Demain est un autre jouuur ! [PV Satoko]

Le soleil commençait à se lever, se teintant lentement de tons roses. Anséline se réveillait toujours à l'aube, pour voir le soleil se lever. C'était sa façon à elle de débuter la journée. La nuit avait été courte, elle avait mit un petit moment à s'endormir, repensant à la soirée agréable qu'elle avait passé avec le Prince. Elle savait qu'il serait occupé aujourd'hui, et qu'ils ne se croiseraient peut être même pas, mais elle avait l'espoir de le voir, et cette idée lui donnait le sourire. Elle regarda le soleil se lever, puis se décida à aller se préparer, avant de réveiller Aliénor. 
La robe qu'elle portait était moins habillée que celle de la veille, plus légère et sans corset qui lui coupait la circulation, et ses cheveux blonds étaient simplement remontés en un chignon rapide, laissant quelques mèches ondulées retomber dans son cou. 
Elle alla réveiller Aliénor, les couloirs déserts se remplissaient petit à petit de domestiques qui astiquaient dans tous les recoins, et bientôt certains viendraient frapper à la porte de son amie pour venir nettoyer sa chambre et changer ses draps. 

Aliénor s'éveilla doucement, grâce à Anséline. Son amie venait toujours la réveiller avec soin, tout en douceur, et pendant qu'elle se préparait, les deux jeunes femmes discutaient. Sa première pensée alla à Hérin, elle se demandait comment il avait dormi et si il se sentait aussi heureux qu'elle. Elle avait envie de confier à Anséline sa relation avec le beau garde, mais même si elle avait parfaitement confiance en elle, elle doutait que ce soit une bonne chose. Tout en bavardant, elle enfila une longue robe légère, négligeant le port de corset, puisque son décolleté aurait été un peu trop provocateur. Anséline tressa ses cheveux avec soin, puis elles descendirent pour prendre le petit déjeuner en famille. C'était quelque chose que son père appréciait, il affectionnait particulièrement ce petit déjeuner familial et chaleureux. 

Paul, lui, s'éveilla seul, pour une fois. Pas de jolie fille dans les parages, il avait passé la nuit seul, à dormir. En vérité, il avait pensé un petit moment à Elyra, et à des moyens de passer du temps avec elle, à s'intéresser à ce qu'elle faisait, mais il avait peur qu'elle ne le trouve trop collant, et qu'elle se lasse de lui. A son tour il rejoignit son père, ses soeurs et les invités, ayant enfilé ses bottes préférées puisqu'il accompagnait également son père pour la chasse à cour. 

Vivianne se réveilla quand une des domestiques frappa à sa porte pour savoir si elle pouvait venir nettoyer. Elle la laissa entrer et fila se changer, enfilant sa tenue de cavalière. Il était mal vu qu'elle se balade dans cette tenue, mais ici tout le monde avait l'habitude de la voir dans cet accoutrement. Elle avait un pantalon noir qui moulait ses formes sans laisser de place à l'imagination ainsi qu'une petite chemise blanche dont elle n'avait pas fermé les premiers boutons, volontairement. Elle ne s'attarda pas plus longtemps et sauta dans ses bottes, avant de rejoindre la salle à manger. Elle s'arrêta devant la porte d'Andrew, hésitant à y frapper, puis finalement elle interrompit son geste et rejoignit le reste de la famille.

Nicolaï avait lui aussi été réveillé par des domestiques, ce qu'il trouvait fort inconvenable ; il ne s'en plaignit pas auprès du personnel, cependant il resta à pester et râler en se retournant dans tous les sens, le moment n'étant pour lui pas propice à l'éveil, et les rideaux qui laissaient filtrer la lumière le forçant à se recouvrir la tête de son drap. Au réveil, le prince n'avait rien d'un prince, il pouvait même se montrer odieux ; ou alors, au contraire, très entreprenant. Il était très différent, au réveil et dans la journée. 
Après un bon quart d'heure à se battre pour s'accoutumer à la luminosité ambiante, il se leva, se lava à l'eau froide comme il aimait le faire pour se réveiller, et descendit. Il se demandait où il devait déjeuner, et quand il posa la question, on lui répondit qu'il avait une place de réservée à la table du maître, ce qu'il trouva aussi surprenant qu'agréable : il était inhabituel que les déjeuners se prennent tous ensemble, mais il aimait le concept. 

Hérin se réveilla, comme souvent, bien avant le coucher du soleil. Ses journées étaient trop courtes et il avait trop de choses à faire ; de plus, il avait envie de "bâcler" ses tâches quotidiennes qui n'impliquaient pas la présence d'Aliénor pour pouvoir profiter de la présence de la jeune femme le reste de son temps. Il prit donc de l'avance, fit sa ronde quotidienne, releva certains gardes de leur fonction en organisant leur remplacement, et en réaffectant d'autres de ses hommes à d'autres endroits. Il chercha un petit moment ses meilleurs cavaliers, parce qu'il n'avait pas envie de laisser partir le père d'Aliénor et toute sa famille en forêt sans aucune protection ; il avait tendance à voir le mal partout, certes, mais il était facile de tomber sur une troupe de bandits au détour d'un sentier. A l'heure du déjeuner, il alla se chercher une pomme aux cuisines, et il croisa par la même occasion Aliénor, à qui il fit une révérence pour la saluer, comme à son habitude. Les pensées qui envahissaient sa tête rendaient le contrôle de son sourire plutôt difficile, mais il ne laissa rien paraître, sachant très bien que la jeune femme savait lire entre les lignes. 

Elira avait passé la nuit seule, à dormir comme un bébé, sereine. Des pensées sottes lui avaient traversé l'esprit ; elle avait envie que Paul revienne la voir, qu'ils puissent parler de nouveau ensemble, se sourire, et se chercher des noises. La tension qui régnait entre eux n'avait rien d'innocent, du moins c'était ainsi qu'elle le percevait, et même si elle connaissait la réputation de Paul, elle ne pouvait s'empêcher d'être un peu curieuse, un peu attirée par la suite des évènements. Elle eut tout le temps de laisser ses pensées vagabonder pendant qu'elle préparait les chevaux avec soin, ayant enfilé une tenue assez semblable à celle de Vivianne, en moins coûteuse évidemment. 

Andrew sortit de sa chambre peu après que Vivianne ait attendu devant ; il était prêt depuis longtemps, mais il était trop tôt pour aller déjeuner. Il resta un court instant derrière Vivianne dans le couloir pour regarder ses fesses, avant de la rattraper en 5 enjambées. 

- Bonjour, Dame Vivianne. Vous êtes sublimes, ce matin.

Anséline était assise à table, près d'Aliénor, comme toujours. Elle avait une véritable place dans cette famille, elle était bien plus qu'une simple employée. Quand elle vit Nikolaï arriver, elle baissa un peu les yeux, ne sachant pas tout à fait comment se comporter et Aliénor lui adressa un fin sourire amusé. Elle ne pensait pas qu'elle le verrait au petit déjeuner, pensant qu'il serait du genre à dormir, ou bien qu'il sauterait le repas, pressé d'aller chasser. Elle finit par simplement le saluer d'un signe respectueux de la tête, avant de revenir à son repas. 

Aliénor quitta la table un court instant, instant qui lui permit de croiser Hérin. Elle se mordit la lèvre, tâchant de paraître aussi normale que possible, puisqu'ils n'étaient pas seuls dans la cuisine. Elle récupéra une nouvelle corbeille de pain chaud, et s'arrêta devant le jeune homme, demandant : 

" Vous vous sentez mieux ? Vous êtes reposé ? " 

Elle tâchait de garder une bonne distance entre eux, alors qu'elle avait la folle envie de se blottir dans ses bras, pour se sentir de nouveau en sécurité et à sa place. Il avait l'air d'aller bien, en tout cas, et c'était tout ce qui lui importait. 

Paul passa furtivement dans la salle à manger, pour récupérer de quoi manger rapidement sur le chemin qui menait aux jardins. Finalement, passer pour un pot de colle ne le dérangeait pas tant que ça, il n'avait pas envie qu'elle puisse s'amuser avec un autre homme, ou qu'un de ses collègues lui tire un sourire. Son père le gronda gentiment, mécontent que son fils loupe le petit déjeuner, mais il ne lui en voulait jamais longtemps. Le matin était le seul moment de la journée où le seigneur était agréable et de bonne humeur. Il rejoignit les écuries à grandes enjambées, et se promena pour chercher la jeune femme, ayant du mal à s'y retrouver parmi toutes les personnes qui travaillaient. 

Vivianna avait prié silencieusement pour que ce ne soit pas Andrew, juste parce qu'elle ne savait pas quoi lui dire. Finalement, elle laissa un petit soupir s'échapper, et elle tourna la tête vers le jeune homme, plongeant son regard dans celui du jeune homme : 

" Merci. La nuit a été bonne ? " 

Elle essayait de faire la conversation, comme si de rien était. Après tout, peut être qu'il avait dormi comme un bébé, peut être qu'il avait gardé une femme sous le coude au cas où ça ne marcherait pas avec elle, ou alors peut être qu'il se fichait royalement du fait qu'elle l'ait repoussé. Dans tous les cas, il avait l'air normal, un peu moins moqueur de d'ordinaire, mais agréable tout de même.

Nikolaï fut invité à s'asseoir à côté du maître de maison, ce dont il se doutait. Tous les seigneurs aimaient l'avoir à côté, pas tant pour lui parler que pour se donner l'illusion de contrôler ce qu'il pensait ; pourtant, il n'était pas le genre de prince qui critiquait et dénigrait l'endroit où il logeait. Il regarda Anseline et lui adressa un grand sourire, assorti d'un clin d'œil. Il inclina la tête pour saluer Aliénor, qu'il n'avait que croisé mais qui semblait agréable ; juste après, elle se levait pour quitter la table.

Hérin sourit à Aliénor, un sourire qui se voulait professionnel, mais il avait du mal à donner le change, il avait envie de la prendre contre lui. Malheureusement , il y avait d'autres serviteurs dans les cuisines. Il s'inclina, répondant :

- Je suis remis sur pieds, merci. Prenez vous part à la chasse de ce matin ? 

Il avait des tendances sur protectrices, ce qui n'avait, pour le coup, rien de nouveau. Cependant, maintenant, il avait encore plus envie de passer du temps avec elle, et il espérait qu'elle en trouverait pour lui, et il espérait surtout qu'elle en aurait envie.

Elyra pansait un étalon quand Paul entra dans l'écurie. Elle se cacha derrière l'animal, laissant Paul la dépasser pour se glisser derrière lui. Elle attendit qu'il s'arrête pour glisser à son oreille : 

- bonjour, monseigneur ~

C'était la première fois qu'elle l'appelait de la bonne façon, et même si c'était pour se moquer, ça montrait bien qu'elle était contente de le voir. 

