Baignade sans sel ~ [Pv Sunny ♥ ] [AHAH - terminé]

Il était 17 heures. La température commençait à peine à baisser, un grand luxe pour l'homme qui se prélassait sur le bord du lac. Il ne supportait absolument pas la chaleur, il ne l'avait jamais fait. Il regardait le ciel clair à travers ses lunette de soleil, qu'il finit par remettre sur son crâne en se redressant. Il regarda les deux énergumènes bruyantes qui s'éclaboussaient dans l'eau à quelques mètres de lui, avec un petit sourire amusé. Il ne se rappelait que vaguement comment il en était arrivé là. Il se rappelait que les deux avaient fait un caprice. Les autres étaient sur les nerfs, alors il avait décidé de calmer le jeu en distrayant les deux infernales gamines, qui n'en restaient pas moins des demoiselles ; et en règle générale, faire plaisir aux demoiselles était une priorité pour lui. Ka, la jeune fille aux cheveux blancs qui n'avait l'air d'avoir que 13 ans tout au plus, avait décrété qu'elle voulait se baigner, et Lou-Hélène avait affirmé qu'elle ne supportait pas le sel de la mer. Kronos avait fait un compromis, même si cela semblait impossible pour les deux fillettes, qui ne voulaient en réalité que se pourrir la vie l'une l'autre. Mais il avait quand même réussi à les traîner jusqu'au lac, et maintenant elles jouaient dans des énormes bouées qu'il leur avait acheté et s'éclaboussaient en se balançant des insultes. D'un sens, elles jouaient sagement, elles le laissaient tranquille. Lui bronzait sur le côté, en caleçon, il était beau et ne s'en cachait pas, après tout pourquoi faire ? Il n'était même pas pudique.

Gaëlle avait prit son après midi en vue de passer un peu de temps au bord du lac. Elle avait envie de dessiner. Malheureusement, le calme n'était pas au rendez-vous. Voilà quelques temps que deux demoiselles se balançaient des noms d'oiseaux tout en s'éclaboussant. C'était très contradictoire. Le vent faisait voler les longues mèches de la jeune femme, ainsi que ses feuilles de papier qui contenaient quelques malheureux croquis qu'elle avait réussi à griffonner avant qu'il y ai trop de bruit. Elle se leva et épousseta rapidement la petite jupe légère qu'elle portait avant de se mettre à marcher. Elle s'arrêta en arrivant près de demoiselles et les fixa longuement, une pointe de rancœur à leur égard perçait dans son regard. Son regard dévia ensuite vers le jeune homme étalé bien confortablement devant elle. Elle haussa un sourcil et le regarda. Il émanait de lui une assurance qui ne lui plaisait pas. Elle le scruta longuement de ses grands yeux émeraudes, se demandant encore ce qu'un énergumène pareil faisait dans le coin.

Elle soupira bruyamment. De plus en plus de personnes étranges venaient polluer ce petit coin de paradis et ça ne lui plaisait pas. Pourtant, il fallait avouer qu'il avait tout pour plaire, ce qui lui arracha un sourire. Elle chassa presque immédiatement cette pensée de son esprit et entreprit de se remettre à ses dessins. Elle sortit un petit crayon de papier, et, une fois encore sa maladresse légendaire intervint, et le crayon lui échappa, roula rapidement dans l'herbe pour atterrir dans l'eau. Elle scruta la surface foncée du lac, excédée.

Kronos se redressa sur les coudes, sans regarder la jeune femme. Il avait remarqué sa présence dés qu'elle l'avait regardé. C'était un peu comme un sixième sens. Il soupira un peu, avec un sourire en coin. 

- Lou, tu pourrais récupérer le crayon de la jolie demoiselle de mauvaise humeur, s'il te plait ?

La gamine soupira et ronchonna. 

- Maiheu, j'ai pas envie ! 
Il haussa un sourcil en la regardant, toujours avec cette confiance qui était en effet exaspérante. 
- Si tu es trop fatiguée pour le faire, on peut rentrer. 

Toujours en ronchonnant, Lou-Hélène s’exécuta, plongea et rattrapa le crayon, qui n'était pas profond du tout puisqu'il était tombé au bord. Elle lui rendit ensuite le crayon, avant de s'apercevoir en la regardant qu'elle la connaissait. 
- Gaëlle ! 
Elle lui adressa un sourire sadique qui indiquait qu'elle n'allait pas la lâcher et lui ferait regretter d'être venue. Kronos intervint avant que ça n'arrive, tournant la tête vers les deux filles. Ses cheveux noirs étaient un peu ébouriffés, et ses yeux aussi bleus que le ciel semblaient briller. 

- Ne l'embête pas, Lou-Hélène. Retourne jouer avec Ka, et plus calmement s'il te plait. 

