle avait d'étrange. Finalement, elle avait même l'air plutôt gentille. 

- Non, c'est faux. Je ne vois pas ce qui te fait dire ça.

Il lui sourit quand elle lui demanda ce qu'il avait dans la main. Il aimait bien les gens curieux, il l'était lui même beaucoup mais n'osait jamais poser de questions. 

- C'est le circuit imprimé qui fait fonctionner la console. Il avait un défaut, mais je l'ai trouvé, je réparerais ça plus tard et elle sera utilisable. 

Il la regarda s'asseoir à côté de lui, conscient qu'elle n'était as à l'aise. Elle avait hésité durant un long moment, ça se voyait que le contact physique la dérangeait. Il se leva donc du rocher et s'assit par terre juste à côté, juste histoire de mettre un minimum de distance entre eux pour qu'elle ne soit pas gênée. Il sourit en déclarant : 

- C'est mieux comme ça ? J'ai vu que tu n'aimais pas trop être proche de moi, je comprend. 

Il ne mentait pas. Il était tellement habitué que ça ne lui faisait rien, il comprenait vraiment que les gens ne veuillent pas s'approcher de lui.

Elle se mit à jouer avec ses doigts. Elle était étrange, tout le monde le lui disait. Et le fait qu'elle n'aimait pas grand chose ni grand monde ne l'arrangeait pas. En plus, elle avait des activités un peu bizarres par moment. Elle haussa les épaules et soutint son regard avec facilité. Quand on était culotté comme elle l'était, soutenir le regard d'un homme ou de quiconque était un jeu d'enfant. Elle répondit avec nonchalance : 

" C'est ce que les gens disent. Je voulais savoir si tu pensais pareil. " 

Elle décida d'ignorer les petites voix qui ressortaient les critiques douloureuses qu'elle avait vécues étant plus jeune et s’intéressa à ce que disait Arès. En vérité, elle ne comprenait pas grand chose, la mécanique était bien loin de son domaine de prédilection. D'ailleurs...en avait-elle un ? 

" Je ne comprends rien à la mécanique... mais je pense que tu es doué. C'est ton domaine, pas vrai ? "

Elle lui sourit. Un sourire qui se crispa quand il se leva pour s'éloigner. Elle avait l'impression de faire fuir tout le monde. 

" Tu n'as rien à voir la dedans. Tu es très bien comme tu es. Je ne suis juste pas habituée aux contacts physiques, et j'en suis désolée. "

Il eut un petit sourire provocateur. 

- Au cas où tu aurais pas remarqué, je suis pas exactement pareil que les autres. 

Il la regardait d'en bas, la fixait sans gêne. Il ne s'était pas éloigné d'elle pour fuir, mais il voyait qu'elle ne se sentait pas bien près de lui -comme tout le monde-. Après tout, c'était un monstre, le mauvais côté d'une pièce, que tout le monde préférait ignorer. 

- Pas besoin d'être désolé. J'ai l'habitude que tout le monde me déteste, alors si tu me déteste pas, c'est le principal. 

Dans sa tête, "pas encore" résonnait en boucle. Il secoua brièvement la tête en fronçant les sourcils, comme si ce mouvement suffisait à chasser cette idée.

Elle inclina la tête sur le côté en souriant. le fait qu'il ne soit pas comme les autres était très bien. Mais malgré sa main salement amochée, elle n'avait vu rien d'autre qui aurait pu être repoussant au point de le détester. Elle hocha négativement la tête : 

" Non, et c'est ça qui est bien. "

Elle le regardait à son tour, assise en tailleur et un peu en hauteur, elle souriait. A l'entendre, il était un monstre, un être abominable. Il avait encore une plus mauvaise opinion de lui qu'elle en avait d'elle même. Elle se trouvait inutile et bien trop débile. La preuve, un simple contact et c'était la panique générale ! Elle plissa un peu les yeux et fit la moue :

" Je ne suis pas tout le monde. Je ne fait pas partie de ces filles gnangnan qui se pomponnent et se regardent sans cesse dans la glace. C'est si tu oses me comparer à ces être putrides que je vais te détester. " 

Elle termina sa phrase par un sourire angélique comme si ce qu'elle venait de dire n'était pas une menace mais juste une mise en garde parfaitement anodine.

Il la regarda un instant, cherchant quoi dire. Il n'allait pas répondre à son avertissement. Il le prenait seulement en compte parce qu'au fond, même s'il faisait semblant de n'en avoir rien à faire, il n'aimait pas qu'on le déteste. De toute façon, il n'aurait jamais eu l'idée de la comparer à une personne superficielle ; Elle avait du le croire à cause de ce qu'il avait dit. Mais il n'y avait pas que les personnes superficielles qui ne l'appréciaient pas, les autres aussi. Il décida de ne pas lui dire et de juste faire attention, à l'avenir. Il finit par sourire, et lui poser une des questions qui lui venaient à l'esprit en la voyant. 