- que me vaut votre présence ? 

Elle espérait qu'il soit venu la voir, mais elle savait qu'il n'allait pas l'avouer.

Andrew la regarda quand elle soupira, et s'arrêta en plein milieu du couloir : 

- écoutez, je ne vous ai forcé à rien hier, vous m'avez embrassé vous aussi et maintenant vous ne supportez même plus ma présence ! 

Il en avait assez de se comporter en gentilhomme alors qu'il ne parvenait même plus a voir en elle ce qui lui avait plu, il ne voyait plus qu'une petite fille gâtée. Il décida de se dérober au petit déjeuner, au moins, et regagna sa chambre pour y prendre un encas.

Anséline retourna son sourire à Nikolaï, tâchant de se montrer plus discrète tout de même. Son patron regardait le prince, visiblement surpris de le voir sourire de la sorte à une simple dame de compagnie. Elle était soulagée de voir qu'il se comportait comme la veille, qu'il ne se comportait pas différemment parce qu'il y avait le seigneur à côté. Elle ne pouvait même plus faire semblant de s'intéresser à ce que disait Aliénor, puisque celle ci était partie. Finalement, elle s'intéressait aux conversations autour de la table, se tenant à carreaux.

Aliénor hocha la tête de gauche à droite, déclarant :

"Non, je n'aime pas du tout cette activité. "

Elle n'avait aucune envie de prendre part à une tuerie. Son père ne respectait pas vraiment les animaux, les tuant pour son plaisir, et pour s'amuser. Elle préférait éviter un conflit. Elle demanda, feignant l'inintérêt alors qu'elle priait pour qu'il lui réponde négativement :

"Et vous, vous êtes chargé de la sécurité ? "

Peut être que si il n'y allait pas, ils pourraient rester ensemble.

Paul ne sursauta pas. Il s'attendait à ce qu'elle lui fasse ce genre de tour. Il se tourna lentement, se trouvant face à elle, très proche. Avec un fin sourire moqueur, il répondit :

"Vous êtes étonnamment polie aujourd'hui. "

Il avait le regard qui pétillait d'amusement, très content de la retrouver. Il n'avouerait jamais qu'il la trouvait divertissante et qu'il aimait sa compagnie, mais c'était le cas. Il répondit à sa question avec amusement :

"Je m'ennuyais, donc je suis venu me perdre ici ! "

Vivianne fronça les sourcils. Elle n'eut pas le temps de lui répondre qu'il était déjà parti. Elle ne s'en voulait pas, elle savait qu'il était trop impatient et qu'il ne supportait pas qu'elle mette un peu de distance entre eux. Elle sauta le petit déjeuner, puisque de toute façon son père ne s'en rendrait pas compte. Elle était loin d'être une enfant gâtée, elle ne faisait pas de caprices, elle voulait juste réussir à mettre son esprit au clair. Il ne semblait pas vouloir comprendre. Elle rejoignit rapidement les écuries, ou son étalon l'attendait. Rapidement, elle lui donna un coup de brosse et lui passa son filet, avant de grimper dessus, à cru, et de se balader dans les allées du jardin. C'était une chose qu'elle aimait faire, ça lui permettait d'aller voir ses amis, des personnes bien plus compréhensives.

Nikolaï ecoutait ce que le seigneur lui disait avec politesse : son château, sa fille, et le reste formait un fond sonore flou qui l'amusait assez, mais il n'en fit rien voir. Il regardait Anséline et puisqu'il ne s'en cachait pas, elle devait le sentir ; elle semblait éviter soigneusement son regard, par timidité, ce qu'il trouvait très mignon. Il se demanda où était passée son amie, la pauvre jeune femme semblait déstabilisée et avoir quelqu'un à qui parler pour penser autre chose lui aurait certainement été d'une grande aide.

Herin hocha la tête ; il comprenait, et au final il n'avait pas réfléchi à la question, parce qu'il connaissait la réponse ; il l'avait juste posée pour grappiller un peu de temps avec elle. Il ne pût s'empêcher de sourire en répondant :

- Non, pour une fois, mes hommes s'en occupent mais je n'y vais pas.

C'était très rare qu'il fasse confiance et qu'il ne fasse pas les choses lui même, mais il n'avait pas l'énergie pour partir à la chasse aujourd'hui. Il préssentait déjà qu'il allait passer une bonne journée.

Elyra sourit, moqueuse, avant de répondre : 

- Peut être est ce parce que j'ai bien dormi ~ 

Lorsqu'ils virent débarquer Vivianne en trombe, elle entraîna Paul avec elle dans le box de son cheval ; elle se doutait qu'il n'avait pas envie qu'on le voie avec une palfreniere, surtout pas sa sœur. Elle ne pût s'empêcher de rire quand la jeune femme fut partie :

- Je commence a me dire que les nobles s'ennuient beaucoup ~

Et ça l'arrangeait, parce qu'il était le seul à pouvoir décider quand ils se voyaient ; ça l'énervait de dépendre ainsi de son bon vouloir, elle se surprenait parfois à l'attendre, et ses collègues commençaient à la charrier assez souvent, même si elle les remettait à leur place sans ménagement. Elle sortit un bouchon propre et le tendit a Paul, avec un sourire adorable : 

- Vous voulez m'aider ? J'ai beaucoup de travail ce matin ! 

Bien sur, elle pouvait s'en sortir en se dépêchant, mais elle préférait prendre son temps avec les chevaux.

Anséline jouait distraitement avec la nourriture dans son assiette. Elle sentait le regard du prince sur elle, et prenait grand soin de l'éviter. Elle guettait le retour de son amie, en priant pour qu'elle se dépêche. D'autant plus qu'il n'y avait pas grand monde à la table, seule la conversation du seigneur évitait que la pièce soit plongée dans un silence pesant.

Aliénor ne put s'empêcher de sourire, et finit par déclarer avec un petit sourire désolé :

"Il faut que j'y retourne."

Elle jeta un coup d'oeil circulaire pour voir si elle pouvait avoir un petit geste tendre pour le jeune homme, mais il y avait beaucoup trop de monde. Elle ajouta discrètement :

"On se voit plus tard. "

Elle rejoignit la salle à manger, venant sauver Anséline de son malaise même si personne d'autre ne semblait gêné de son absence.

Paul se laissa entraîner, ne comprenant pas de suite pourquoi ils se cachaient. Quand il aperçut sa soeur passer, il demanda à Elyra, son visage près du sien :

"Vous avez peur qu'on nous voit ensemble ? "

Sa soeur avait l'habitude de la voir avec des jeunes femmes, il ne se cachait pas, mais il comprenait qu'Elyra ne veuille pas être vue avec lui. Il hocha la tête en se redressant :

"On ne s'amuse pas tellement. "

Quand elle lui proposa de l'aider, il pesa le pour et le contre. Il n'aimait pas tellement travailler, mais si Elyra était trop prise par le travail, elle ne ferait plus attention à lui. Et il voulait qu'elle fasse attention à lui. Il prit la brosse en marmonnant et se mit au travail :

"D'accord, je vous aide un peu."

Nikolaï sourit en voyant revenir Aliénor, parce qu'il était content pour Anseline. Sa dame était toute timide et toute gênée par le calme environnant, dont il ne s'apercevait que peu car la voix du seigneur portait loin. Il déjeuna tranquillement, goûtant presque tout ce qui se trouvait sur la table ; la nourriture changeait selon la région de manière spectaculaire. Il avait un appétit d'ogre, et la cuisine française ne volait pas sa réputation, elle n'avait rien à voir avec celle de chez lui.

Herin aurait volontiers assommé toutes les personnes s'amassant dans la cuisine pour une simple étreinte, mais il se contenta de sourire, hochant la tête. Ils aurait plus de temps quand les autres seraient partis chasser. Il se mit dans un coin de la pièce, surveillant distraitement en jouant à lancer sa pomme a quelques centimètres en l'air, avant de croquer dedans.

Contre toute attente, en se retrouvant aussi près de Paul, elle sentit ses joues chauffer et elle se dégagea vite des qu'elle pût pour qu'il ne s'en aperçoive pas, parce qu'il était déjà tellement en position de force que si en plus il savait qu'il la trouvait, elle serait totalement à sa merci. 

- bien sûr que non, je le fais pour vous ~ mes collègues nous ont déjà vu ensemble, j'ai déjà du en calmer certains.

Surtout les quelques uns avec qui elle avait passé un moment, et qui l'a traitaient maintenant de fille de joie par jalousie. Elle essayait de ne pas en tenir compte ; pour elle, ne pas vouloir se marier avec un homme ennuyeux était très différent de la prostitution.

- Merci... Vous allez voir, c'est amusant ~

Elle se mît aussi a s'occuper du cheval, mais elle était loin de ne plus s'occuper de lui, au contraire, elle était continuellement arrivée de son côté pour lui montrer les gestes, et aussi pour lui dire de se redresser, pour qu'il n'ait pas mal au dos le lendemain, puisqu'il n'était pas habitué à ça ; au bout d'un moment, au lieu de le lui dire, elle lui touchait le dos pour qu'il se redresse avec un sourire taquin.

Anséline recommença à discuter avec son amie, se sentant moins en trop, et se permettant parfois de jeter des coups d'oeil discrets vers le prince. Évidemment, Aliénor avait remarqué alors elle la taquinait gentiment. Le petit dejeuner s'acheva quand le seigneur se leva, déclarant qu'ils pouvaient maintenant aller chasser.

Aliénor arrivait à ne pas trop regarder Hérin, même si ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Elle voulait vraiment que son père s'en aille. Surtout qu'il ne faisait attention qu'à Nikolaï. Elle les pressa un peu, déclarant que si ils prenaient trop leur temps, les chevaux allaient finir par s'impatienter.
Il fallait ensuite qu'elle trouve un moyen de se débarrasser gentiment de son amie pour quelques temps. Il aurait été plus simple qu'elle lui expose son histoire avec le garde, plutôt que de lui cacher la vérité.

Paul ne put s'empêcher de rire en voyant Elyra rosir très légèrement. Il remarqua facilement ce de choses, d'autant plus que toute son attention était portée sur la jeune femme :

"Je vous fais rougir ? "

Son ton était moqueur, amusé, et il était bien tenté de s'approcher un peu pour continuer de la mettre mal à l'aise. Mais il s'abstint et répondit, assez sincère :

"Pourquoi je ne voudrais pas être vu avec vous ? "

Il n'avait pas honte de rester avec des personnes de rang social inférieur, ne les trouvant pas moins intéressantes. Il fit ensuite un effort pour faire correctement ce qu'elle demandait, même si ses gestes n'étaient pas vraiment assurés. Il savait bien monter, mais il ne s'occupait jamais de sa monture. Comme Elyra l'embêtait à force de le toucher, il saisit son bras et l'attira à lui avec un sourire en coin, lui murmurant à l'oreille :

"Je croyais que vous deviez travailler ? Que feriez vous si je vous embêtais de la sorte ?"