Il avait l'air gentil, cependant la gamine obéit, pourtant ce n'était pas son genre. Il faisait partie des rares personnes qu'elle respectait, une chance pour lui, et aussi pour Gaëlle, qu'il regardait maintenant.

Gaëlle ne souleva pas la remarque de l'inconnu. Elle ne lui avait rien demandé. Elle se contenta de se pencher avec souplesse et de prendre son crayon des mains de la gamine. Elle lui lança son sourire le plus faux, avant de s'éloigner du bord. Et une fois loin du petit monstre, elle ajouta sur un ton calme : 


" Merci, Lou-Hélène. " 

Puis, elle pivota lentement vers le jeune homme tout en essuyant son crayon sur le bas de son débardeur. Elle releva la tête, soutint sans mal son regard bleuté, certes magnifique, mais qui l'énervait tout de même et lâcha : 

" Vous ne savez rien de mon humeur. " 

Elle se rapprocha encore un peu plus, le regardant de haut avec un certain...dégoût. Elle détestait son assurance, sa confiance qui semblait lui sortir par tout les pores de la peau. Elle aurait aimé lui donner une paire de claques et pourtant elle ne le connaissait pas. Il avait pourtant pas eu l'air méchant, il avait même fait récupérer son crayon. Mais elle savait pas, son air ne passait pas. Finalement, elle s’asseya, mais suffisamment  loin pour être hors de portée. 

" En plus, je ne vous ai rien demandé, j'allais y aller. "

Lou-Hélène fronça les sourcils. Elle ne savait pas ce qu'il se passait, mais elle n'aimait pas l'attitude de Gaëlle. 

- Pourquoi tu parles comme ça à Kro...

Il l'interrompit avec un petit sourire. 

- Laisse tomber Lou', j'ai du faire quelque chose de vraiment énervant ... 

Un instant, en regardant Gaëlle, une ombre sembla passer sur son visage. Il se posa vraiment la question. Puis il se dit que si son attitude ne lui plaisait pas, ce n'était pas son problème à lui. Il sourit à Lou-Hélène. 

- Tu peux retourner jouer. Et prends ton chapeau avec celui de Ka, vous allez attraper une insolation. 

Il les regarda avec un autre sourire. Elles au moins, elles l'aimaient bien. Tant pis si Gaëlle ne pouvait pas l'encadrer, il s'en remettrait. Il passa ses bras derrière sa nuque et se remit à regarder le ciel, en souriant.

Gaëlle ignora royalement l'enfant. Comme lui avait appris Isaac, c'était le mieux à faire. L'enfant n'avait pas changé, elle était toujours aussi désagréable. Elle haussa les épaules avec nonchalance. Après tout, elle avait droit de se poser ou elle voulait, et même là, pile entre cet inconnu débile et vantard et cette gamine complètement déchaînée. Elle remonta ses genoux contre sa poitrine et serra son carnet à dessins contre elle. Elle se mit à fixer le lointain en faisant abstraction de tout ce qui l'entourait, et au fond, elle se sentait plutôt sereine. Après quelques temps passés à laisser vagabonder ses pensées, elle déplia les jambes, sortit une nouvelle feuille parfaitement vierge, et, se pencha sur son dessin, elle oublia le monde. Cette étape était d'autant plus facile que ses cheveux tombaient en cascade autour d'elle de telle sorte qu'elle n'avait pas à avoir peur du regard du jeune homme. Elle s'en fichait même ! Elle releva la tête, se tourna vers lui, et sachant d'avance qu'il allait la prendre pour une folle, elle lui fit son plus beau sourire de défi.

Kronos finit, au bout de quelques minutes, par tourner la tête vers elle. Il la regarda dessiner un long moment, et quand elle releva la tête vers lui, loin d'être troublé ou de la prendre pour une folle, il lui rendit son sourire. Il préférait croire qu'elle avait fini par accepter le bruit et sa présence plutôt que de croire que ce sourire signifiait "tu vois sale con, je reste quand même !". En pensant à cette éventualité, il se retint de rire ; oui, ce serait presque normal qu'elle pense ça. Après tout, il savait comment il était, on le lui avait déjà dit, et même sans avis extérieur il était parfaitement au courant. 
Il savait que les grands timides au regard fuyant avaient plus de charme pour les filles intéressantes. Il s'était rendu compte de ça il y a quelques siècles maintenant. Lui, avec sa confiance pourrie, n'attirait que les filles un peu bêtes qui ne l'intéressaient pas et qu'il jetait très vite. Et les autres ne pouvaient tout simplement pas le supporter ; c'était inutile de faire le moindre effort, c'était comme ça. Perdu dans ses pensées, il regardait de nouveau le ciel avec un sourire las. Il était condamné, avec son comportement, à ne jamais parler à quelqu'un qui ait un minimum d'intérêt pour autre chose que la mode et le shopping. Un drame. 
Les deux fillettes jouaient plus loin, elles s'éclaboussaient toujours férocement mais ne criaient plus. Elles s'étaient assez éloignées pour ne pas éclabousser Gaëlle, même si ce n'était pas l'envie qui manquait à Lou-Hélène, qui la fixait de temps en temps avec un regard mauvais.

