Nianiania ~ [Satoko]

- Laisse moi réfléchir ..... Nan !

Caleb ne put s'empêcher de rire. Déjà, elle n'avait pas contredit la gamine. Il perdit l'espoir de lui plaire un minimum, et il ne savait pas s'il en était déçu. Pour le moment, il riait juste parce qu'il savait bien que la fillette disait vrai. Elle ne se taisait jamais, bien trop compliqué, et puis ce n'était pas son genre d'être agréable. Faire ch*er son monde, ça c'était bien.

- D'ailleurs, t'es pas belle non plus. Mais c'est une mocheté différente.

Caleb l'entendait. Même de loin, il avait entendu, et ça ne lui plaisait pas. Il sortit de sa poche une fléchette ornée d'un trèfle noir et l'envoya à deux millimètres du visage de la gamine, elle se planta dans l'arbre en faisant voleter les cheveux de Lou'. Ca c'était passé trop vite pour qu'il aie eu le temps de viser. Il la regarda dans les yeux, de son regard froid de joueur.

- D'habitude je rate pas.

Puis il recommença à ignorer la gamine et sourit à Letoh.

Caleb fut surpris qu'elle dise qu'il n'était pas laid. Il se retint fortement de rougir, il savait très bien le faire et il se concentra sur la deuxième question.

- Je dirais pas l'habitude ... Mais je sais largement me défendre avec.

Il sortit deux autres fléchettes de sa poche et les montra à Lou'. Elles étaient coincés entre ses doigts, on voyait bien qu'il avait l'habitude de ces engins, et qu'il les maîtrisait parfaitement. Il adressa un sourire froid à la gamine.

- Dans chaque jeu il y a deux jokers. Tu en as utilisé un.

La fillette ne savait pas quoi en penser. Il bluffait peut être, après tout il mentait si bien. Mais d'un côté, elle avait déjà entendu parler des exploits du jeune homme, et ils faisaient froid dans le dos. Mais Lou' n'était pas du genre à se laisser impressionner, ou du moins à ne pas le montrer. Elle le toisa du regard.

- Tu es du genre débile sentimental qui réagit quand on critique sa petite copine mais pas quand on le critique. C'est minable.

- Pas vraiment ... Moyen. Ce qu'il y a, c'est que je compte les cartes au black jack dans des casinos. C'est pas illégal, mais on se fait souvent tabasser. Pour ça, c'est utile.

Il se demanda pourquoi il avait déballé tout ça. D'ordinaire, il ne parlait jamais de lui. Mais il voulait faire oublier à Letoh la phrase de la gamine. Parce qu'il n'avait pas de petite amie, alors elle parlait de la jeune fille aux boucles roses.

Lou-Hélène tira la langue à Letoh.

- Toi encore plus ! Tu parles avec un débile minable, alors tu l'es !

- Ce n'est pas de la triche. C'est juste des maths.

Il l'avait dit sans vraiment sourire, pour une fois. Il n'aimait pas qu'on dise qu'il triche, il se servait juste de ses talents. Après tout, est ce qu'on accusait un écrivain de tricher parce qu'il écrit ? Ou alors on tabassait un danseur parce qu'il dansait ?
Non, compter les cartes au black jack demandait beaucoup de talent, un don qui n'appartenait qu'à lui. Ce n'était pas de la triche, il était juste assez doué pour le faire.

La gamine regarda la jeune fille de haut.
- C'est vrai, j'arrête.

Elle avait envie de descendre de son perchoir pour entraîner Caleb très loin. Elle était sûre qu'il l'aurait suivi, peut être à contrecoeur mais quand même.

Caleb se remit à lui sourire. Il aimait mieux ça, pas qu'elle l'avait vexé mais bon, il aimait pas trop. Il faisait ça depuis ses 8 ans, alors quand on lui disait qu'il avait consacré sa vie à la triche, ça lui plaisait très peu.
Un peu comme le poker, c'était avant tout une science.

- D'accord.

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Un peu 8D Pis moi faut que j'arrête de faire si court OO

Durant le silence, Caleb sortit de sa poche un poing américain orné des quatre signes de cartes. Il le fit tourner entre ses doigts, il était habitué à le faire chaque fois qu'il était nerveux.
La présence de Letoh le rendait presque nerveux, mais c'était parce qu'il la trouvait jolie. Il avait beaucoup de mal à détacher son regard de ses yeux.
Il mit quelques instants à réagir lorsqu'elle lui proposa ses pâtisseries. Il se demanda s'il en voulait, il n'était pas trop habitué à cette nourriture ... Il mangeait très mal.
Finalement, il prit une madeleine par gourmandise.
Lou-Hélène sauta de sa branche et se saisit de trois madeleines sans rein de demander avant de remonter un peu plus haut qu'elle était.
Caleb soupira un peu, avant de sourire à la jeune fille :

- Merci beaucoup.

Depuis qu'il avait retrouvé ses soeurs, il mangeait beaucoup plus qu'avant. Avant, c'était 2 amuses-gueules toutes les 2 heures, et ça suffisait. Il gardait quand même un appétit d'oiseau.

Lou-Hélène redescendit et se saisit de tout le paquet sans un mot de remerciement pour la jeune fille. Elle remonta rapidement, encore plus haut, avec l'agilité d'un écureuil. Elle avait souvent du se cacher en hauteur quand elle était toute petite, et c'était resté. ça, pour l'éducation, grandir en enfer c'était pas génial. ça expliquait pourquoi "s'il te plait" et "merci" lui étaient aussi familier qu'un mot chinois.
Caleb sourit à Letoh en la regardant dans les yeux.

- Excuse la, cette gamine est une sauvage.