- Dis, comment ça se fait que tes cheveux soient de cette couleur ? 

Il se dit après coup que c'était indiscret. Ou qu'elle le prendrait pour quelqu'un de superficiel lui même, ou qu'elle croirait qu'il n'aimait pas. En fait, ça n'avait rien à voir, il voulait juste savoir si elle était née ainsi, ce qui aurait été plutôt inhabituel et intéressant.

A la question du jeune homme, Noah éclata de rire, étonnée et amusée. Elle prit une mèche qui était à la fois blonde et à la fois châtain et l'examina un instant. Puis, elle rejeta sa crinière sauvage en arrière et sourit à Arès. 

" Je ne sais pas... Ca a toujours été comme ça, aussi loin que je me souvienne. C'est un peu comme les personnes qui ont les yeux de couleur différentes, on ne sait pas comment ça vient, mais c'est là. " 

Elle regardait en l'air, évitant le regard du garçon. Oui, elle n'avait rien d'ordinaire, même ses yeux avaient une teinte étrange. Son look ressemblait à un mélange de.. de rien du tout. Elle prenait ce qu'elle avait sous la main, et tant pis sur le rose ne s'accordait pas avec le rouge, elle le faisait quand même. Elle le regarda de nouveau et presque timidement, elle demanda v:

" Je peux te poser une question ? " 

Ares sourit, content d'avoir fait rire la jeune fille avec sa question stupide. Il ne posait pas souvent des questions, uniquement lorsqu'il était en confiance, ce qui était le cas avec la jeune fille. Lorsqu'elle lui demanda pour en faire de même, il appuya sa tête sur sa main et sourit, surpris de cette soudaine timidité. 

- Vas y, ne te gènes pas, je répondrais à tout. 

Il était sincère. C'était un homme de science, il n'y avait rien pour lui qui soit "indiscret" ou trop "personnel". Elle posait une question, il répondrait, c'était aussi simple que ça. Il aurait aimé qu'on fasse pareil avec lui, mais les autres gens n'étaient pas comme ça, il y avait toujours un sujet qui fâche, des questions qui vexent ... C'était aussi pour ça qu'il ne s'entendait pas avec les gens. Il ne les comprenait pas.

Noah ouvrit la bouche, prête à dire quelque chose, puis la referma, cogitant à la façon de comment formuler sa question. C'était pourtant simple, elle voulait juste savoir pour qu'elle raison il se jugeait comme un monstre. Il n'avait rien de monstrueux, mais n'ayant vu que très peu de garçons d'aussi près, elle était incapable de dire si il était mignon ou pas. Elle planta son regard dans le sien et demanda cash : 

" Pourquoi tu te considères comme un monstre ?"

Elle n'avait pas peur de le blesser, elle voulait juste savoir, et puis, pour le tact, nous dirons simplement qu'elle en était totalement dénuée. Elle lissa son t-shirt histoire de faire comme si elle ne trépignait pas d'impatience de connaitre la réponse à sa question.

Un sourire amusé étira ses lèvres. Il se considérait comme un monstre, oui. Il ne s'était jamais posé la question du pourquoi, mais il essaierait de répondre à sa question en totale improvisation, quitte à parler un peu trop. 

- Tu vois ... Un monstre est quelque chose qui n'est pas humain, dans l'opinion publique. Et je ne suis pas humain. 

Il lui sourit de nouveau, réfléchissant à la suite. S'il voulait être franc, il n'y avait pas que ça. C'était aussi Kronos qui faisait de lui un monstre. 

- Et quelqu'un d'autre que moi partage mon corps. Et il est ... Plus agréable et me fait encore plus passer pour un monstre. 

Son sourire devenait un peu triste. Oui, Kronos était mieux que lui sur tous les points, et il ne se gênait jamais pour le lui rappeler. Il leva les yeux vers elle ; elle le prendrait certainement pour un taré malade mental. C'est ce qui arrivait tout le temps, de toute façon, il était habitué ; il répondait honnêtement à toutes les questions, même celles qui impliquaient de passer pour un fou.