Gaëlle haussa un sourcil quand le jeune homme lui sourit. Il se moquait d'elle ? Elle pencha la tête et le regarda, cherchant à cerner un peu le personnage. Mais il n'y avait pas grand chose à cerner, il s'agissait là d'un être égocentrique qui dispersait sa confiance comme une traînée de poudre. D'un côté, Gaëlle n'avait pas envie de le connaitre plus que ça, mais de l'autre, elle avait pour habitude de se lier d'amitié avec des personnages étranges et mystérieux. Elle passa une mèche châtain derrière son oreille et demanda sur un ton presque sympathique :

" Comment vous appelez vous ? "

Après cette question, elle détourna le regard et se mit à observer les deux demoiselles. Les regards de Lou Hélène annonçait clairement la haine qu'elle éprouvait à son égard, mais elle se dit que c'était aussi dû au fait qu'elle avait attaqué son ami. Son regard se posa ensuite sur la demoiselle aux cheveux blancs. Elle ne l'avait jamais vue. Elle se surprit à sourire en les regardant. Finalement, elle replongea le nez sur son carnet à dessin et continua le croquis qu'elle avait entamé.

Il fut surpris par la question. Quand on ne peut pas supporter quelqu'un, on ne lui demande pas son prénom. Il en conclut qu'elle le détestait finalement un peu moins que ce qu'il croyait. Il interpréta ça comme une autorisation pour se rapprocher d'elle et il se leva, ne tenant pas compte du fait qu'il était en caleçon de bain et que c'était pas vraiment une tenue pour se rapprocher de quelqu'un. Il s'assit à côté d'elle, pas trop près quand même, juste assez pour la regarder dessiner. Il tourna ensuite la tête vers elle et lui sourit. Un sourire plutôt franc et sympathique. 

- Je m'appelle Kronos. J'ai déjà vu un de vos dessins ... 

Il n'avait pas besoin de lui demander son prénom. Il avait entendu quand Lou-Hélène l'avait dit ; sans en avoir l'air, il prêtait beaucoup plus d'attention à tout ce qu'il voyait ou entendait, sous ses airs d'indifférence. Il avait reconnu un peu le style de dessin, et il avait surtout mit en relation le G du dessin et le prénom Gaëlle. Et puisque ce dessin était encadré sur la table de chevet d'Isaac, il en conclut qu'ils étaient amis. Mine de rien, il réfléchissait très vite, et savait faire des liens. 

- Vous êtes une amie d'Isaac, je me trompe ?

Gaëlle lui lança un regard suspicieux et le voyant se lever pour s'asseoir à côté d'elle. Oui, elle s'était montrée sympathique, mais elle continuait de le surveiller. Elle se dit que les personnes qu'elle rencontrait aimaient la voir dessiner, et elle se sentait flattée. Elle ne le quitta pas du regard, et, malgré qu'il lui paraissait exaspérant elle ne put s'empêcher lui rendre son sourire. A l'évocation de ses dessins, ses joues rosirent et elle baissa le regard : 

" Oh..." 

Même si elle essayait de le cacher, Gaëlle était très timide. Elle n'avait pas l'habitude des compliments, ni même qu'on parle de ses dessins. Parfois, elle aurait voulu avoir la possibilité de revêtir une cape d'invisibilité pour arrêter d'avoir l'air stupide. Elle ne se douta pas de suite que Kronos ai pût voir son dessin. Même si elle se doutait qu'il devait faire partie de la colocation louche d'Isaac, elle ignorait complètement que son dessin était exposé aux yeux de tous. Au souvenir de son ami, un sourire radieux se planta sur ses lèvres et ses yeux se mirent à pétiller de tendresse. Elle regarda Kronos un bref instant et répondit :

" Non, vous ne vous trompez pas. Isaac est effectivement un de mes amis. " 

Il ne releva pas les regards qu'elle lui lançait. A la fin, en voyant son sourire, il lui sourit aussi, content qu'elle semble un peu de meilleure humeur. 

- Il m'a déjà parlé de vous. 