Elyra fit mine de s'en moquer, haussant légèrement les épaules ; elle ne nia pas cependant car elle n'aimait pas mentir. Elle mit un temps avant de répondre à la question, baissant les yeux, ce qui était très rare : 

- Et bien ... Vous êtes un seigneur et je suis une jardinière. Je ne voudrais pas que vous ayez des ennuis parce que vous passez du temps avec moi ... 

Enfin, même s'il avait des ennuis, elle préférait qu'il reste. Cette envie fut encore renforcée quand il l'attira à lui, instant où elle eut l'impression que son coeur allait s'arrêter de battre. Pourtant, elle reprit rapidement tous ses moyens et un fin sourire étira ses lèvres, faisant apparaître de légères pommettes si discrètes qu'il fallait être aussi près pour les voir. 

- Je ne sais pas ... Je crois que je laisserais tomber le travail. 

Elle lui fit un clin d'oeil, avant de demander, comme si elle n'était pas dans ses bras et que tout était normal : 

- N'êtes vous pas en retard pour la chasse ? 


Nicolaï fut forcé par les circonstances à quitter la table du petit déjeuner, pour sortir ; il voulait préparer son cheval lui même, il n'aimait pas tellement qu'on y touche et la consigne était souvent de le laisser tranquille ; sa jument était caractérielle et n'aimait pas les inconnus, une ruade était vite arrivée.Il se dépêcha, pour éviter que les autres l'attendent, et il les retrouva devant l'entrée du domaine. Il avait sur lui ce qu'il utilisait pour chasser ; il était peu habitué à la chasse à courre, parce qu'il était plutôt seul et n'aimait pas le bruit des aboiements des chiens de chasse. Andrew était lui aussi déjà monté sur son cheval, rejoignant les rangs pour la chasse ; il fut bien accueilli par le seigneur, plus que content de la présence de deux notables lors de sa partie de chasse.

Hérin les regarda se mettre en selle, remarquant l'impatience avec laquelle Aliénor les fichait dehors, ce qui lui arracha un sourire qu'il ne dissimula pas, parce que personne ne pouvait savoir à quoi il était du. Il envoya un de ses hommes sortir les chiens pour la chasse, et vérifia que ceux qui devaient y prendre part y étaient bel et bien, après quoi il attendit avec une impatience grandissante que tout ce beau monde quitte l'enceinte du château pour avoir la paix.

Paul ne la lâcha pas, mais la surprise se lut sur son visage. Il était étonné qu'elle s'inquiète des soucis qu'elle pouvait lui apporter. En vérité, il pouvait juste se faire remonter les bretelles si son père se rendait compte qu'il la gênait dans son travail. Il lui offrit un sourire rassurant :

"Je n'aurais pas de problèmes, ne vous en faites pas."

Il desserra son emprise autour de son bras, la laissant s'écarter si elle souhaitait. Il détailla son visage un instant, sans chercher à se montrer discret, et ne put s'empêcher de sourire en entendant sa réponse. Il rétorqua :

"Et pour quoi faire ? "

Il hocha ensuite la tête en signe de négation, expliquant :

"Je n'y vais pas. Mon père est suffisamment bien entouré."

Et puis il n'avait pas de réelle passion pour la chasse, même si il la pratiquait souvent. En général, il faisait juste plaisir à son père.

Aliénor posa son regard sur Anséline. Son regard était insistant, et son amie sembla comprendre que la jeune femme voulait qu'on la laisse seule. Elle déclara alors :

"Je vais descendre, je peux surement être utile en bas. "

Aliénor gratifia son amie d'un large sourire et rejoignit le balcon, juste pour observer les garçons partir à la chasse. Elle trouvait l'excitation de son père plutôt hilarante et avait envie de voir quelle allure Nikolaï et Andrew avaient à cheval.

Vivianne intercepta l'homme envoyer par Hérin, insistant pour l'accompagner aller chercher les chiens. Elle était toujours à cheval, même si entre temps elle était descendue pour discuter avec des amis jardiniers. En temps normal, elle accompagnait aussi son père, c'était le seul moment qu'elle passait avec son père sans qu'il lui rappelle à quel point elle n'était pas à la hauteur de Paul et Aliénor. Aujourd'hui, il valait mieux qu'elle s'abstienne.

Le sourire d'Elyra s'agrandit encore quand il lui dit qu'il ne partait pas tout de suite, et elle resta un instant si proche qu'elle avait l'impression de sentir son souffle dans son cou ; elle finit par lui déposer un baiser furtif sur la joue en s'échappant, retournant de l'autre côté du cheval comme si de rien était.

- Pour profiter de votre compagnie ! 

Elle se haussa sur la pointe des pieds pour le voir par dessus le dos de l'animal, fronçant les sourcils de façon plus adorable que crédible : 

- mais ne prenez pas la grosse tête pour ça ~

Parler comme ça à n'importe quel autre noble de son rang lui aurait valu une punition exemplaire, mais elle commençait à croire qu'ils étaient amis, et elle commençait à le connaître un petit peu, même si ce n'était pas assez pour elle. 

Sur son cheval, Andrew cherchait Vivianne du regard ; craignant qu'elle se soit dérobée, il demanda à son père :

- Dame Vivianne se joindra t-elle a nous ? J'ai entendu dire qu'elle montait divinement !

Il savait que le seigneur ne manquerait pas une occasion pareille de mettre en avant la plus revêche de ses filles, surtout maintenant qu'il lui avait rappelé. Si elle espérait échapper à sa compagnie, c'était mal le connaître ; il voulait retrouver la femme de la veille, pas la gamine indécise et perdue, et s'il fallait chercher un moment, ça n'allait pas le freiner.

Nikolaï regardait les deux hommes, profitant d'un instant de pause ; il commençait déjà à fatiguer. Il espérait qu'il n'aurait pas à rester tout le temps de la chasse avec le seigneur des lieux, il en avait mal a la tête d'avance.

Hérin vit Aliénor rejoindre le balcon, et resta un peu plus loin, à la regarder distraitement ; ça n'avait rien de suspect, après tout c'était son métier. Il guettait le moment où retentiraient les aboiements des chiens, sonnant le départ de la chasse et celui des contraintes liées au père de la jeune femme.

Paul ne broncha pas quand elle l'embrassa sur la joue, alors qu'elle n'aurait jamais dut se permettre ce genre de contacts. Mais il avait finit par comprendre qu'Elyra ne faisait rien comme tout le monde et il aimait cette liberté qu'elle prenait. Il aurait préféré qu'elle vise ses lèvres, mais il n'en laissa rien paraître, s'appliquant à brosser le cheval, et ce même si passait dix fois au même endroit. Il lâcha avec un sourire vantard :

"Je savais que ma compagnie vous était agréable ~ "

Il ajouta en lui jetant un regard par dessus le dos de l'animal :

"Trop tard, je l'ai déjà depuis un moment, et vos gentillesses ne la feront pas rétrécir. "

Il s'appuya sur le dos de l'animal, juste pour pouvoir la voir par dessus, lui offrant un grand sourire.

Anséline était redescendue pour aller aider aux cuisines, mais elle avait fait un détour par le jardin, voulant voir si Nikolaï avait l'air de s'amuser. Elle savait qu'il n'était pas bon qu'il occupe autant ses pensées, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser à lui. Elle voulait qu'il trouve son voyage plaisant et qu'il garde un bon souvenir de son voyage. Elle observait donc de loin, le reconnaissant sans problème par la prestance qu'il avait.

Vivianne était descendue de cheval, pour aider le garde avec les chiens. Le pauvre se faisait vraiment balader, il n'avait franchement pas d'autorité. Au final elle lui avait prit quelques chiens qui la suivaient respectueusement, pendant qu'elle tenait son cheval d'une main.
Son père l'aperçut de loin et il rassura Andrew d'un bref sourire :

"Elle arrive. "

Quand Vivianne se retrouva à hauteur des trois hommes, son père lui fit signe de remonter et de venir avec eux. Elle aurait bien décliné l'invitation si son regard ne s'était pas averé si assassin. Elle avait l'habitude de monter sans selle, alors elle ne réfléchit pas plus longtemps et se hissa rapidement sur l'étalon, avec aisance. Avec un sourire, elle déclara :

"Paul ne viendra pas, nous sommes au complet. "

Aliénor haussa les sourcils en voyant sa soeur arriver. Peu de temps après, les chiens furent lâchés, et elle ne s'attarda pas plus longtemps sur les cavaliers, préférant se tourner vers Hérin avec un fin sourire :

"Je crois qu'ils sont partis."

Elyra du relever la tête pour le regarder ; elle paraissait toute petite, ce qui n'était pas entièrement faux, et ça ajoutait encore à son charme : malgré son caractère, on avait envie de la protéger, de la prendre dans ses bras. Elle lui lança, avec un sourire provocateur : 

- Je devrais être plus dure avec vous, sinon votre tête finira par être déformée, ce serait du gâchis ! 

Elle pouffa de rire, en s'imaginant la scène, et déclara qu'ils avaient fini pour le cheval de Paul ; elle allait beaucoup plus vite pour les autres. En sortant du box, ils tombèrent tous deux sur un des collègues de la jeune femme ; un palefrenier qui les toisa du regard, et déclara avec un oeil mauvais : 

- Tiens, je pensais que tu détestais qu'on te colle quand tu travaille ... 

Elyra lui servit le même regard ; il était juste jaloux, et c'était un des prétextes qu'elle avait trouvé pour qu'il arrête de s'accrocher et qu'il la laisse tranquille. 

- Comme tu vois, ça dépend de qui ! 

Elle prit la main de Paul pour l'entraîner avec elle, interrompant cet échange désagréable. Elle n'aimait pas qu'on lui parle comme ça, comme si elle n'avait pas de valeur. 

Nikolaï regardait aussi dans sa direction avant de partir, et il la reconnut quand elle apparut dans les jardins ; il lui fit un large signe de la main, ne se souciant pas de ce que les autres pourraient penser. C'était un esprit libre, personne ne pouvait l'enchaîner, le cloisonner à des pratiques convenables. Il s'élança à la suite des chiens, n'attendant que vaguement ; dans son pays, c'était nécessaire si on voulait rester dans le peloton, on ne perdait jamais une seconde. 

Andrew était moins pressé que Nikolaï, parce qu'il voulait rester avec Vivianne. Il la regarda, secrètement soufflé par sa souplesse et par son élégance. Beaucoup de femmes montaient à cheval, mais rares étaient celles qui montaient seules, en pantalon d'homme, et sans faire de manières. Elle n'avait pas menti sur son talent ; lui même n'était pas mauvais, même s'il se débrouillait encore davantage en tir à l'arc ou au maniement de l'épée. Prenant soin de rester au niveau de Vivianne alors que son père était devant, rattrapant le prince, il lui adressa un sourire amical : 

- Vous ne m'aviez pas menti sur vos talents ... 

