La meilleure musique [PV Sunny ♥ ] [Terminé]

Ethan regardait Syrielle. Il ne savait pas si elle risquait quelque chose de grave, mais en tour cas il ne comptait pas la laisser toute seule, si il fallait il  la raccompagnerait même chez elle. Il soutint son regard en souriant sereinement. Tant qu'il était là, personne ne la toucherait. 

"Qu'est ce qu'elles te veulent ces personnes ?"

Il lui caressait les cheveux pour l'apaiser, elle n'avait pas l'air dans son assiette.

Syrielle tourna la tête vers lui, avec un petit sourire. 

- Ils ne me veulent rien de bien. Apparemment, c'est pas le genre tendre.

Dans le milieu de son frère, les tendres n'existaient pas. C'était plutôt torture et compagnie, rien de bien catholique. Elle frissonna d'effroi et se blottit contre le jeune homme, profitant de ses caresses rassurantes. 

- Merci Ethan. Tu es un ange.

Ethan sourit. Il était un ange seulement avec elle. Et puis, il ne voulait pas qu'on lui fasse de mal non plus. Il se demandait ce que ces types lui voulait, elle qui était si gentille. 

"Ils veulent te faire quoi ? "

Dans tous les cas Ethan la protegerait le temps que son frere prenne le relais. Comme ça elle ne serait jamais seule et ne risquerait rien. Il la serra un peu plus contre lui en la bercant tendrement.

Le regard de Syrielle se perdit dans le vague. 

- Ils veulent faire passer l'envie à mon frère de leur faire de la concurrence. 

Saevin était bien trop fort pour eux. Il tirait sur un homme en une seconde et les yeux fermés. Même s'ils s'y étaient mis à 100, ils n'auraient pas pu lui faire le moindre mal. 

- Mon frère me protège aussi parce qu'il sait que ce qu'il fait me met un peu en danger.

Ethan se demandait de quelle concurrence elle parlait. Mais il se doutait bien qu'il s'agissait d'un truc pas super net, sinon sa soeur ne risquerait rien. Là, elle risquait de se faire agresser par un mec sorti de nul part. Pendant un instant, il fronça les sourcils, pinça les lèvres, et réfléchit. Il était très protecteur, avec n'importe qui. Même avec Noah qu'il ne pouvait pas voir en peinture, il l'était. Il savait que la "magicienne du feu" comme il l'appelait, n'avait nul besoin d'être protégée, et ce par quiconque, ce qui n'empêchait pas de toujours garder un oeil sur elle. Il faisait de même avec Sunny, qui aimait s'attirer des ennuis en traînant avec n'importe qui et n'importe quoi. Concernant Annelyse et Gaëlle, il leur prêtait beaucoup d'attention même si les deux n'avaient pas vraiment besoin d'être protégées. Il pouvait donc bien proteger Syrielle. Il hésita un instant à lui proposer de vivre dans le manoir en attendant que son frère revienne, mais il ne le fit pas. Au lieu de ça, il lui caressa le dos d'une main absente et déclara sur un ton évasif : 

" Il ne te protège pas pour l'instant. "

- Il ne peut pas toujours le faire ... 

Syrielle n'avait jamais eu l'intention d'être un fardeau pour quiconque. Elle avait tout de même sa fierté, ainsi elle ne demandait rien à personne la plupart du temps. La seule exception à cette règle était son frère, mais ils étaient jumeaux ; pour elle, c'était un peu comme demander quelque chose à soi même.
Elle regarda le jeune homme dans les yeux et lui sourit, pour le rassurer, même si elle ne l'était pas. D'ordinaire, son frère la gardait en dehors de ses affaires le plus possible ; il évitait surtout de lui en parler. Ce devait être un cas de force majeure pour qu'il la mette au courant.

Sans avoir tourné la tête vers la jeune femme, il avait senti qu'elle souriait, et la voir sourire le fit sourire à son tour. Elle était mignonne, elle l'attendrissait. Peu de personnes y parvenaient. Il lui tapota la tête en lui souriant : 

" Ca te dérange si jusqu'à son retour je m'occupe de toi ? " 

Il avait demandé ça presque timidement, il n'aimait pas trop proposé son aide et craignait toujours un refus. Au fond, on aurait pu penser que c'était un grand timide peu sûr de lui.

Syrielle regarda le jeune homme, surprise. Elle ne s'attendait pas à quelque chose comme ça. Elle aurait pu se faire protéger par de nombreuses personnes ; Kronos aurait pu le faire, comme bien d'autres. Mais elle n'aurait pas demandé, jamais. Or Ethan le lui proposait, alors elle n'allait pas refuser. 