C'était vrai. De temps en temps, Kronos se renseignait sur la vie des pions qui vivaient avec lui, histoire de passer le temps. Isaac lui avait parlé d'elle quelques fois. Il se remit à regarder le lac, plus particulièrement les gamines, qu'il surveillait entre temps. Il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter un peu, même si les deux fillettes étaient des meurtrières sans conscience, elles restaient des enfants pour lui. Elles s'approchaient d'ailleurs du bord, en ronchonnant, chacune pour une raison différente. Il se leva et sortit deux serviettes de son sac et les enveloppa dedans ; il donnait l'impression d'être un père de famille comme ça, en réalité il était naturellement attentionné avec les demoiselles, à tout âge. Ka réclama une glace, Lou-Hélène un chocolat chaud. Il soupira discrètement, mécontent de devoir se rhabiller et ne plus prendre le soleil. Il avait une chemise blanche qu'il ne ferma pas jusqu'en haut et un jean noir tout simple. Il fallait avouer que ça lui allait plutôt bien. Il regarda Gaëlle dans les yeux : 

- Je suppose qu'il est inutile de vous proposer de venir manger une glace avec nous ?

La phrase que venait de prononcer Kronos fit virer Gaëlle au cramoisi. D'un côté ça ne l'étonnait pas car elle faisait de même, mais de l'autre, elle se sentait toujours flattée de savoir qu'il pensait à elle même si ils ne se voyaient pas souvent. 

" Je vois... vous vous entendez bien avec lui ? "

Elle se demandait qu'elle genre de personne ne pouvait pas s'entendre avec Isaac. Il avait un passé assez complexe et il avait par moment des attitudes un peu étranges, mais il était vraiment gentil. Et sa copine avait bien de la chance. Elle regarda Kronos envelopper les deux fillettes et finit par détourner le regard, elle n'aimait pas tout ce qui s'apparentait de près ou de loin à une famille. Elle ne laissa rien transparaître de sa tristesse et se releva simplement, se rappelant qu'elle n'avait rien mangé depuis la veille et que par ce temps une glace serait la bienvenue. Elle jeta un coup d'oeil au jeune homme, se mordillant la lèvre pour réprimer le sourire qui menaçait d'étirer ses lèvres. Finalement, elle annonça : 

" Vous supposez mal. Je viens. " 

Kronos sourit, pensif. S'il s'entendait bien avec lui ? En règle générale, il s'entendait bien avec tout le monde, à part ceux qui préféraient Ares. Mais avec Isaac, c'était différent, ils avaient quelques points communs. 

- Ouais, on peut dire ça ... On a un passé assez semblable. 

En vérité, pas du tout. Kronos ne se réincarnait pas. Il était seulement immortel et vivait depuis environ 2000 ans, mais avec Isaac au moins, il pouvait discuter des 300 dernières années. Ils avaient juste quelques siècles en commun, mais sa vie était à la fois plus et moins compliquée que la sienne. Kronos ne pouvait pas s'attacher à des gens normaux, ni vivre normalement ; au bout de quelques années, son entourage avait des soupçons parce qu'il ne changeait pas d'apparence, et il était obligé de tout recommencer, très loin. Cette fois cependant, il avait l'air plutôt posé ici, il comptait bien rester un petit moment. 
Il sourit à Gaëlle, Ka et Lou' se rhabillèrent. Lou-Hélène ronchonnait, demandant si c'était obligé, mais Kronos la fit taire d'un regard qui n'avait pourtant rien de menaçant, elle baissa la tête. Ka regardait l'inconnue, curieuse, sans méchanceté dans le regard. Elle détestait un peu moins les gens que Lou-Hélène, et elle cachait bien mieux son jeu, alors elle avait même l'air gentille. 

- Tant mieux alors. Je pourrais regarder vos dessins ? 

Il la regarda dans les yeux et sourit de nouveau.

Un passé assez semblable ? Hm...Encore un qui s'entendrait probablement avec Annelyse. Elle ne savait pas vraiment ce qu'il était et n'avait pas vraiment envie de le savoir. L'histoire d'Isaac était suffisamment complexe, et celle d'Annelyse aussi, c'est pourquoi elle n'avait pas envie d'en savoir plus pour le moment. Ses yeux émeraudes ne le quittait pas vraiment car ce jeune homme n'avait de cesse de l'intriguer au fil des secondes. Au bout de quelques petites minutes elle lâcha dans un sourire : 

" Je suis ravie, alors." 

Elle regarda les deux demoiselles, Lou Helène semblait très peu ravie de sa présence quant à Ka et bien..elle lui paraissait assez indéchiffrable. Elle ne savait pas si cet air gentil était une façon de cacher l'envie de lui taillader les veines ou si il y avait au moins un enfant qui tournait rond. Elle décida de ne pas s'en préoccuper pour l'instant. Elle réajusta sa petite sacoche sur son épaule en regardant Lou-Hélène et Ka se rhabiller. Elle aussi aurait été tentée par une petite baignade si le jeune homme au physique parfait n'avait pas un physique si parfait justement. De quoi aurait-elle l'air près de lui ? Cette idée lui arracha un sourire léger. La voix de Kronos la sortit de ses rêveries et elle cligna plusieurs fois des yeux avant de répondre, un peu gênée certes, mais sans rougir cette fois. 