Hérin jeta un coup d'oeil à la pièce où ils se trouvaient, vérifiant que personne ne pouvait les voir ou entrer sans prévenir, et son sourire s'étira, redevenant aussi tendre que la veille. Il l'attira doucement à lui et l'embrassa, entourant sa taille de ses bras forts. Son contact lui avait manqué, il n'avait pensé qu'à elle toute la matinée. 

- Ils en ont mis, du temps ... J'avais hâte qu'ils s'en aillent ~

Paul ronchonna, rétorquant : 

" Vous êtes déjà assez dure avec moi, je trouve. " 

Notamment parce que dès le début elle lui avait résisté et avait passé son temps à le recadrer, à le remettre à sa place. Il n'en avait pas l'habitude, mais ça lui plaisait énormément. Il trouvait plus intéressant de voir qu'elle ne lui tombait pas dans les bras juste parce qu'il était son patron. 
Paul tourna la tête, toisant le palefrenier du regard, retenant bien la tête qu'il avait. Il était bien tenté de le renvoyer sur le champ, mais il n'avait encore rien fait de mal, si ce n'est qu'il l'avait vraiment mal regardé. 
Seulement, Elyra semblait être assez grande pour se défendre seule, alors il n'intervint pas, préférant les laisser régler leur histoire tous seuls. Quand ils furent éloignés de cet homme, Paul demanda, freinant la jeune femme en tirant doucement sur sa main : 

" Vous avez des problèmes avec cet homme ? "

Anséline ne put cacher son sourire, et lui retourna son signe de la main, de façon plus discrète tout de même. Elle qui n'aimait pas se faire remarquer, elle savait que ça risquait de lui arriver souvent si elle restait avec Nikolaï. Elle les regarda partir, puis continua son chemin, voulant aller donner un coup de main aux autres, qui étaient toujours surchargés de travail et qui n'étaient jamais contre un petit peu d'aide. 

Vivianne avait bien préssenti qu'Andrew allait rester près d'elle. Elle ne comprenait pas pourquoi il s'obstinait alors que quelques temps plus tôt il l'avait plantée au milieu du couloir, sans lui laisse le temps de dire quoi que ce soit. Elle lui retourna son sourire, expliquant : 

" J'ai pleins de défauts, mais je ne mens jamais. " 

Et surtout pas si ça. Paul lui avait apprit à monter quand ils étaient enfant, et elle avait continué à apprendre, devenant meilleure que lui. Elle remonta les manches de sa chemise blanche immaculée d'un geste rapide, tâchant aussi de freiner son cheval qui n'avait qu'une envie : rattraper les autres. 

Aliénor passa ses bras autour du cou de Hérin, lui rendant son baiser. Elle avait toujours pensé qu'elle ne serait pas une femme très démonstrative ou affectueuse, mais elle s'était trompée. Elle avait tout le temps envie de rester avec Hérin, même si il ne la prenait que dans ses bras, ça lui suffisait. Elle sourit en posant la tête contre son torse : 

" J'avais hâte aussi. Mais Anséline va finir par se douter de quelque chose. " 

Elira fut plutôt contente que Paul ne la prenne pas pour une petite créature trop fragile pour se défendre elle même, et certainement encore plus contente qu'il lui demande si quelque chose n'allait pas avec lui. Ses relations avec ses collègues n'étaient pas toujours faciles. Entre ceux avec qui elle était resté un moment et qui n'avaient pas accepté qu'elle les laisse, ceux qui passaient toute la sainte journée à promener leurs regards libidineux et ceux qui étaient mauvais par frustration... Elle avait parfois bien du mal à remettre tout en ordre. 

- Vous savez, j'ai un peu de problèmes avec tous les hommes ... Il n'a pas apprécié que je le remette à sa place parce que je n'aimais pas sa compagnie. 

Elle fit une moue boudeuse un instant, mais se remit vite à sourire, ne voulant pas penser à ça alors qu'elle passait un bon moment. Elle fit un rapide tour mental de ce qui lui restait à faire, et en conclut qu'elle nettoierait les box plus tard, mais elle ne pouvait pas échapper au nettoyage de l'écurie ; elle alla se chercher un balai, sachant très bien que Paul ne prendrait jamais un balai pour l'aider. Elle lui demanda avec un petit sourire taquin : 

- Après, je dois aller cueillir des prunes pour les cuisines ... Voudrez vous venir avec moi, ou vos vêtements sont-ils trop chers pour risquer de les abîmer ? 

Nikolaï, dés le début de la chasse, fut difficile à suivre, sa façon de chasser étant radicalement différente de celle pratiquée en France. Au bout de 10 minutes, il avait déjà assommé un canard avec sa fronde, laissant le seigneur totalement hagard. 

Andrew demanda, réellement curieux : 

- C'est votre père qui vous a appris à monter ? 

Il ne savait pas ce qui était arrivé à sa mère, il était difficile d'avoir une information à la cour du roi, les ragots déformant la vérité de façon irréversible. Il voulait vraiment apprendre à la connaître, savoir ce qu'elle aimait, ses envies, ses peurs aussi ... Il avait juste envie de passer du temps avec elle, même si le matin il avait perdu patience, ayant l'impression que passer une minute avec lui était devenu une torture pour elle ; là, elle avait l'air d'être d'avantage d'humeur. 

Hérin passa ses grandes mains dans les cheveux d'Aliénor, parvenant sans mal à passer ses doigts entre les mèches. Il sourit un peu : 

- Si vous lui faites confiance ... Alors ce n'est peut être pas un si gros problème. 

Lui n'avait pas vraiment d'amis de ce genre, à part peut être un des chefs cuisiniers, avec lequel il s'entendait vraiment bien. Cet homme était un des deux grands frères d'Elyra, le deuxième faisant partie de sa garde ; il ne pouvait d'ailleurs pas le voir en peinture, bizarrement. Il baissa la tête pour lui déposer un baiser tendre sur le front.

Paul s'adossa contre une porte de box, la regardant balayer les écuries. Il était hors de question qu'il nettoie, ce n'était franchement pas sa tasse de thé. Il écoutait plutôt ce qu'elle disait, pas vraiment étonné. Elle avait une place équivalente aux autres, et la plupart étaient des hommes. Le simple fait qu'elle soit une femme, et séduisante qui plus est, les rendaient jaloux. Ils avaient tendance à penser que les femmes devaient avoir des postes inférieurs aux leurs, mais son père attribuait les postes au mérite, et non au sexe de la personne. Il sourit un peu en la taclant gentiment : 

" Si vous êtes aussi dure avec lui qu'avec moi, je comprends qu'il puisse se sentir vexé. Vous n'êtes pas très douce... " 

Il fit la moue, hochant la tête pour approuver ses propres dires, avant de finalement se remettre à sourire, la regardant avec moquerie. Ensuite, il déclara : 

" Bien sûr que je viens, je suis un des vôtres maintenant, j'ai brossé mon cheval, quand même ! "

Il paraissait vraiment fier de lui, ce qui était risible quand même. Il n'avait pas honte de dire qu'il ne levait jamais le petit doigt, en même temps, tout le monde lui mâchait le travail, et il ne trouvait pas désagréable de se remuer un peu puisqu'il avait Elyra avec lui. 

Anséline aida aux cuisines, devant nettoyer tous les plats. Avec la fête de la veille, il y avait des assiettes sales à revendre, et elle se demandait comment il était possible d'avoir autant de vaisselle. Elle comprenait que les domestiques puissent détester leur travail, et elle se rendait compte que sa place était douillette et agréable comparée à la leur. 

Vivianne fit non de la tête, expliquant : 

" Non, c'est mon frère. Mon père ne fait pas très attention à moi. "

Enfin, elle arrondissait les angles, parce qu'en vérité, il l'ignorait totalement. Il oubliait chacun de ses anniversaires, alors qu'il faisait une fête en l'honneur de celui de sa soeur, il ne l'avait jamais complimentée, et les seules discussions qu'ils avaient étaient des disputes. Elle n'avait jamais eut l'amour de son père, mais son frère avait été un véritable pilier. 

Aliénor baissa les yeux, réfléchissant. Bien sûr, elle avait envie de parler d'Hérin, elle avait envie de confier pourquoi elle se sentait si heureuse, mais elle ne savait que trop bien combien les rumeurs se rependaient dans le château : 

" Vous croyez que je peux lui en parler ? Et si quelqu'un écoutait ? "

Elle fronça les sourcils, mais se détendit de nouveau quand Hérin posa ses lèvres sur son front. Lui paraissait serein, même si elle le savait doué pour cacher ses émotions. Peut être qu'il avait aussi envie d'en parler à quelqu'un. Elle demanda : 

" Avez vous un ami à qui parler ici ? " 

Elyra ne se concentra pas vraiment sur ce qu'elle faisait, balayer étant devenu un automatisme. Elle haussa les épaules avec nonchalance : 

- J'ai même été plus dure avec lui ! Considérez que vous jouissez d'un traitement de faveur ~

Parce qu'elle aimait sa compagnie, ce qu'il lui apprenait ; elle avait tellement d'idées préconçues sur lui, au vu de sa réputation, qu'elle trouvait vraiment intéressant à quel point il était différent, à quel point elle s'était trompé. Elle aimait se tromper, mais elle n'aimait pas l'avouer. 
Elyra rit franchement lorsqu'elle l'entendit dire qu'il était l'un des "leurs" parce qu'il avait tenu une brosse. Pas pour se moquer, pour une fois, mais parce qu'elle le trouvait drôle, attachant, et qu'elle adorait son humour, cette façon qu'il avait de faire semblant de se prendre au sérieux sans le faire. 
Elle rangea son balai, plus un fétu de paille ne traînait par terre ; elle regarda son oeuvre, satisfaite, avant de se retourner avec un grand sourire. 

- Fini ! Allez, viens ~

Elle avait déjà attrapé sa main avant de se rendre compte qu'elle venait de le tutoyer. Elle ne voulait pas le mettre en colère, ni vraiment lui manquer de respect, alors elle baissa les yeux, sans lâcher sa main. 

- Excusez moi, je n'en ai pas fait exprès ... 

Lorys était aux cuisines lui aussi quand Ansérine entra, et il la remercia d'un sourire, lui même étant déjà en train de faire la vaisselle, ses mains rougies par l'eau trop chaude. Il était cuisinier, s'occupait plutôt des desserts ; il avait d'ailleurs beaucoup de talent, mais il n'hésitait jamais à aider ses collègues, ils évoluaient dans la même cuisine et ça lui paraissait évident. 

- Merci d'être venue, Dame Anséline ! 