- Non, ça ne me dérange pas. Je te l'aurais demandé ... 

Elle baissa les yeux, honteuse. Elle n'aimait pas paraître faible, ingrate et incapable. C'était peut être ce qu'elle était, au fond ...

Pour Ethan, demander de l'aide n'était pas une preuve de faiblesse, il s'agissait plutôt d'un acte de courage, qui prouvait qu'on ne pouvait pas tout faire tout seul. Il lui offrit un sourire adorable, preuve que ça ne changeait en aucun cas l'opinion qu'il avait d'elle. Il se releva, lui tendit une main galante et demanda : 

" Tu veux marcher un peu ? J'aime pas rester assis." 

Puis, il sonda le regard de la jeune fille, voyant que le fait qu'elle accepte sa proposition la gênait un peu, surement par orgueil. 

" Tu sais, faut pas avoir honte d'avoir besoin d'aide. " 

Syrielle pris sa main et se releva, avant de lui sourire. 

- Je sais que c'est orgueilleux, et que l'orgueil n'est pas bon. Mais je n'y peux rien, on a tous sa petite fierté, je suppose ... 

On lui avait déjà fait la leçon à ce sujet. Ce n'est pas sa vanité qui la maintiendrait en vie. Son frère le lui disait toujours, à l'époque où rien de ce qui arrivait n'était de sa faute, et où il n'avait rien à se reprocher. Tout ça lui paraissait loin, et pourtant ces paroles semblaient toujours aussi sages. Elle leva la tête vers Ethan, souriant. Elle accepterait son aide. C'était comme ça, les amis. Il lui offrait son aide cette fois, parce qu'elle ne parviendrait à rien toute seule, mais elle se promettait de lui rendre la pareille. Certes elle ne pourrait pas le protéger, mais elle pourrait régler certains de ses problèmes, sûrement. Dans son esprit, la situation e résumait à "je lui en dois une".

- Tu veux qu'on aille où ?

Ethan avait l'habitude des gens orgueilleux, il en côtoyait régulièrement. Notamment Sunny et Noah. Les deux étaient d'un orgueil maladif, qui s'avérait parfois gênant pour le jeune homme. Lui qui aimait se sentir utile et pouvoir filer un coup de main à ses amis ou à ses colocataires, il ne le pouvait que très rarement. Il regarda au loin. Il était quand même content que Syrielle ai accepté son aide, même si il se doutait que dans la tête de la jeune femme, elle lui devait un service en retour. Cette pensée lui arracha un sourire et il se baissa pour ramasser son sac, dans lequel il fourra sa serviette.

" Oui, je suppose aussi. "

Puis, il l'entraina vers le bord de mer et se mit à marcher le long de la plage :

" Nul part. Juste qu'on marche un peu."

Syrielle se laissa entraîner, sans avoir pris son sac. De toute façon, cette flûte n'était pas importante ; ce n'était pas la sienne, enfin pas celle qu'elle avait depuis des années, c'était juste celle qu'elle prenait pour aller jouer ailleurs. Elle marcha à côté du jeune homme, au départ à sa droite, puis elle passa derrière lui pour se mettre à sa gauche. Autrement, elle n'aurait pas pu le regarder s'il lui avait parlé, et elle n'aimait pas ça. C'était une des choses les plus handicapantes dans la perte de son oeil droit, le manque d'amplitude de son regard. Elle tourna la tête vers le jeune homme, et après lui avboir sourit, elle déclara : 

- Je ne suis pas si orgueilleuse que j'en ai l'air. J'ai plutôt tendance à profiter des autres, alors il vaut mieux faire attention.

Ethan, toujours en protecteur averti, se tourna pour voir si Syrielle n'avait rien oublié. Voyant son sac laissé sur le sable, il haussa un sourcil et se tourna vers elle, un peu étonné :

" Tu le laisse ici ? On va te le prendre, tu sais. "

En effet, la plage n'était pas toujours bien fréquentée. Généralement, il s'agissait de groupes de jeunes qui cherchaient juste un endroit tranquille où ils pourraient boire et fumer en cachette, mais parfois, des gens pas très nets rodaient dans le coin et piquaient le moindre petit objet susceptible d'être revendu. Ethan avait fait face à certains d'entre eux, mais il avait toujours récupéré ses affaires, quitte à jouer des poings. Puis, il se tourna de nouveau vers Syrielle et lui rendit son sourire :

" Toi, profiter des autres ? "

Syrielle profita qu'il l'attendait pour aller récupérer son sac et le rejoignit rapidement. Elle ne l'avait pas oublié, elle avait juste été entraîné trop vite. Elle n'était pas du genre tête en l'air, mais plutôt tête sur les épaules. Elle lui sourit avant de répondre à sa deuxième question :
 
- Oui, moi. Je profite des autres pour qu'ils fassent pour moi ce que je ne peux pas faire. Mais ne t'inquiète pas, je ne le ferais pas avec toi. 