" Oui, si vous voulez... " 

A chaque fois qu'il souriait, elle souriait en retour, et il s'agissait plus d'un échange de sourire et de regards que d'une conversation.

Kronos soupira brièvement. Lui aussi trouvait que finalement, leur échange était ennuyeux, comme toujours. Ils ne parlaient pas de shopping, mais ils ne parlaient pas tout court. En fait, peut être qu'elle n'était pas intéressante. Ka regardait Gaëlle, intriguée. 

- Qui êtes vous ? Vous faites quoi dans la vie ? 

Faute d'être gentille, elle était au moins très polie et plutôt amicale. Elle se retourna ensuite vers Kronos. 

- Après la glace, on retournera nager. J'ai CHAUD ! 
- Je sais. Il faudrait un glacier pour que tu n'aie plus chaud. 

Il avait l'air un peu exaspéré, finalement. Lou-Hélène prit sa main, le sortant de ses pensées, il lui sourit. 

- On y va, Kronos ?
- Ouais. 

Et il partit devant avec la gamine, tandis que Ka attendait Gaëlle, impatiente qu'elle réponde à ses questions.

Elle observa Kronos, un certain mépris apparut soudainement dans son regard. Quand il partit, elle croisa les bras sur sa poitrine et mitrailla son dos du regard. En fait, il était trop bizarre. Et niveau bizarrerie elle avait assez donné de sa personne. Quand elle s'aperçut que Ka était restée à ses côtés, elle se sentit moins abandonnée, et elle sourit. 

" Je m'appelle Gaëlle et toi ? Ce que je fais dans la vie...? Je dessine des livres pour enfants. " 

Au final, Ka lui semblait sympathique, et plus polie que Kronos. Elle n'avait finalement plus faim, alors elle se dit qu'elle allait rester ici et prendre le temps de se baigner. Avec un sourire poli elle demanda à Ka :

" Dis moi, je n'ai plus très faim, ça te dirait qu'on continue de parler tout à l'heure ? Je vais rester ici. " 

Elle posa ses affaires au sol, passa ses cheveux sur une épaule, et se tourna de nouveau vers l'enfant.

Ka fit un peu la moue. 

- D'accord ... On reviendra tout à l'heure, de toute façon.

Elle préférait la prévenir, comme ça si elle n'avait pas envie de rester, elle pouvait partir avant qu'ils ne reviennent. Après tout, si elle n'aimait pas Kronos ... Ka la comprenait très bien ; elle non plus ne l'aimait pas. Ou plutôt, c'était une des seules qui, entre Kronos et Ares, avait choisi Ares. Donc elle ne pouvait pas s'entendre avec Kronos, c'était mathématique. Mais au fond, elle aimait bien jouer avec Lou-Hélène et c'était pour ça qu'elle était venue. Elle les rattrapa vite fait et ils s'en allèrent en ville. Kronos avait retrouvé sa bonne humeur, loin de cette jeune fille qui le méprisait alors qu'il ne lui avait rien fait. Il leur paya ce qu'elles réclamaient, sans rechigner, pour leur faire plaisir. Lou-Hélène, en passant devant une vitrine, marmonna que Gaëlle faisait des fondants au chocolat, des fois, alors il lui en acheta une part, peut être qu'elle arrêterait de le mépriser ainsi. Après tout, il n'avait rien fait de mal. Et si elle n'était plus là quand ils reviendraient, Lou-Hélène avait dit qu'elle le mangerait.

Gaëlle lui offrit un sourire rassurant, lui assurant en quelque sorte qu'elle serait là quand ils reviendraient. 

" A toute à l'heure alors. Amuse toi bien. "

Elle avait regardé l'enfant s'éloigner jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'une forme lointaine. elle soupira et secoua la tête pour oublier Kronos et Lou-Hélène, deux êtres aussi détestables l'un que l'autre. Elle se mit face au lac, et sans détacher ses yeux de l'eau, elle se déshabilla lentement, laissant tomber sa jupe à ses pieds ainsi que son débardeur. Elle se déchaussa, et, avec précaution entra dans l'eau fraîche, un petit sourire aux lèvres. Elle guetta les alentours, se rassurant que ni Lou-Hélène ni Kronos ne pouvait la voir dans son bikini blanc. Elle avançait lentement laissant son corps se délecter de cette fraîcheur qui était la bienvenue. Ses cheveux ne tardèrent pas à être trempés et à coller contre son corps mince. Elle souriait béatement, simplement heureuse.