Lui faisait toujours attention à qui venait aider, contrairement aux autres trop occupés pour décocher un mot à des gens qu'ils ne connaissaient pas. Mais Lorys était jovial, sympathique, son sourire communicatif donnait envie de lui parler. Malgré le fait que techniquement, Anséline n'était pas noble, il lui accordait le même respect qu'aux autres nobles, et la qualifiait de "dame". 

Andrew inclina la tête sur le côté, demandant sans savoir qu'il abordait un terrain glissant. 

- Pourquoi cela ? De mon point de vue, vous semblez plus présente à ses côtés que votre frère ou votre soeur ... 

Il ne comprenait pas vraiment comment on pouvait la délaisser, elle passait tout sauf inaperçu ; et il remarquait que l'absence de contacts avec son père semblait l'ennuyer un peu, il voulait en savoir un peu plus. 

Hérin sourit, attendri par son air penseur, avant d'entendre sa remarque. Il continua de sourire cependant, la rassurant en passant son pouce sur sa joue, la regardant dans les yeux : 

- Il y a toujours un risque ... C'est le principe de la vie. Si vous voulez, mon travail consiste à réduire les risques, alors je peux aussi m'assurer que des oreilles indiscrètes ne traînent pas ~

Il voulait toujours régler ses petits soucis, ça n'avait rien de nouveau. Il savait que la vie privée était difficile à maintenir pour les maîtres de maison, la preuve en était que les rumeurs circulaient déjà sur Paul et Elyra ; les gardes pestaient et se consolaient en se disant que seul le rang devait intéresser la jeune femme, et les servantes y voyaient une preuve que Paul pouvait peut être s'intéresser à elles. 
Il fut un peu étonné de sa question, qui lui demanda un peu de réflexion : 

- Je ... Pas vraiment. Enfin, j'ai un ami, dans les cuisines. 

Mais il ne lui en parlerait pas, parce qu'il ne voulait pas risquer de perdre cette impression que la vie prenait des couleurs, un souffle nouveau.

Paul porta la main à son coeur, déclarant avec un sourire amusé :

"Oh, merci beaucoup dans ce cas."

Elle avait été dure avec lui, plus que les autres femmes ne l'étaient, mais il s'amusait de cette relation, un peu compliquée et tordue, mais qui lui plaisait. Une fois encore, elle prit sa main, se permettant de nouveau un contact un peu trop intime. Il ne lui en voulait pas, et il ne comptait pas la remettre à sa place. Seul le fait qu'elle le tutoie le surprit. Il plaça son pouce sous son menton, lui faisant relever la tête pour qu'elle le regarde dans les yeux :

"Ce n'est rien."

Il lui offrit un sourire rassurant, loin d'être moqueur pour une fois. Seules ses soeurs et son père le tutoyait, mais il était maintenant suffisamment proche d'Elyra pour qu'elle puisse le faire.

Anséline passa un tablier qui traînait, s'installant aux côtés de Lorys pour essuyer les assiettes qu'il nettoyait. Elle sourit quand il la remercia, trouvant injustifié qu'il la considère comme une dame :

"Ce n'est pas grand chose. Et vous pouvez m'appeler Anséline, tout simplement."

Elle ne voulait pas avoir l'impression d'être au dessus d'eux. À ce moment précis, elle était dans le même bâteau qu'eux. En rajoutant une assiette propre sur la pile, elle demanda:

"Vous êtes un des cuisiniers ? "

Elle l'avait déja aperçu mais ne le connaissait pas, il lui semblait juste sympathique et chaleureux.

Vivianne se demanda si elle devait raconter son histoire à Andrew . Elle n'avait pas vraiment l'habitude de se confier, ou du moins pas à propos de ce sujet. Finalement, elle déclara :

"Ma mère est morte en me donnant naissance. Mon père me tient responsable de la mort de sa femme. Ils s'aimaient vraiment, vous savez."

Elle l'avait vite comprit, son père avait eu la chance de tomber amoureux et de pouvoir faire sa vie avec celle qu'il aimait. Et il avait l'impression que Vivianne lui avait arraché la personne la plus importante de sa vie. Elle avait toujours essayé de se racheter une conduite, puis avait fini par abandonner, enchaînant les bêtises pour qu'il la remarque un peu, sans que ça marche.

Aliénor afficha un léger sourire en rétorquant :

"Vous me surprotégez. "

Il avait vraiment l'air soucieux qu'il puisse lui arriver le moindre mal et mettait tout en oeuvre pour la protéger. Elle lui en était reconnaissante, mais elle ne voulait pas qu'il pense qu'elle était faible.
Elle ne chercha pas à cacher son étonnement quand il lui annonça qu'il n'avait pas vraiment de personne à qui se confier hormis un cuisinier :

"Vous allez lui en parler ? "

Elle se serra un peu plus contre lui, venant mettre son visage dans son cou.

Cette fois, la jeune femme contrainte d'affronter le regard de Paul rougit franchement. Pour la première fois, il l'intimida un peu, et elle du chercher ses mots, priant pour ne pas bégayer : 

- Alors ... J'ai le droit de vous tutoyer ?

Elle même ne tutoyait que ses frères, et certains de ses amis proches. Elle craignait de placer Paul dans cette catégorie, Parce qu'elle avait peur qu'il se lasse de sa compagnie et la délaisse, ce à quoi elle ne pourrait rien faire, car si lui pouvait toujours se permettre un tour dans les jardins, Elyra n'avait techniquement rien à faire dans le château et elle ne passait pas assez aperçu pour s'y introduire. 
Elle ne se déroba pas et ils restèrent un instant comme ça, les yeux dans les yeux ; elle devait lever la tête assez haut, et une idée lui traversa l'esprit, qui l'a fit pouffer de rire, rompant cet instant comme il était habituel qu'elle le fasse : 

- Même en mettant sur la pointe des pieds, je ne suis pas à votre taille ! 

Elle illustra ses dires et se mît sur la pointe des pieds, déposant un baiser sur son menton, d'humeur à jouer après avoir été trop sérieuse. Elle était comme ça, si elle montrait ses émotions un instant, elle se montrait encore plus effrontée et dissidente juste après.

Lorys ne ralentit pas le rythme, lui offrant un large sourire :

- Si on veut ! Je suis le chef pâtissier ~

Il était au niveau des chefs dans son domaine, la pâtisserie et les desserts ; c'était un poste à responsabilités, mais pas aussi reconnu que celui des chefs : pourtant, les gâteaux qui sortaient de sa cuisine étaient bien plus exceptionnels que des plats en sauce ou des ragoûts. 

- vous venez souvent nous aider, alors que vous pourriez certainement faire des choses bien plus distrayantes... Je vous en remercie.

Un éclair lui traversa l'esprit et il la regarda dans les yeux, se présentant finalement :

- Je m'appelle Lorys ! 

Pour une fois, Andrew ne se moqua pas, il hocha la tête d'un air compréhensif :

- Je vois... J'imagine que ça a du être dur, pour vous.

Il comprenait ce que c'était que l'absence parentale, ses parents ayant été empoisonnés quand il était petit, son oncle l'avait recueilli pour dorer son image, ce qui avait plutôt bien marché. Cependant, on pouvait dire qu'Andrew n'avait jamais eu personne pour lui, ni frères ni figure parentale, autant maternelle que paternelle. Il avait, comme il le disait, "été élevé par la cour". Il ne disposait pas d'une nourrice pour lui, et était tenu depuis ses 6 ans, d'assister à toutes les cérémonies royales, occupant en quelque sorte le poste très prisé de bouffon ; mais au fur et à mesure, à force de se modeler, d'apprendre ce qui faisait de lui ce bouffon, il était parvenu à se construire à l'opposé, faire en sorte que jamais plus on ne se moque de lui. Il y était arrivé, puisque maintenant son oncle l'avait écarté de la cour Parce qu'il faisait même de l'ombre à l'héritier. 

- Je suis désolé pour votre mère. Mais j'aurais été encore plus desole que vous ne veniez pas au monde.

Après tout, son entourage devait regretter la mort de sa mère, et donc sa naissance, mais lui était sur qu'à choisir entre les deux, il aurait choisi Vivianne.

Hérin sourit, rétorquant pour sa défense :

- Certes, mais ça ne date pas d'hier.

Il était déjà comme ça avec elle avant qu'ils se rapprochent, qu'il sache a quel point ses lèvres était douces, son parfum ennivrant. Il l'embrasse dans le cou, souriant un peu :

- Je pense que je vais lui en parler, Parce qu'il me posera la question... Mais je ne lui dirais pas de qui il s'agit. Je ne veux pas risquer de vous mettre dans l'embarras.

Il préférait être pendu que lui causer le moindre problème.

Paul sembla un peu étonné de la voir rougir. Après tout, elle semblait toujours tellement sûre d'elle qu'il n'arrivait pas à se la figurer autrement. Mais il n'était pas mécontent de la mettre mal à l'aise et de la faire rougir. Il lâcha son menton, ne voulant pas la laisser dans cet état là trop longtemps. Il haussa les épaules :

"Pourquoi pas ?"

Quand elle embrassa son menton, il fut tenter de baisser la tête mais resta de marbre, sans bouger, nullement gêné. Même si il la trouvait tout à fait charmante, il comptait bien se tenir, pour une fois. Il pencha la tête :

"Cessez de m'embrasser comme ça, vous nous pourrez bientôt plus vous passer de moi !"

Il arbora un large sourire avant de demander, avec amusement :

"Nous ne sommes pas censés aller cueillir je ne sais quoi ?"

C'était un petit rappel, plus pour l'embêter que pour la remettre au travail. Il prenait un malin plaisir à donner ses faux rappels à l'ordre.

Anséline sourit en de rendant compte que c'était lui qui leur faisait les desserts. Elle était très gourmande, et elle aimait le sucré. En véritable amatrice, elle ne pouvait nier combien ses pâtisseries étaient bonnes. Elle expliqua :

"Je n'ai rien d'autre à faire, ça ne me dérange pas d'être ici."

Elle aimait bien l'ambiance qui régnait aux cuisines, c'était très chaleureux, tout le monde s'entendait bien, et chaque personne gagnait à être connue. Elle lui sourit :

"Enchantée !"

Grâce à lui, elle penserait surement moins à Nikolaï. Le jeune homme avait l'air agréable, avec de la discussion, et son sourire mettait tout de suite de bonne humeur ; elle savait qu'il lui ferait passer un bon moment.

Vivianne repoussa une mèche qui lui tombait sur le visage avant de hausser les épaules :

"Je suppose que ça va."

Elle n'avait pas connu sa mère alors elle n'avait pas eut à supporter la perte d'un être cher. Son frère avait sut lui donner le peu d'amour et d'attention qu'elle demandait, elle regrettait juste que son père n'ait pas cherché à l'aimer comme ses autres enfants. Il aurait put faire pire que de l'ignorer, et elle était déjà satisfaite de pouvoir vivre dans le château. Les paroles d'Andrew lui tirèrent un sourire et elle le regarda un instant :

"C'est gentil."