Elle le gênait un peu lorsqu'elle faisait ça, mais il ne le montrait pas. De toute façon, si Lou' s'en était aperçue, elle aurait redoublé d'efforts dans le même sens. Être insupportable était son passe temps préféré.

Lou-Hélène fut presque déçue que ce ne soit pas grave. Après tout, si c'était grave, c'était mieux !
Elle avait envie que Letoh se mette à insulter Caleb, comme ça ils partiraient et elle pourrait se remettre à jouer. Elle n'aimait pas qu'on ne fasse pas attention à elle, et elle n'aimait pas non plus le système de joker.
A cause de la jeune fille, sa journée amusante de petite peste c'était soldée par une soirée ennuyeuse. Rien que pour ça, elle lui en voulait.
Pour toute excuse, elle tira la lange à Letoh avant de dévorer les pâtisseries.

Caleb se frotta la nuque, un peu gêné par son attitude.

Lou-Hélène monta sur une branche encore plus haute en continuant de se goinfrer.
Elle savait que la jeune fille avait compris. Seulement l'ignorer n'était pas la solution.
Et ça, c'est ce que Caleb avait déduit rapidement. Si on s'amusait à l'ignorer, elle en rajoutait encore jusqu'à ce que ça ne soit plus possible. Et en tant que démone, elle allait très loin ... Elle pouvait aller jusqu'au meurtre très facilement. Alors lui, il préférait faire semblant de s'intéresser à elle pour des petits trucs.

- D'accord, ça me rassure.

Et c'est vrai que ça le soulageait un peu. Il avait peur qu'elle ne veuille plus le voir parce que la gamine était un peste.

Caleb réfléchit longtemps à la question. Elle était d'ailleurs bonne, lui même ne savait pas vraiment.

- Bah... on est obligés de vivre ensemble.


Et la gamine n'était pas la seule. Pleins d,étrangers vivaient avec lui, parce qu'ils partageaient sa malédiction. Et soit disant, la maison devait l'annuler mais ce n'était pas le cas du tout.

- Parce que... nous sommes des maudits. Même si la maison est à ma soeur à la base, on ne peut virer aucun des maudits.

Lou-Hélène rit. Elle en usait beaucoup, c'etait grace a cette obligation qu'elle restait. Enfin, même s'ils avaient voulu, lui faire faire quelque chose qu'elle ne voulait pas relevait du miracle. C'etait bien qu'on lui fiche la paix, ca evitait les bains de sang.

- ouais.... C'est pour ca que je suis un monstre, qu'on a eu des vies pires que merdiques et qu'on a tous fini par devenir tares.

C'etait ca la verite. Un peu crue, mais ce n'était pas son genre de faire dans la dentelle.
Lou' se retint de dire que sa vie était très bien, mais bon elle avait un point de vue de demon. C'etait pas super fiable, et puis elle était un peu devenue folle aussi, alors il avait pas tort.

- Tu n'as pas à l'être. Je suis bien maintenant, surtout avec toi, tu es gentille.

Il lui sourit. Il ne se jugeait pas vraiment mal, mais il était difficile de se considérer autrement quand on avait été considéré comme ça toute son enfance. Il se rappelait bien les villageois qui les accusaient au moindre ongle cassé, en criant qu'il fallait les abattre.
Il sourit en y repensant, il considérait presque ça comme un bon souvenir. Enfin, il était avec ses soeurs à cette époque, alors c'était pas mal. Il fut sorti de ses pensées lorsque Lou' se mit à rire :

- Espèce de niais !

- Totalement d'accord. Mais il est niais, ça n'a rien à voir avec son sourire !

La gamine rit. Elle savait bien qu'il mentait. Que même maintenant, il n'était pas "bien". Elle le savait parce qu'elle avait déjà parlé avec la soeur du jeune homme, et elle doutait qu'il s'en soit mieux remis qu'elle ...
Mais il essayait, c'était déjà bien. Il essayait de se convaincre que l'"avant" et l'"après" n'avaient pas d'importance. Ses essais n'étaient pas encore concluant, mais ce n'était pas grâve, il avait tout son temps.

Il sourit de nouveau à la jeune fille.

Caleb sourit de nouveau.

- Parce que je ne vois aucune raison de ne pas le faire.

Il y avait bien plus que ça. Depuis que ça vie avait repris une tournure environ normale, il ne savait plus comment réagir. Il avait envie d'être euphorique, de sauter partout, et en même temps il était en grave manque de jeu. Donc pour canaliser tout ça et plus encore, il se contentait de sourire.

- On a toujours besoin de sourire. Un sourire est une formidable barrière.

C'était souvent ainsi qu'il s'en servait. Ses sourires sincères se remarquaient bien, mais restaient rares. Il était joueur, et son sourire était pour lui un atout dont il se servait pour ne laisser transparaître aucune émotion. Il le faisait parfaitement.

- C'est vrai. ça ne protège pas physiquement, mais mentalement.

Et ça, il en savait quelque chose. C'est avec ça qu'il protégeait ses émotions, en souriant il avait l'impression d'aller mieux.
De plus, au sujet de la mort le sourire aux lèvres ... Lui avait plus vu des morts avec des rictus de terreurs au visage que des sourires.

- En souriant, les problèmes s'éclaircissent. Comme si tu allais bien, tu vois ? En fait, tu ne cherches pas à tromper ton entourage en souriant sans arrêt. Tu cherches à te tromper toi même.

Il lui sourit de nouveau, sincérement cette fois. Il savait bien qu'il était compliqué, voire incompréhensible, mais il essayait de s'arranger. C'était peine perdue, son raisonnement était bien trop poussé et logique de son point de vue pour pouvoir en changer.