Ils traînèrent près d'une demi heure en ville. Il y avait toujours une des deux filles qui lui tirait le bras en passant devant une vitrine, lui répétant les mêmes phrases en boucle pour qu'il achète quelque chose, et il cédait en soupirant. Mais étant donné que les achats étaient principalement des produits comestibles et que les deux gamines étaient des ventres sur pattes, lorsqu'ils revinrent au lac, ils n'avaient rien de plus que lorsqu'il étaient partis, à part le fondant au chocolat. 
Pendant que Lou' et Ka se remettaient en maillot de bain pour se jeter à l'eau, Kronos déposa le gâteau près des affaires de la Gaëlle ; il ne se voyait pas lui donner ou elle l'enverrai promener, il en était aussi sur que du fait qu'il s'appelait Kronos. Il l'avait déjà repéré et se dit qu'il faudrait qu'il s'éloigne un peu du lac pour ne pas la gêner. Il regonfla les bouées des deux impatientes et se rallongea sur le bord tandis qu'elles retournaient se baigner et se battre dans l'eau. Lui regardait le ciel, en se disant que si Gaëlle pensait qu'il allait la fixer pendant des heures juste parce qu'elle était en bikini, elle se trompait. Après tout, elle était aussi belle habillé, alors à quoi bon passer pour un pervers, en plus. Il se dit que ça compléterait bien l'idée qu'elle se faisait de lui et ne pu réprimer un sourire.

Gaëlle n'eut pas besoin de se retourner pour savoir que Kronos et les filles étaient revenus. Elle hésitait entre rester dans l'eau ou alors sortir. La première solution lui semblait meilleure, mais elle se voyait mal rester dans l'eau plusieurs heures. Elle poussa un soupir contraint et retourna vers le bord. Elle vit un écart pour éviter les enfants et alla se poser là ou ses affaires avaient été abandonnées. Elle remarqua un petit paquet et haussa un sourcil. Curieuse, elle s'assit et ouvrit précautionneusement et y découvrit un fondant au chocolat. Elle sourit, un peu étonnée, et se tourna vers Kronos : 

" Merci. Fallait pas. " 

Elle attrapa une serviette dans son sac et l'entoura autour d'elle. Puis, elle se leva, et vint s'asseoir près de Kronos, son fondant dans la main. Elle pivota légèrement vers lui et tout en lui tendant le gâteau dans un sourire étonnamment adorable, elle demanda : 

" Vous voulez le partager avec moi ? "  

Kronos se tourna vers elle, surpris qu'elle lui adresse la parole, surtout sur ce ton. Elle n'avait qu'une serviette autour d'elle et il devinait ses formes ; il ne s'attarda pas sur le sujet et la regarda dans les yeux. 

- Juste pour goûter, alors. 

En réalité, il n'avait pas faim mais il n'avait pas non plus envie de refuser. Pour une fois qu'elle le regardait à peu près comme une personne normale ... Il n'allait pas décliner son offre. Il se redressa sur les coudes pour mieux la voir et lui sourit. Il aimait bien le sourire qu'elle affichait, elle était beaucoup plus jolie et avait l'air beaucoup moins désagréable ainsi. En bruit de fond, on entendait toujours le bruit des deux qui s'éclaboussaient, mais elle ne criaient plus et s'en était presque reposant. Il ferma les yeux un instant, profitant d'un calme qui lui manquait depuis quelques heures et qui ne durerait sûrement pas.

Gaëlle dût se retenir de rire en voyant son air étonné. Elle aurait pu se vexer, il était étrange avec elle. A vrai dire, si elle n'entamait pas la conversation, il ne le faisait pas et c'était sans doute ça qui la gênait en fait. Elle se mit à genoux près de lui, et elle arracha un petit bout de son gateau qu'elle tendit à Kronos avec timidité. Sans un regard de plus, elle mangea silencieusement en regardant la surface calme du lac. Une fois qu'elle eut finit, elle glissa une mèche derrière son oreille, et prise d'un élan de gaieté, elle se releva avec rapidité, lançant sa serviette au sol et lui dit : 

" Vous venez vous baigner avec moi ? "

Il mangea rapidement la bouchée qu'elle lui avait tendu, avec un sourire. Puis elle lui proposa d'aller se baigner avec elle. ça, il ne s'y attendait pas. Elle avait l'air de ne pas l'apprécier du tout, et pourtant elle lui proposait quand même ; peut être était-elle lunatique. ça aurait été impoli de poser la question, alors il ne le fit pas et se contenta de lui sourire. 

- Si ça vous dérange pas, ouais. 

Il enleva sa chemise puis son jean et rejoint le bord de l'eau, avant de se retourner vers elle, avec un petit sourire en coin. Discrètement, il la regardait un peu plus que ce qu'il faisait jusque là. ça faisait des siècles qu'il ne rougissait plus, mais là, il aurait été tenté. Histoire de se remettre d'aplomb, il avoua le fond de sa pensée à la jeune femme. 