Mais les personnes qui ne la connaissaient pas bien ou qu'elle n'aimait pas particulièrement avaient intérêt à se méfier d'elle, parce même si elle s'était amélioré, elle restait un parasite quand elle voulait.

Ethan sourit. Personne n'avait jamais réussit à la manipuler, ni même à profiter de sa gentillesse. Il pouvait donner sans compter, mais il avait toujours les yeux ouverts, si bien que, quand on se moquait de lui ou qu'on l'utilisait pour arriver à ses fins, il envoyait la personne sur les roses. Donc, si Syrielle avait voulu se servir de lui, elle n'y serait jamais parvenu. Il lui sourit avec gentillesse : 

" Je ne m'inquiète pas, rares sont les personnes capables de se servir de moi. " 

Cette facilité à reconnaitre les personnes qui se moquaient de lui venait de son habitude à se méfier de tout et de tout le monde.

Syrielle sourit en le regardant dans les yeux. 

- Je suis contente alors, je ne ferais pas partie de ces personnes. 

Elle n'en avait pas l'intention, de toute façon. Elle n'était manipulatrice qu'avec les pauvres idiots qui avaient des intentions malveillantes à son égard. Elle savait bien les reconnaître. Ethan n'en faisait pas partie, il était gentil avec elle comme peu de personnes l'étaient de façon désintéressée. En plus, il la protégeait. C'était un ami parfait.

Ethan sourit puis s'arrêta, il tendit le bras vers la jeune femme, plutot vers son sac et demanda gentiment :

"Tu veux que je te le porte ? "

Il était par nature trés galant et adorable avec les femmes. Syrielle méritait qu'on soit aux petits soins pour elle. Pas parce qu'elle était faible, au contraire, mais plus parce que, hormis son frère, personne d'autre ne semblait se préoccuper d'elle. Pourtant, c'était une fille adorable, pleine de ressources, et plutot drole. Il lui sourit avant de lui ebouriffer les cheveux.

Syrielle rit un instant. 

- D'accord je suis faible, mais je peux quand même porter mon sac mon petit ~ 

Elle se demanda quel âge il avait. Il était peut être plus vieux qu'elle. Il était presque trop galant pour être vrai, mais elle avait envie de croire qu'il était juste très bienveillant avec elle. Son frère lui avait souvent dit qu'elle méritait la gentillesse des autres, mais elle avait toujours rit en entendant ça. En rencontrant Ethan, elle commençait à y croire, rien qu'un peu.

Ethan eut un sourire amusé, déjà parce qu'elle osait l'appeler "mon petit"  et ensuite parce qu'il l'avait fait rire. Il avait envie de la taquiner, mais il n'en fit rien, se contenta de lever les mains en l'air comme un voleur prit sur le fait et de dire sur un ton boudeur : 

" Bien bien, je te laisse porter ton sac ! " 

Après quoi il continua de marcher plutôt doucement, les vagues venant s'écraser non loin d'eux. Il trouvait ça amusant : il avait toujours aimé l'eau, aussi loin qu'il se souvienne. En vérité, il passait plus de temps dans l'eau que sur terre, c'était, comme sa mère disait, un véritable poisson. Etant petit Ethan avait toujours cru que se faire appeler de la sorte était une insulte, mais il avait comprit plus tard que ce n'était pas le cas, qu'il s'agissait simplement d'une constatation. Il aperçut plus loin un amas de rocher, dont un très plat qui était juste au dessus de l'eau, Ethan considérait ça comme un plongeoir naturel. Il demanda : 

" Tu veux monter la haut ? " 

Syrielle lui sourit. Elle ne pensait pas l'avoir vexé en lui disant qu'elle pouvait le faire elle même. Avant de poser la question sur son âge, celle qui lui brûlait les lèvres, elle considéra la proposition du jeune homme. Elle analysa le tas de rochers, vérifiant qu'elle pouvait bien le faire, ce qui était le cas. C'était un peu de l'escalade, mais avec son cache oeil, ce serait bon.