Elle ne l'avait pas vexé, et elle en était soulagée. Elle écouta ce qu'il disait, se demandant ce qu'il était alors si ce n'était pas un humain. Et cette histoire de seconde personne qui partageait son corps était étonnante. Aucune émotion ne traversa son visage, elle se contenta de hocher la tête de haut en bas. Elle se demandait à quoi ressemblait l'autre, mentalement. Elle demanda : 

" Pourquoi est-il plus agréable ? Définis agréable et tu verras que ça te correspond à toi aussi. "

Elle se laissa glisser le long de son rocher pour se trouver à la hauteur d'Arès, un peu plus près même, mais cette fois ci ça ne la dérangeait pas. Elle le regarda, et, après une hésitation, elle le prit dans ses bras. C'était une étreinte maladroite, mais elle la tenta réconfortante. Lorsque qu'elle s'éloigna de lui, elle posa ses mains sur ses épaules et déclara doucement : 

' Tu ne dois pas être triste. Et encore moins à cause de ton colocataire de corps. " 

Définir agréable ? Il y réfléchissait depuis des années. Il s'était même écrit une définition, mais elle était très longue et il ne l'avait pas sur lui. 

- Il est plus agréable parce qu'il dit ce que les autres veulent entendre, que ce soit vrai ou non. Moi, je ne dis que la vérité. 

Il ne bougea pas d'un pouce quand elle le prit dans ses bras. Personne n'avait jamais fait un truc pareil pour lui. Il ne savait pas du tout comment réagir. 

- D-d'accord. Merci Noah ...

Pour Noah, une personne qui disait ce que les autres voulaient entendre n'était rien de plus qu'un hypocrite. Comment pouvait-il être moins bien qu'un hypocrite. Maintenant, elle avait envie de le gifler. Elle rétorqua rapidement : 

" Tu ne peux pas prétendre qu'il est mieux que toi alors ! Et ce que tu es est beaucoup mieux que ce mec débile, compris ? "

Elle était mécontente. Elle croisa les bras sur sa poitrine et fit une moue boudeuse. Elle, elle avait le droit de se dénigrer, mais pas lui. Elle le regarda et sur un ton de gamine contrariée elle ajouta : 

" Y'a pas de quoi. " 

Ares eu un sourire las. Oui, exposé comme ça, la vérité était mieux. Mais en réalité, l'autre était plus agréable, plus gentil, avait plus de conversation et ne se montrait jamais impoli. Donc, les paroles de la jeune fille n'influençait pas son opinion. Il ne répondit alors pas quand elle lui demanda s'il avait compris. Il se contenta de la regarder dans les yeux, honteux. 

- J-je peux avoir encore un calin ? 

Il avait envie de rire de lui même. Il était complètement pitoyable, mais il avait bien aimé, et finalement, tout ça le rendait peut être triste.

Noah avait toujours les bras croisés sur sa poitrine et scrutait le regard d'Ares. Dans les iris anis de la jeune femme aucune émotion ne paraissait. Elle semblait de marbre. La question qu'il posa la décontenança et elle dût cligner plusieurs fois des paupières pour être certaine qu'elle ne rêvait pas. Il lui demandait de lui faire un câlin. Elle aussi elle avait aimé sentir quelqu'un contre elle, pour une fois, mais même sous la torture elle ne l'avouerait jamais. Comme elle était plus petite, il lui semblait être comme protecteur pour elle. Elle n'aimait pourtant pas qu'on la traite comme une gamine à protéger, mais là encore, c'était différent. Tout était différent avec Ares. Elle glissa ses bras autour de la taille du garçon et posa sa tête contre son torse. Sur le ton de la confidence, elle glissa :

" Tu sais, tu es le premier garçon que je serre contre moi... Enfin, tu es la première personne à qui je fais un calin. C'est bizarre, je me sens comme n'importe qu'elle autre personne, et je n'en ai pas envie. " 

Après un petit soupir, elle se blottit contre le garçon.

Il ferma les yeux, profitant de l'étreinte. Cette fois, plutôt que de la laisser faire, il passa ses bras autour d'elle et la serra un peu. Il n'avait jamais fait ça, mais c'était très plaisant. 

- Crois moi, n'importe quelle autre personne ne me ferait pas un calin. 

Il sourit et, après une hésitation, il l'embrassa sur le front. Elle était plus petite que lui, et trop mignonne. Il en aurait presque oublié que c'était elle qui le réconfortait et pas l'inverse. 

- Merci Noah. Je ne suis plus triste, maintenant. 

Il la regarda dans les yeux, le regard complètement différent. Il avait du mal à croire qu'elle voulait bien rester contre lui.