- Vous êtes vraiment jolie.

Gaëlle n'était pas vraiment lunatique, elle était plutôt du genre à fleur de peau selon le jours. Mais elle faisait des efforts, là. Elle le rejoignit au bord de l'eau, s'arrêta près de lui et tourna la tête pour le regarder.  Elle lui sourit et pencha la tête tandis que ses joues se tintaient de rose : 

" Vous êtes vraiment beau.  "


Avec un sourire satisfait elle s'enfonça dans le liquide frais et caressa la surface du lac avec la paume de sa main. Elle glissa une main dans ses cheveux et attendit que Kronos se décide à la rejoindre.

Il la regarda pendant un petit moment. Elle était vraiment plaisante à regarder. Il se décida après quelques minutes de rêverie à la rejoindre dans l'eau, même si elle était un peu fraîche. Et même s'il avait décidé de ne pas rentrer trop vite dans l'eau, Ka et Lou-Hélène n'étaient pas de cet avis et se précipitèrent sur lui pour l'éclabousser de la tête au pied, sans toucher Gaëlle. Elles arrêtèrent quand elles se rendirent compte qu'il ne se débattait pas ; il savait que c'était ce qu'il fallait faire, il avait de l'expérience. Lou' se retourna vers Gaëlle, et la regarda avec insistance en souriant, se demandant si elle ne pourrait pas la noyer. Ka la regardait de nouveau. 

- Tu joues avec nous ? Lou-Hélène sera gentille puisque Kronos est là, ne t'en fais pas. 

La concernée détourna la tête en faisant la moue. C'était vrai, mais elle n'aimait pas qu'on le fasse remarquer.

Ce fut Ka qui vint lui parler et non Kronos. Elle ressentit une pointe de déception qu'elle cacha derrière un sourire. Ce ne serait pas un homme qui la minerait ! Loin de là même. Lou-Helène par contre, semblait la détester de plus en plus au fil des minutes, bien qu'elle ne faisait rien. Mais au moins, si Kronos était là, elle essayerait pas de faire des dessins affreux sur son bras avec un petit couteau afin de se distraire. Le fait que Ka la rassure fit sourire la jeune femme et tout en s'approchant un peu d'elle, elle declara : 

" D'accord, pourquoi pas. " 

Elle craignait déjà que Lou' lui saute dessus  et la noie malencontreusement. Cette gamine était vraiment atteinte, elle ne savait toujours pas comment il se faisait que Saevin l'apprécie, d'ailleurs.

Ka sourit, regardant Lou-Hélène en coin. Elle était tout aussi atteinte que l'autre gamine, mais elle aimait bien Gaëlle. Kronos les regardait, mais cette fois il surveillait plus Gaëlle que les deux enfants, il s'assurait qu'elles ne lui ferait pas de mal. Elles l'éclaboussèrent juste un peu, et dirent ensuite, presque en même temps, que Kronos n'était pas drôle. Il haussa un sourcil et sourit avec un air innocent, en faisant un croche pied à Gaëlle pour la faire couler.

La jeune femme laissa les enfants l'éclabousser en souriant. Cependant, elle présentait quelque chose de la part de Kronos, et son pressentiment s'avéra juste : Gaëlle se ramassa en beauté. Quand elle se releva, elle ouvrit la bouche, faisant mine d'être choquée, et alors qu'elle essayait de paraître furieuse, son regard la trompait tellement ses yeux pétillaient d'amusement. Elle le regarda, faussement furieuse, les mains sur les hanches, comme si elle allait gronder un enfant : 

" Vous avez osé ? " 

Elle fit un pas vers lui, puis lui tourna autour et finalement s'arrêta face à lui. Elle posa ses paumes sur le torse de Kronos, et s'y appuyant légèrement, elle réussit à le déstabiliser et à le faire tomber en lui faisant un croche pied. Elle le regarda satisfaite.

Lou-Hélène rit en voyant Gaëlle tomber, et Ka rit en voyant Kronos se ramasser. Il ne résista pas et resta longtemps sous l'eau, au moins quelques minutes. Après quoi il remonta et resta pas loin des filles à faire la planche.

- D'accord, j'ai mérité ma punition. 

Avec un autre sourire innocent, il prit la main de Gaëlle et l'entraîna, lui faisant perdre l'équilibre et atterrir sur lui. Il ne la quittait pas des yeux. 

- J'ai tellement honte de m'attaquer à une si jolie jeune fille ~ 

Le fait qu'il avait honte était faux et ça s'entendait, mais l'autre partie de sa phrase était vraie. Il rit un peu, tandis qu'il ignorait les deux autres qui protestaient, l'une contre Kronos et l'autre contre Gaëlle.