Elle avait envie de changer de sujet, ne trouvant pas celui ci particulièrement léger ou drôle.

Aliénor répondit, en souriant également :

"Certes. J'aurais dut vous faire la remarque bien avant. "

Elle ne put s'empêcher d'être touchée par les propos du jeune homme qui tentait toujours de lui simplifier la vie, qui ne faisait jamais rien qui pouvait lui faire du tort. Elle planta son regard dans le sien :

"Vous faites vraiment attention à moi... ça me va droit au coeur."

Elle leva la tête pour l'embrasser, prenant son visage entre des doigts fins. Elle avait déjà reçu quelques chastes baisers, mais aucun ne lui avait fait autant d'effet que ceux d'Hérin.

Elyra leva les yeux, son regard pétillant de malice : 

- Je ne t'ai pas embrassé, vantard ! Je voulais juste vérifier ton rasage... Tu piques un peu ! 

Elle passa le dos de son doigt sur sa joue, touchant sa barbe naissante à rebrousse-poils. Elle lui fit signe de la suivre, pour ne pas l'entraîner ; elle avait un peu peur qu'à force de le tirer avec elle, il n'aie pas spécialement envie de la suivre quand elle ne l'y obligeait pas. Elle avait un peu peur que cette affection ne soit à sens unique.

- On va cueillir des mirabelles, une sorte de prune ~

Lorys demanda, curieux :

- Qu'est ce que vous aimez faire, d'habitude ? Je me suis toujours posé la question...

Il n'avait pas le temps de regarder ce que faisaient les notables, et il se demandait ce qu'ils pouvaient bien fabriquer de leurs journées. 

Andrew regarda autour de lui, et ne reconnut rien ; il ne parvenait même plus à entendre les chiens. Ils devaient s'être éloignés sans prêter attention.

- J'espère que vous savez où nous sommes, Parce que je n'en ai aucune idée ! Votre compagnie m'a fait perdre la notion d'espace ~ 

D'ordinaire, il n'était pas aussi distrait, mais leur conversation avait absorbé son attention comme c'était rarement le cas. 

Hérin sourit :

- C'est normal... Je tiens beaucoup à vous. 

Ça non plus n'avait rien de neuf, mais elle ne l'avait peut être pas remarqué, Parce qu'il ne l'avait jamais exprimé. Il ferma les yeux, profitant de sa caresse. Ses mains étaient fines et douces, il aimait ce contact. Il embrassa ses doigts avec un petit sourire tendre et malicieux.

- Vos mains sont très douces ~

Il les prit dans les siennes, s'apercevant sans grande surprise qu'elles étaient aussi très petites.

Paul rétorqua, en haussant les épaules : 

" Je voulais te voir ce matin, je me suis dépêché. " 

Ce qui était vrai. Il se rasait avec soin normalement, ne trouvant rien de joli dans le fait de garder la barbe. Mais ce matin, il avait tellement envie de rejoindre Elyra qu'il avait oublié. Quand elle commença à partir sans lui, il la prit par la main, la freinant pour qu'elle marche à sa hauteur. Il voyait bien qu'elle avait l'air assez tactile, et même si il n'avait pas l'habitude de l'être spécialement, il essayait de lui faire comprendre que son affection n'avait rien d'un sens unique. En levant les yeux au ciel, il déclara : 

" Ca va, je sais ce que sont des mirabelles ! " 

Des fois, elle semblait oublier que les nobles avaient tout de même un peu de connaissances, même si il ne côtoyait pas les mirabelles tous les jours. Il savait au moins à quoi ça ressemblait. 

Anséline poussa la pile d'assiettes pour se faire un peu de place et en créer une nouvelle, attendant que quelqu'un ait la bonne idée de ranger la vaisselle. Elle répondit ensuite : 

" Quand je ne suis pas avec Aliénor, je peins... et je lis beaucoup aussi. " 

Elle n'était pas souvent seule, alors il était rare qu'elle se pose dans un coin pour faire ce qu'elle aimait. Les rares journées de libres, elle les passait avec sa famille... Elle demanda, avec un intérêt non fin, son joli sourire aux lèvres : 

" Et vous, que faites vous quand vous ne travaillez pas aux cuisines ? " 

Finalement, cet homme s'avérait agréable, et présent, pas comme le prince qui était visiblement bien trop prit par sa chasse. Ils avaient passé une bonne soirée la veille, mais elle savait que ça n'irait jamais plus loin, qu'il oublierait rapidement son prénom, et qu'une fois reparti il ne penserait plus jamais à elle. 

Vivianne se mordilla la lèvre, laissant traîner son regard sur la nature environnante. Elle ne se perdait jamais, elle connaissait ces bois par coeur : 

" Bien sûr, nous ne sommes pas très loin du château. Ils ont du prendre beaucoup d'avance. " 

ça ne le dérangeait pas tellement. Elle essayait de remettre sa relation avec Andrew à plat, en tâchant de ne plus être une enfant capricieuse et indécise, ce qui n'était pas facile mais faisable. Mais pour elle, Andrew ne cherchait plus à la séduire, juste à essayer de la connaître un peu, son comportement étant radicalement différent à celui de la veille. Elle proposa : 

" Vous voulez qu'on les retrouve ? Je pense qu'ils ne seront pas si loin. " 

Aliénor sourit, déclarant avec un petit sourire : 

" Moi aussi, Hérin. " 

Elle avait toujours eut une affection étrange pour lui, inexpliquée. Ils ne se parlaient pas tant que ça, et pourtant, elle l'avait toujours aimé, d'une certaine façon. Désormais, elle savait pourquoi elle était si attachée à cet homme. Elle rit un peu en sentant ses lèvres sur ses mains : 

" C'est normal, je ne fais pas grand chose avec, elles ne risquent pas de s'abîmer. " 

Celles d'Hérin était plus rugueuses, abîmées par le travail, et elle aimait ses caresses, leur trouvant quelque chose d'étonnamment agréable.

Elyra marqua une pause, sa bouche formant un joli O. Elle ne rougissait même pas tellement elle était surprise. Cependant, elle n'eut même pas envie de se moquer, et déclara avec un sourire adorable : 

- Je ne pensais pas ... J'ai rarement entendu quelque chose d'aussi mignon. Ne me tente pas, sinon cette fois je vais vraiment t'embrasser ! 

Elle lui adressa un regard taquin, plus que contente qu'il lui prenne la main lui aussi. Elle ne savait pas s'il était convenable que quelqu'un puisse le voir avec une moins que rien comme elle, et même si elle ne voulait pas qu'il ait de problèmes, elle était contente qu'il le fasse malgré les risques et les rumeurs, défiant leur différence de classe ; il n'avait pas l'air d'avoir envie de se cacher, et ça lui plaisait follement. Elle avait envie de sautiller tellement elle était contente, et ça se voyait dans sa façon de sourire, cette fois ses pommettes ressortaient nettement, ce qui ne manquait pas de charme. 

- J'avais oublié que tu t'y connaissais en jardinage ! 

Lors héla un cuisinier, lui demandant en rigolant s'il attendait que la pile d'assiettes s'effondre pour la ranger, et le plan de travail d'Ansérine fut débarrassé avec bonne volonté, l'avantage de demander les choses avec humour. Lors parut impressionné, ce qu'il ne feignait pas.

- Vous peignez ? Il faut un grand talent ! J'aimerais bien voir une de vos oeuvres ... Quels sont vos sujets de peinture ? 

Il réfléchit à la question, avant de répondre en souriant : 

- J'aimerais bien lire moi aussi, mais je ne sais pas les faire, c'est embêtant ! Je ne fais rien, à part rester avec ma famille, m'amuser avec mon frère et ma soeur ~

Il n'avait plus qu'eux, ce qui n'étaient pas anormal ; ils vivaient un peu plus loin, dans une petite maison confortable où chacun avait son espace. Il passait le plus clair de son temps libre avec eux, aidant aux entraînements des gardes tout comme Elyra ; leur père était le précédent capitaine des gardes, et le combat de même que le maniement des armes leur avait été enseigné, autant à eux qu'à leur soeur. 

Andrew réfléchit en faisant la moue : 

- Bah, maintenant qu'on les a semé... Ce serait bête de les retrouver ! 

Il lui adressa un petit sourire joueur ; c'était surtout eux qui avaient été semés, mais le résultat était le même : 

- On peut en profiter pour se balader, qu'en pensez vous ? 

Ils pouvaient peut être aller explorer au delà de ce qu'elle connaissait ; sinon, elle pourrait lui montrer les coins jolis, les recoins dont seul quelqu'un qui connaissait les bois comme sa poche pouvait soupçonner l'existence. 

- Vous pourriez peut être me montrez des endroits que vous aimez ? 

Hérin sourit, la serrant un peu contre lui. 

- C'est votre milieu qui veut ça. Vous n'êtes pas feignante. 

Il savait les reconnaître, les dames empotées qui passaient leurs journées assises dans des canapés à manger et à cancaner comme des oies. Son Aliénor n'était pas comme ça, elle était du genre à sortir, se promener, aider même parfois ; elle n'avait rien à voir avec les autres, et c'était aussi ce qu'il aimait. Lui avait été buriné par le travail, les combats et le soleil qui avait ratifié sa peau d'une façon quasiment inconnue en France. Sur son menton, sous sa barbe naissante courrait sa cicatrice la plus visible, sur le bas de la joue gauche, encadrant son visage sur ce côté ; du même côté, au niveau de la tenue, une autre descendait verticalement, un peu moins visible. Le tout lui donnait un air de baroudeur qui ajoutait à son charme un atout considérable.

Paul afficha un petit sourire amusé en voyant sa surprise. Il pouvait être désagréable et moqueur, mais il était aussi tout à fait adorable et plaisant. Il demanda, avec amusement :

"Qui a dit que je te laisserai faire ? Je ne suis pas un homme facile !"

Ce qui était plutôt risible au vu de sa réputation. Mais il prenait à malin plaisir à tout prendre à la rigolade. Tandis qu'ils marchaient vers les arbres fruitiers, il sentit les regards sur eux. Il faisait comme si il n'y avait rien, nullement mal à l'aise, et se contentant de rappeler à certains qu'ils feraient mieux de reporter leur attention sur le travail si ils tenaient à garder leur poste. Il expliqua avec un sourire en coin :

"Ce n'est pas parce que je ne jardine pas que je ne sais pas à quoi ça ressemble ! "

Il eut une moue de gamin vexé, sans pour autant lui lâcher la main.

Anséline remercia Lorys d'un sourire adorable et se remit à la tâche. Elle expliqua :

"Je ne peins pas depuis longtemps. Mais je trouve que les paysages sont très intéressants."