- Ouaip, je veux bien.

Elle savait que ce serait difficile pour elle. Même si elle ne voulait pas l'admettre, tout était devenu un combat depuis qu'elle avait perdu son oeil. Elle n'évaluait plus les distances comme avant, et même si ça allait bientôt faire 4 ans, elle ne s'y faisait pas. Pour les choses comme ça, comme l'escalade, elle était obligée de cacher son oeil valide, car elle ne pouvait pas se fier à sa vision. Elle était bien meilleure sans rien voir, dans ces cas là. 
Elle regarda ensuite le jeune homme dans les yeux, avec un sourire : 

- Tu as l'air d'un nageur, Ethan ~ Au fait, tu as quel âge ?

A force d'avoir grimpé sur ses pierres, Ethan les connaissait par coeur, il savait donc quelle pierre était glissante, quelle pierre menaçait de s'écrouler, ou quelle pierre était parfaitement stable et ne risquait pas de céder sous leur poids. Tout en fixant les pierres, il se promit de rester derrière Syrielle et de l'aider à escalader. Il déposa son son sac et tout le reste de ses affaires au pied du rocher puis débarrassa son amie. Il lui sourit largement et sauta sur une des roches avant de tendre la main vers la jeune femme. 

" Tu peux me faire confiance, tu te feras pas mal. " 

Il soutint le regard de la demoiselle sans mal, et répondit avec une certaine nonchalance : 

" En effet, je nage. J'ai 19 ans, et toi ? " 

- J'ai le même âge. 

Elle regarda un long moment les pierres, avant de prendre le cache-oeil de son sac et de la placer sur son oeil bleu. 

- Je me ferais mal si je fais confiance à ma vue. Sinon, peut être pas. 

Elle attrapa la main du jeune homme sans hésitation, comme si elle voyait parfaitement où elle était. Elle faisait confiance à ses autres sens plus qu'à sa vue, puisqu'elle n'évaluait pas les distances, cela pouvait s'avérer dangereux. Elle pouvait très bien avoir l'impression que son pied était tout près des rochers, et finalement s'appuyer dans le vide.

Ethan la regarda faire sans lisser transparaitre une quelconque émotion, il souriait legèrement, même. Il l'aida à grimper sur la premiere roche, et, sans la lacher, considéra les autres roches d'un coup d'oeil. Il grimpa sur une autre pierre, et hissa la jeune femme avec lui :

"Si tu as un problème, n'hésites pas à me le dire, hein."

Il n'avait pas envie qu'elle se fasse mal, et il savait qu'elle ne devait pas être du genre à se plaindre mais il esperait qu'elle lui dise si elle avait un problème.

Syrielle montait avec une facilité étonnante, presque sans s'aider du jeune homme. Elle était très fière sur ce point : elle n'aimait pas quand on l'aidait avec son handicap. Elle avait du se débrouiller toute seule pour gérer ça, puisque son frère ne pouvait pas l'aider. Finalement, elle avait presque tout réussi toute seule, quand elle tendit la main vers l'endroit où était Ethan. 

- Dis, tu pourrais me hisser sur la plus haute pierre, s'il te plait ? 

Elle n'était pas sure de laquelle c'était, donc elle préférait demander. Elle savait qu'elle pouvait le faire elle même, mais elle prendrait plus de temps et ce serait dangereux.

Ethan, assez étonné, n'avait pas beaucoup avancé. En vérité, il ne s'attendait pas à ce qu'elle grimpe aussi vite et aussi bien. Il se dit qu'elle était épatante, et qu'après tout, elle avait surement l'habitude de se débrouiller seule. Il aurait bien aimé savoir ce qui avait causé la perte de son oeil, mais la question lui paraissait vraiment très personnelle et il n'avait pas envie de glisser une gêne entre eux ou de risquer de mettre mal à l'aise la jeune fille. Elle le sortit de ses pensées en lui demandant si il pouvait l'aider à se hisser sur la pierre la plus haute. Il la rattrapa rapidement, la dépassa quelque peu et une fois assuré de son équilibre, il hissa la demoiselle sur la pierre finale. Elle ne pesait pas grand chose pour un gaillard comme lui qui en avait beaucoup dans les bras. Sur un ton joyeux, il déclara : 

" Et voilà ! " 

Il regarda le paysage avec grande attention. Ils n'avaient pas escaladé un rocher de vingt mètres de haut, mais les trois petits mètres qui les séparaient du sol suffisaient pour avoir une vue impressionnante sur la mer. Celle ci semblaient s'étendre à perte de vue, à l'infini même. Cette pensée le fit sourire.