Gaëlle était contente de voir les filles s'amuser meme si elle savait que Lou' se moquait ouvertement d'elle. elle fut surprise que Kronos l'attire à lui, et un peu gênée, elle posa ses mains sur le torse lisse du jeune homme et planta son regard dans le sien :

"Ah quoi jouez vous ?"

Elle était si proche de lui qu'elle sentait son souffle contre son visage, ce qui, en soit, n'était pas désagréable. Elle lui sourit puis ajouta :

" Vous devriez avoir honte en effet. "

Elle glissa une main dans les cheveux de Kronos, et lui mouilla le visage par la meme occasion.

Kronos ferma les yeux en recevant de l'eau, et resta ainsi quelques secondes, calme, à réfléchir. A quoi il jouait ? C'était une bonne question. Mais finalement, Gaëlle n'était pas aussi désagréable et coincée qu'elle en avait l'air, alors pourquoi ne pas ... Jouer ? Il chassa cette idée de son esprit et rouvrit les yeux, un sourire taquin éclairant son visage. 

- Alors la princesse se défend, hein ? 

Il prit la main qui venait de l'éclabousser et entraîna la jeune fille encore plus sur lui, jusqu'à ce qu'elle tombe complètement, la tête contre son torse. Il passa l'autre bras autour de sa taille en gardant sa main dans la sienne, après quoi il afficha un sourire innocent. 

- Et comme ça, elle se révolte toujours ~ ? 

Les deux gamines protestaient toujours, tout en se disputant à moitié et en s'éclaboussant l'une l'autre.

Gaëlle fut tellement surprise de se faire coincer qu'elle ne chercha pas à se débattre. Elle se contenta de faire la moue en lui lancant un regard noir. 

" Dès que je le pourrait, je vous ferais la peau. "

Elle lui tira la langue, et reposa sa tête de façon à être plus à l'aise.Elle n'aimait pas se faire dominer, mais elle trouva ca plutôt drôle sur le moment. 

" Vous vous fatiguerez avant moi de toute façon."

Toujours la tête sur son torse, elle ferma les yeux, un sourire provocateur.  Elle écouta les battements de son coeur tandis que son souffle s'accélerait.

Kronos sourit, en regardant le ciel, et murmura, comme pour lui même. 

- Vous savez, moi je suis tellement bien comme ça, je tiendrais très longtemps. 

Il lâcha doucement sa main et, après un moment, caressa les longs cheveux de la jeune fille avec un sourire en coin. Oui, il était bien comme ça. ça n'avait rien d'un jeu. Les battements de son coeur accélérèrent imperceptiblement, mais il s'en rendit compte, et cela le surprit. Les battements de son coeur avait toujours le même rythme d'ordinaire, et ce depuis qu'il ne ressentait plus aucune émotion réelle, soit déjà quelques longs siècles. Il la lâcha lentement, se redressa et lui sourit amicalement. 

- Excusez moi pour ça, je ne sais pas ce qui m'a pris. 

Il valait mieux qu'il rejoigne le bord. Ce jeu devenait bien trop personnel pour l'amuser. Mais il ne bougea pas, se contentant de la regarder sans vraiment le faire, l'air absent, perdu dans ses pensées.

La jeune femme s'était presque laissée aller à cette étrange étreinte quand tout s'arrêta aussi vitr que ca avait commencé. Elle se retrouva rapidement dans l'eau, éloignée de lui. Elle lefixait, incrédule, et son regard trahissait sa tristesse. Cependant, elle garda le même air neutre, et sa voix ne la trahit pas à son tour quand elle prit la parole :

"Moi non plus, je ne sais pas ce qui vous a prit. Je ferais mieux de rejoindre le bord. "

Sans un regard de plus, elle se dirigea lentement vers la rive. En même temps à quoi s'attendait elle n'était rien pour lui comme il n'était censé ne rien représenter pour elle.

Kronos sourit, un sourire amer qui trahissait bien ses émotions, en regardant la jeune fille partir. Ce n'était pas ça qu'il voulait, au fond, mais c'était peut être mieux. Après tout, qui était-il ? Il se repassa mentalement tous les personnages et les caractères qu'il s'était créé au fil du temps. Il ne savait plus lequel était le plus susceptible de lui ressembler. Un moment, tous les mots et tous les caractères semblèrent tourner dans sa tête et un instant plus tard, il avait perdu connaissance et coulait lentement. Ce n'était pas dangereux pur lui, aussi les deux filles ne s'inquiétèrent pas, mais il était quand même inhabituel de déceler chez lui le moindre signe de faiblesse. Elles se regardèrent un moment et décidèrent sans se parler de le laisser au fond. Après tout, il n'avait pas besoin d'air pour vivre. Il était immortel.