Elle se débrouillait bien, mais continuait à apprendre. Son père était doué alors il la conseillait souvent et lui donnait des astuces. Elle ne se sentait pas encore prête à les montrer, mais peut être qu'elle ferait une exception pour le jeune homme. Elle proposa :

"Je pourrais vous apprendre. Ce n'est pas si difficile. "

Elle fut contente d'apprendre que la famille avait également de l'importance à ses yeux, c'était quelque chose qui avait également de l'importance pour elle aussi.

Vivianne sourit légèrement, retrouvant un peu l'homme de la veille. Elle déclara, avec Un léger petit air aventureux :

"On peut faire ça. Ça peut être amusant."

Elle devia du chemin de terre battue, prenant un autre passage un peu différent, qui menait à un endroit plutôt charmant. Le chemin était tortueux et il devenait finalement inaccessible à cheval, mais ça valait le détour. Elle déclara avec amusement :

"J'espère que vous aimez marcher ! "

Aliénor leva la tête, déposant un baiser sur la mâchoire carrée de son beau garde :

"Je ne pourrais pas rester à rien faire, je m'ennuierai vite."

Elle se demanda si ils feraient des activités ensembles, même en douce, elle ne voulait pas que leur relation soit ennuyeuse parce qu'elle devait rester secrète. Elle avait envie qu'il lui dise ce qu'il aimait faire, les endroits ou il aimait aller... elle voulait vraiment apprendre à le connaitre.

Elyra lui sourit, un peu taquine : 

- De toute façon, je ne pourrais pas essayer, tu es trop grand ! Mais je me doute que tu es très difficile ~

ça, elle le disait plus pour plaisanter, parce qu'elle ne pensait pas que la dinde de l'autre soir méritait l'attention d'un homme pareil, mais bizarrement, elle était maintenant plus en colère contre la femme que contre Paul. C'était mauvais signe pour elle ; au moins, ce n'était pas par hypocrisie qu'elle lui avait dit qu'elle pensait autrement, c'était vrai. Elle préférait se battre avec les femmes qui sortaient de sa chambre plutôt que faire des crises de jalousie sans intérêt. C'était une battante, pas une victime. 
Ils arrivèrent au niveau du verger où les arbres étaient couverts de mirabelles ; ils n'étaient pas trop hauts à la base, de sorte que même Elira n'avait pas besoin d'échelle puisqu'elle se hissait à la force de ses bras. Elle monta directement, connaissant les arbres et les branches plus fragiles, même si elle commençait à aller haut. De là où il était, Paul avait une vue pas mal, elle s'en doutait : 

- Ne profite pas pour regarder ! 

Elle savait aussi que si elle le disait, ce serait comme quand on dit à quelqu'un de ne pas regarder en bas : ce serait la première chose qu'il ferait. 

Lorys sourit, hochant la tête. Il comprenait, lui aussi aimait la nature ; il ne pensait pas qu'elle était moins douée parce qu'elle débutait, et elle avait tout le loisir de s'améliorer. 

- Ce serait trop gentil ! Si vous voulez, je ne sais pas faire grand chose, mais si vous voulez essayer la pâtisserie ... 

Il lui fit un clin d'oeil complice avant d'ajouter : 

- Le coeur d'un homme s'atteint par son estomac ! 

Il était de ceux avec qui il était vraiment facile de parler, rapide de se sentir à l'aise et facile de se confier. 

Andrew descendit de cheval, rigolant : 

- Bien sur, marcher est ma passion cachée ! 

Il avait au moins des bottes qui le protégeaient des ronces, mais certaines branches lui revenaient dans la tête. 

- Quel genre d'endroits vous aimez ? Vous vous évadez souvent ainsi ? 

Il se doutait que si elle aimait faire de l'équitation, c'était pour s'en aller, aussi ; elle avait l'air aventureuse, aimant la nature. 

Hénin l'embrassa furtivement avant de demander, avec un petit sourire : 

- Voulez vous qu'on fasse quelque chose ? Je sais jouer aux échecs ~

C'était un peu sa fierté, parce qu'il n'avait pas eu accès à l'éducation, et qu'il ne voulait pas qu'elle le trouve inintéressant, bête ou bourrin. 

- Je ne suis pas très cultivé ... Mais j'aimerais apprendre ! 

Il ne savait pas lire, mais il se dit qu'il apprendrait, parce qu'il ne voulait pas qu'elle se sente seule intellectuellement, il n'était pas qu'un tas de muscles.

Paul haussa les épaules : 

" Evidemment, qu'est ce que tu crois ! " 

Il ne l'était pas vraiment, il aimait les jolies filles, tout simplement. Mais rares étaient celles qui arrivaient à retenir son attention pour plus d'une nuit. Il n'était pas vraiment du genre à se poser, et encore moins si il trouvait simplement la fille jolie mais pas vraiment digne d'intérêt. Il voulait une femme qui le fasse s'évader, rire, et qui ne soit pas simplement une jolie poupée qui céderait à tous ses caprices. Quand elle grimpa à l'arbre, il ne se gêna pas pour la détailler, s'attendant de toute façon à ce qu'elle lui fasse une remarque. Il balança, sur un ton désinvolte : 

" Pour qui me prends tu ? C'est vraiment pas mon genre ! " 

Clairement, il était plutôt du genre à ne pas se déranger, et il était content de la vue qu'il avait d'en bas. Il ajouta sur un ton crapuleux : 

" Tu as l'air souple... " 

Décidément, il était incorrigible, mais il savait qu'elle ne le prendrait pas mal, elle n'était pas du genre à s'offusquer pour si peu. 

Anséline rit en l'entendant. Elle n'avait aucun coeur à atteindre pour le moment, mais elle n'était pas contre le fait d'apprendre quelque chose. Elle aimait apprendre :

"Avec plaisir ! J'adorerai apprendre, vous êtes un homme talentueux. "

Peut être pensait il ne pas savoir faire grand chose, mais ce qu'il savait faire, il le faisait bien, voire vraiment très bien. Elle n'était pas très douée en cuisine, ce qui était plutôt un comble pour une femme, mais elle apprenait avec sa mère quand elle y allait, histoire de savoir faire cuire quelque chose convenablement quand elle serait à son tour mère de famille. Lorys lui donnait l'opportunité d'apprendre à faire de bons desserts, alors elle n'allait pas refuser. 

Vivianne rit en attachant les rênes de son cheval à une branche solide. Même si elle savait que l'animal n'allait pas s'enfuir, elle préférait être prudente. D'autant plus que cet étalon avait une place particulière dans son coeur, puisqu'il avait été acheté par sa mère quand il était tout petit poulain, et qu'après son décès, c'était Vivianne et Paul qui s'en étaient occupé. Elle passa devant Andrew, finissant pas lui tenir les branches parce qu'il ne lui semblait pas très doué : 

" Je m'éloigne aussi souvent que possible de ce château. Et j'aime toute sortes d'endroits, mais je vais emmène à mon favori. " 

Elle lui jeta un regard malicieux par dessus son épaule avant d'ajouter, avec moquerie : 

" Vous ne semblez pas très à l'aise avec toute cette nature, je me trompe ? "

Aliénor afficha un grand sourire, hochant la tête : 

" Bien sûr, avec plaisir ! Je ne me souviens plus de toutes les règles, par contre..." 

Elle pencha la tête, agréablement surprise de savoir qu'Hérin savait jouer à un jeu pareil. Pas qu'elle le trouvait idiot, mais elle n'avait pas pensé que ça ait put être un sujet qui l'intéressait. Elle glissa sa main dans la sienne, l'emmenant dans une pièce à l'écart, avec des bibliothèques qui montaient jusqu'au plafond, des divans confortables, et un bel échiquier qui être prêt à être utilisé. Elle avait fait attention à ce que personne ne les voit ensemble, et avait prit soin de fermer la porte derrière eux. Elle déclara avec un sourire tendre :

" Ici on sera tranquille. "

Elle ajouta en s'approchant pour lui déposer un baiser du bout des lèvres : 

"Et bien sûr que vous êtres cultivé, mais nous n'avons juste pas la même culture. " 

Elyra ne put s'empêcher de rire ; elle ne se rappelait pas s'être déjà sentie si proche de quelqu'un, autant sur la même longueur d'onde, en si peu de temps. Elle baissa la tête, et lança avec ce même air libidineux : 

- Tu n'imagines même pas à quel point, cher ami ~ 

Elle se hissa jusqu'à une branche où les fruits lui semblaient bien murs, et elle releva son haut pour en prendre le plus possible en s'en servant comme d'une grande poche, puisqu'elle avait oublié de prendre un panier ; elle fit comme si de rien était, comme si Paul ne la distrayait pas tellement qu'elle n'avait pas pensé à prendre le panier avant d'aller cueillir, elle qui était pourtant habituée, c'était une erreur de débutante. Elle avait l'impression qu'avec Paul, les corvées n'en étaient pas, que le temps passait à toute vitesse. 

Lorys rigola, continuant sa vaisselle en récurant ses casseroles avec énergie, laissant un peu de temps à Anséline pour souffler. 

- Pas particulièrement ... Mais avec mon frère et ma soeur, si je n'avais pas mis la main à la pâte, on serait tous morts de faim ! J'ai été obligé d'apprendre pour nourrir les deux oiseaux, mon petit frère est trop misogyne, et ma petite soeur ... Elle a essayé, mais elle n'arrive jamais à faire des choses normales ~ 

Il s'était lui même retrouvé "mère de famille", vivant avec deux bras cassés. C'était comme ça qu'il avait trouvé sa vocation, ce qu'il aimait maintenant faire de ses journées.

- En tous cas, je serais ravi de jouir de votre compagnie, quand vous aurez du temps libre ~ 

Il ne prenait que rarement des jours de repos, et il passait le plus clair de son temps en cuisine, arrivant tôt le matin et repartant tard le soir, selon les horaires de son frère et de sa soeur. Ils avaient la chance de posséder une maison un peu plus loin, et avaient leur indépendance. 

Andrew sourit, content qu'elle s'ouvre un peu, lui montre un peu ce qu'elle aimait et ce qu'elle faisait. Il se frotta la nuque, un peu gêné, parce qu'il ne pouvait pas vraiment le nier. 

- A vrai dire, je ne suis ps très habitué ... Mais ça ne me déplait pas ! C'est beau et sauvage, tout comme vous ~ 

Comme toujours, il était retombé sur ses pattes tel un chat, finissant par un compliment. Il affichait un sourire en coin séduisant, qui lui allait comme d'ordinaire à ravir. Il déclara, sincèrement, en la suivant : 

- Je suis content de pouvoir passer un peu de temps avec vous ... Pour être honnête, c'est pour ça que je suis resté. 