Dès que ses pieds touchèrent la pierre, elle enleva son cache oeil pour regarder le paysage. C'était magnifique ; elle n'avait pas passé beaucoup de temps au bord de l'eau, ce paysage était pour elle totalement nouveau et encore magique. Elle avait un regard d'enfant émerveillée. Elle tendit le bras devant elle, comme si elle avait pu saisir la mer dans sa main. Elle resta un moment ainsi, le bras tendu, à observer ; vu de l'extérieur, ça pouvait paraître bizarre, mais c'était une attitude habituelle pour elle. Bizarrement, elle adorait faire ça, dés qu'elle observait un paysage ou même le ciel. Finalement, elle tourna la tête vers lui et lui sourit : 

- C'est bête, mais je trouve ça magnifique. 

Elle n'avait toujours connu que la ville. New York, c'était pas le même paysage, et même si elle adorait, elle ne pouvait pas nier que tout ce qu'elle voyait dans le coin lui plaisait beaucoup.

Ethan regarda la scène, à la fois amusé et attendri. Pour lui, la mer était presque familière, il la connaissait à force de la voir, mais, pour le jeune homme, c'était toujours un spectacle qu'il jugeait magnifique. Il regarda l'écume qui collait contre les roches dépassant de l'eau. Il avait toujours pensé que de loin, les étendues blanches d'écume ressemblaient à du coton. A ce souvenir, il eut un petit sourire nostalgique. Il aurait pu rester là des heures durant, sans se lasser. Il murmura : 

" Non, je trouve pas ça bête, loin de là, c'est vraiment magnifique, je ne me lasse pas. Tu aimes ce genre de paysages ? " 

il se dit qu'un jour, il emmènerait tous ses amis dans son pays natal. Ses parents avaient une grande maison, et il savait de source sûre que son frère y vivait encore.

Elle fixait toujours la mer, avec un sourire nostalgique. 

- Je suis née entre deux buildings alors oui, la nature me parait magnifique. 

Enfin, quand elle disait "entre deux buildings", elle parlait de la ville. Elle était issue d'une famille aisée, tout de même. Enfin, avant que tout crame, c'était le cas. Elle tourna la tête vers le jeune homme et sourit : 

- Toi, tu as l'air dans ton élément. Tu as du naître dans des décors pareils. 

Elle avait remarqué ce petit sourire nostalgique tandis qu'il regardait la mer. C'était mignon.

Ethan ne fut pas étonné d'apprendre qu'elle était née en ville. En vérité, les personnes qui réagissaient comme elle en voyant la mer venaient obligatoirement de la ville. Il avait tiré ces conclusions il y a bien longtemps, alors qu'il vivait encore sur les côtes écossaises. Quand il l'entendit dire qu'il avait l'air dans son élément, il détacha enfin son regard de la surface de l'eau et fixa la jeune femme en souriant. Elle avait totalement raison. Il s'assit de sorte à ce que ses pieds brassent le vide et se remit à fixer la mer, comme si, voir la grande étendue d'eau salée lui donnait l'inspiration pour parler. Sur un ton un peu évasif, légèrement rêveur, il se permit de faire quelques confidences à la jeune femme : 

" Tu as raison. Je suis né entre terre et mer. Mes parents avaient une grande maison près des côtes écossaises, tous les matins, quand il ne faisait pas trop chaud, j'allais me baigner. Petit, je me disais que si je nageais assez longtemps et assez vite, je pourrais atteindre les côtes françaises. "

Il étouffa un rire à cette pensée et leva le regard vers Syrielle.

Syrielle ne trouva qu'une chose à répondre, avec un sourire : 

- Et tu as réussi ? 

Elle, elle avait pensé jusqu'à dix ans que son frère pouvait sauter d'un gratte ciel à un autre. Mais lorsqu'elle l'avait avoué à son frère, il s'était avéré que 3 ans après, il le faisait vraiment, juste pour ne pas la décevoir. Désormais, il sautait vraiment entre certains gratte ciels, entre balcons ou sur les toits, pour se déplacer plus vite. Toujours était-il que les rêves de gamins n'étaient pas toujours si irréalisables.