Pour elle aussi c'était une première, et c'était plus agréable qu'elle ne le pensait. Elle leva la tête et le regarda : 

" Crois moi, n'importe qu'elle autre personne aurait tort de ne pas te faire de câlins. " 

Elle se contenta de fermer les yeux en sentant ses lèvres sur son front. C'était encore dur à ce niveau là, mais elle lui faisait suffisamment confiance pour le laisser faire. Elle sourit quand elle sût qu'elle avait réussit à faire passer son petit coup de blues. 

" Pourquoi tu me regardes comme ça ? " 

Elle décida de rester là où elle était car elle y était à son aise.

Alors tout le monde avait tort. De toute façon, quiconque rencontrait Kronos était prévenu : vois aurez des problèmes si vous approchez Ares. Alors un câlin ... n'importe qui qui connaîtrait Kronos aurait peur de ses représailles. Il lui sourit. 

- Je te regardes ... 

Il réfléchit à la vraie raison. Pourquoi il la regardait ... 

- Parce que tu es là, dans mes bras, toute petite et ... ça me fait plaisir de te regarder. 

Il sourit. C'était sûrement pour ça. Il aimait bien qu'elle soit avec lui, il n'avait pas envie qu'elle parte, et il craignait que Kronos reprenne le contrôle du corps dans peu de temps.

Noah était persuadée qu'Ares était bien mieux que Kronos, Ares était gentil, et vraiment adorable avec elle. elle le serra contre elle en enfouissant sa tête dans son tshirt. Quand il répondit à sa question, elle fit ce qu'elle n'avait pas fait depuis bien longtemps : elle rougit.

- Arrête je ne suis pas petite. En plus je ne vois pas ce qu'il y a de plaisant à regarder chez moi hein. "

Elle fit la moue. Dejà elle n'aimait pas rougir, parce qu'elle se trouvait nunuche et ensuite elle se sentait vulnérable, elle perdait son assurance. Elle leva la tête vers Ares et ajouta :

" Par contre toi tu es beau à regarder."

Il la fixa étrangement en voyant qu'elle rougissait. En réalité, il n'avait jamais vu ça, et ça lui semblait bizarre. Il toucha sa joue du bout des doigts. 

- Ton visage est tout chaud Noah ... Tu es sure que ça va ? Si je te donne chaud, tu n'es pas obligée de rester là, tu sais. 

Il se demanda quelle était l'explication scientifique d'une telle réaction, et finit par se dire qu'elle était peut être malade. Mais la fièvre se manifestait plutôt par de la chaleur au niveau du front ... Il passa sa main entière sur le front de la jeune fille, sans gêne, mais il n'était pas particulièrement chaud. Décidément, il ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait, il faudrait qu'il pense à étudier ce phénomène dans peu de temps. Puis il se rendit compte qu'elle lui avait parlé. Beau à regarder ? Tout était relatif ... Elle n'avait sûrement pas vu les détails de son visage. Même s'il avait des traits harmonieux, il avait des coutures fines qui partaient du côté droit de sa mâchoire et grimpaient jusqu'à sa tempe, qui selon lui gâchaient tout. Même si elles étaient assez discrètes avec ses épais cheveux noirs, il ne supportait tout simplement pas son visage.

Noah fut étonnée de la réaction de Ares, et alors qu'il paraissait inquiet, elle glissa sa main dans la sienne et la serra doucement. Avec un sourire rassurant,elle dit :

"Panique pas Ares, je rougis juste je ne suis pas malade. C'est tout à fait normal. "

Elle caressa sa main avec douceur. Elle savait que pour lui ça ne devait pas être très évident, étant donné qu'il n'était pas humain. Rapidement, elle perdit de ses couleurs et reprit une teinte de peau tout à fait normale, elle lui sourit :

"Regarde, je vais bien. "

Elle n'aurait jamais crut devoir expliqué à quelqu'un ce que c'était de rougir, mais une chose était sûre, elle ne lui dirait pas pourquoi.

Ares réfléchit. Rougir ? Ce n'était pas une explication très scientifique. 

- D'accord. Pourquoi tu ... Rougis ? 

En y repensant, il avait déjà entendu ça, mais ce devait être il y a très longtemps. Il se souvenait que Kronos le faisait sur commande, quand il jouait les grands timides pour séduire. Mais ce n'était pas pareil, ce n'était pas le genre de Noah et elle n'avait pas l'air de le faire quand elle le voulait. De toute façon, comparer Kronos avec la jeune fille qu'il avait contre lui était monstrueux. Elle n'avait absolument rien en commun avec lui. Il regarda ensuite la main de la jeune fille. Elle était chaude également, contrairement à ses propres mains qui avaient toujours été glacées. C'était un autre signe distinctif entre lui et Kronos : Ares avait toujours la peau glacée, et l'autre était comme un radiateur même en plein hiver.