Ethan secoua la tête de gauche à droite en souriant, même si, au fond, il aurait aimé réussir cet exploit. 

" Non. Malheureusement. Même si je suis bon nageur, je pense que je devrais d'abord commencer par traverser la Manche...et même là, je serais vraiment étonné de réussir. " 

Il regarda la jeune fille, une lueur d'amusement dans le regard. Il aimait bien quand elle souriait, elle était jolie. Et puis, parler un peu de son passé avec la jeune fille était nouveau pour lui. En vérité, il n'y avait qu'Annelyse qui connaissait son passé en intégralité, les autres en connaissaient quelques morceaux, mais rien de très intéressant.

Syrielle regarda l'horizon un long moment : 

- Quand on s'y met, rien n'est impossible. 

Elle le disait d'expérience. Beaucoup de choses lui avaient paru trop difficiles pour elle, mais au final, elle avait réussi ce qu'elle voulait. La chose la plus dure avait été de savoir qu'on ne lui disait rien. Son frère savait tout de leur histoire, mais elle même comblait difficilement les trous, comme si elle n'avait qu'une moitié de passé. Mais elle avait surmonté, tant bien que mal, la frustration, le poids de ce qu'elle ne savait pas, les regards coupable de son jumeau ... Elle continua de regarder la mer avec un sourire las. Quand elle se perdait dans de telles pensées, il n'y avait pas grand chose à en tirer ; cette fois cependant elle leva la tête vers le jeune homme et demanda : 

- Dis, Ethan, ça te dérangerait de me faire un calin ?

Ethan marmonna un "Hmm" évasif, laissant son esprit vagabonder quelques temps. Certes, rien n'était impossible, mais il avait arrêter de croire que ses rêves se réaliseraient, après tout, sa vie n'était qu'une misérable suite d'échecs, tous plus cuisants les uns que les autres. Il avait fini par en avoir marre et avait en quelque sorte baissé les bras. Désormais, il n'avait plus vraiment de but particulier dans sa vie. Il se dit qu'il devrait renouer avec son frère, ça, c'était un but, certes, mais il avait tellement peur de se planter à nouveau.. En même temps, tuer son père sous les yeux de son frère, c'était difficilement pardonnable, même impossible. Il fut sortit de ses pensées par la voix de Syrielle. Il cligna des yeux, la regarda, et lui sourit : 

" Non, bien sûr que non. Viens là. " 

Il ouvrit ses bras pour l'accueillir.

Syrielle s'installa dans les bras du jeune homme, doucement. Elle avait continuellement besoin de réconfort et d'affection s'en était presque maladif. Elle leva la tête vers Ethan, avant de demander après une hésitation : 

- Dis, tu pensais à quoi ..? 

Elle avait remarqué que son regard avait changé, qu'il avait un drôle d'air. Elle ne voulait pas lui faire de la peine en lui demandant, mais elle n'avait pas peur d'être indiscrète, alors autant se lancer. Elle aurait bien aimé en savoir un peu sur lui.

Ethan la serra un peu contre lui. Ca ne le dérangeait pas de la prendre dans ses bras, il était vraiment très affectueux. Il lui caressait le dos distraitement, appuyant son menton sur le haut de la tête de Syrielle avant de sourire en entendant sa question. Ca paraissait tellement complexe à expliquer. Il n'aimait pas parler de son passé, c'était douloureux, très douloureux, et aussi, il avait peur de son jugement. Mais il se dit que si il répondait à sa question, il aurait le droit de poser la même en retour alors il se lança, après avoir prit une profonde inspiration : 

" Je pensais à mon petit frère...je me disais qu'il me manquait... et toi, à quoi est ce que tu pensais, dis moi ? " 

Il enleva sa tête pour pouvoir la regarda dans les yeux.

Syrielle sourit, contente d'être là, avec Ethan. Il était si gentil avec elle, elle n'avait jamais eu d'amis pareils. En règle générale, elle ne se faisait pas d'amis, en tout cas pas toute seule. Parfois, son frère lui présentait des gens, mais ils ne devenaient jamais vraiment amis. 
Elle réfléchit à la réponse du jeune homme tant qu'à sa question. Elle se doutait que sa réponse était très raccourcie, elle décida de répondre un peu de la même façon, pour essayer : 

- Je me disais que mon jumeau me ment depuis 3 ans, mais je l'aime quand même. Pourquoi tu ne vas pas voir ton petit frère ? 

Elle n'avait jamais formulé la chose de cette façon, mais ça dédramatisait.