Hérin sourit, se laissant entraîner ; quand elle l'embrassa, il lui rendit son baiser, passant un bras autour de sa taille. Il la regarda dans les yeux : 

- Vous êtes gentille... 

C'est vrai qu'il s'y connaissait en armes, et stratégies militaires, en combat ... Il trouvait son savoir inutile, ne voyant pas ce qu'il pouvait apporter de bon, hormis le fait non négligeable de pouvoir protéger Aliénor. Il s'installa à un bout de l'échiquier, demandant avec un sourire malicieux : 

- Voulez vous qu'on pimente la partie ?

Paul sourit. En effet, il ne saurait peut être jamais à quel point. Bizarrement, il ne cherchait pas à la mettre dans son lit, il n'avait aucune véritable arrière pensée et ne restait pas avec elle dans l'espoir qu'elle passe la nuit avec lui. Il l'appréciait sincèrement, la trouvait agréable, drôle. Il attendit en bas de l'arbre, croisant la bras sur son torse, se dévissant le cou pour pouvoir la regarder grimper. Il la vit évidemment soulever son haut, et il ne put s'empêcher de s'exclamer : 

" Un peu de pudeur, tout de même, je suis un homme ! " 

Et il ne se gênait pas pour regarder, se demandant tout de même si elle avait cette attitude avec tous les autres hommes qu'elle côtoyait. Il lui était impossible de bien se tenir avec une fille comme elle dans le coin. Sans doute ne devait-elle pas se rendre compte de sa beauté, ou alors faisait-elle exprès, justement pour le rendre dingue ? 

Anséline s'essuya les mains sur le tablier déjà abîmé qu'elle avait emprunté, écoutant Lorys avec attention. Elle aimait beaucoup écouter les histoire des autres, et Lorys semblait assez facilement s'ouvrir, alors elle appréciait. Elle demanda : 

" Est ce qu'ils travaillent ici ?" 

Elle connaissait pas mal de monde, elle était sympathique alors les domestiques n'avaient pas peur de lui parler, surtout qu'ils ne la considérait pas vraiment comme une personne au dessus d'eux. Elle se trouvait un peu entre les deux classes, même si elle ne se jugeait pas au dessus des personnes comme Lorys. Elle pencha la tête, faisant tomber une mèche blonde sur son front : 

" C'est surtout à moi de savoir quand vous aurez un peu de temps libre ? "

Elle se doutait qu'il devait être très occupé et qu'ils ne pourraient peut être pas passer un moment ensemble avant un certain temps. 

Vivianne pouffa de rire en entendant son compliment. Elle ne savait pas comment il se débrouillait pour toujours tourner ses paroles en des gentillesses. Ils finirent par arriver sur une toute petite zone sans arbre, dans laquelle passait un petit ruisseau. Pas très profond, mais glissant. Heureusement, des pierres permettaient de traverser sans avoir à se mouiller, sauf si on en loupait une. Avant de s'engager, elle demanda : 

" Vous êtes resté pour moi ? Vraiment ? Je croyais vous avoir énervé ce matin. " 

Elle haussa un sourcil en posant un pied sur une pierre, sans vraiment être particulièrement précautionneuse. Elle venait tellement souvent qu'elle avait fini par traverser avec facilité. Elle arriva rapidement de l'autre côté et l'attendit, arborant un petit sourire amusé, voulant voir si il allait s'en sortir dans cette traversée. 

Aliénor sourit en se blottissant un peu contre Hérin. Il ne devait pas comprendre qu'elle ne disait pas ça par gentillesse, mais qu'elle était simplement sincère, et qu'elle voulait qu'il ait un peu plus confiance en lui. Néanmoins, elle ne chercha pas à le reprendre, et le laissa penser qu'elle se montrait seulement gentille. elle vint s'installer face à lui, appuyant son visage dans la paume de sa main, haussant un sourcil, piquée par l'intérêt :

" Pourquoi pas ? A quoi pensez vous ? " 

Elle ne savait pas quelle idée avait germé dans son esprit, mais elle avait envie de savoir, n'étant pas contre une petite variante des règles.

Elyra rigola, descendant avec précaution. Elle jetta un coup d'oeil à Paul, malicieuse : 

- ça va, tu n'es pas un monstre, tu sais te tenir ~ 

Bien sur, elle savait que son regard trainerait, elle le connaissait un peu ; mais elle savait bien en qui elle avait assez confiance pour ne pas être froide et gênée, et avec qui il était dangereux d'être aussi inconvenante.
Elle chercha son panier, mettant les mirabelles dedans, et essaya de juger si elle devait remonter, fronçant les sourcils de façon plus adorable qu'autre chose. Elle finit par le donner à Paul, avec un grand sourire : 

- Tu peux attraper celles qui sont à ta portée, toi qui es si grand ~ 

Elle remonta dans l'arbre sans difficulté, juste au dessus de Paul, ramassant de nouveau les fruits, jusqu'à ce que la branche craque et qu'elle perde l'équilibre. 

Lorys hocha la tête, expliquant en luttant contre des morceaux du gratin de la veille très récalcitrants. 

- Ma petite soeur, oui ! Elle est jardinière ici. Mon frère est forgeron, il tient la petite forge au village ! Il vient parfois ici vendre sa marchandise ~ 

Il relava la tête pour la regarder, un sourire amusé étirant ses lèvres alors qu'il fixait la mèche blonde qui semblait vouloir se révolter ; lui même n'essayait pas de dompter son épaisse chevelure blonde, tirant presque sur le roux. il avait renoncé, coupant juste régulièrement les mèches folles pour que ses cheveux ne touchent pas ses épaules. 

- J'ai souvent du temps libre entre les repas, en début d'après midi par exemple, vous pouvez être sure que je suis ici, à essayer de nouvelles recettes pour m'occuper ! 

C'était ce qui faisait de lui un si bon patissier : il ne s'en allait pas en dehors de ses heures de travail, il flânait, certes, et n'était pas rapide, mais il continuait à s'améliorer, créant parfois de toute pièce des gâteaux délicieux. 

Andrew répondit, jaugeant l'épreuve qui l'attendait en regardant attentivement les pierres qu'il devrait emprunter. 

- Je ne peux pas franchement le nier ... Mais je ne suis pas du genre à ne plus m'intéresser à quelqu'un juste parce que cette personne m'énerve. Bizarrement, c'est parfois le contraire ... 

Il ne trouvait pas particulièrement distrayantes es relations plates et faciles, et il les laissait tomber bien vite, considérant qu'il n'avait pas envie de se poser avec une femme qui ne saurait pas lui tenir tête. Vivianne, au moins, savait on ne peut mieux le faire. Il s'engagea sur le chemin de pierre avec une moue concentrée, les sourcils froncés en regardant ses pieds. Au milieu du ruisseau, une pierre bougea : il retira son pied très rapidement, marcha trop au bord de la suivante, et tomba lamentablement dans l'eau. Assis au fond du ruisseau, l'eau semblant le contourner et trempé des pieds à la tête, il leva les yeux vers Vivianne, et après une seconde, éclata de rire. 

Hérin lui adressa un petit sourire en coin amusé ; il ne savait pas si elle serait pour sa variante, mais il se lança tout de même : 

- A chaque pièce perdue, le perdant enlève un vêtement, même le plus insignifiant ~ 

Il la regarda dans les yeux, ne sachant pas si elle était assez audacieuse pour accepter, et surtout si elle se sentait assez à l'aise avec lui.

Paul sourit, amusé, rétorquant rapidement : 

" Ah bon ? "

Il voyait qu'elle le craignait beaucoup moins qu'au début. Certes, elle avait toujours cette façon un peu trop franche de lui parler, mais elle n'était plus sur la défensive, à chercher si il était sincère ou pas. C'était déjà un grand pas, mine de rien. Il la regarda faire, et quand elle lui tendit le panier, il fronça les sourcils, faisant la tête d'un gamin à qui on demanderait un service. en ronchonnant, il s'approcha un peu plus de l'arbre, récupérant les mirabelles. Il n'était franchement pas rapide, les prenant une par une et les examinant sous tous les bords, mais il essayait d'y mettre un peu de bonne volonté. Un peu seulement. Parce qu'il continuait de râler en balançant les mirabelles en mauvais état par dessus son épaule. Quand il entendit la branche craquer, il releva la tête, et il eut à peine le temps de réagir qu'Elyra se retrouva dans ses bras, le panier renversé, au passage. Il la félicita : 

" Eh bien bravo, vous avez fichu tout mon travail en l'air ! Tout ça pour me tomber dans les bras... " 

Il secoua la tête, ne pouvait s'empêcher de sourire. Il lui jeta tout de même un rapide coup d'oeil, vérifiant qu'elle n'avait rien de cassé. 

Anséline hocha la tête, voyant plus ou moins de qui il s'agissait. Enfin, elle voyait qui était sa soeur, puisqu'elle était la seule femme qui occupait un poste de jardinière. Elle demanda alors, en se mordillant la lèvre : 

" Alors vous avez entendu les rumeurs circulant au sujet de votre soeur ? "

Elle se demandait si des rumeurs circulaient également à son sujet. Elle avait passé une grosse partie de la soirée avec Nikolaï, mais il ne lui semblait pas encore avoir entendu un seul bruit de couloir à ce sujet. C'était mieux comme ça. Elle finit par arborer un joli sourire, repoussant sa mèche blonde qui continuait de l'ennuyer et demanda : 

" Alors je pourrais venir vous aider à passer le temps ? "

Vivianne allait rétorquer qu'elle trouvait Andrew bizarre, mais elle n'eut pas le temps de le faire, puisqu'il tomba lamentablement. Elle mit une main devant sa bouche, pour ne pas éclater de rire. Elle avait tout de même du mal à contenir son petit air moqueur. Elle finit par s'approcher demandant : 

" Tout va bien ? " 

Heureusement, lui aussi riait. Il prenait ça à la légère. Elle se pencha un peu, lui proposant sa main, même si elle doutait fortement qu'il la saisisse. Même trempé, il restait très attirant, beaucoup trop, et elle savait qu'elle aurait toujours du mal à garder une certaine distance entre eux deux. 

Aliénor piqua directement un fard. Elle ne s'attendait pas tellement à ce genre de jeu, mais Hérin semblait emballé par cette perspective. Elle savait qu'elle allait encore enfreindre une règle si elle acceptait mais après tout... une de plus... Elle se leva, lui faisant signe d'attendre, et alla fermer la porte à clé, histoire que personne n'ait la bonne idée d'ouvrir cette fichue porte. Ensuite, elle revint s'asseoir face à lui, et hocha la tête : 

" D'accord, on peut essayer. Mais je... ne suis pas sûre d'arriver à vous faire perdre une seule pièce. " 

Elle excellait dans de nombreux domaines, mais surement pas celui des échecs qui s'avérait un peu trop compliqué pour elle.

Elyra avait les yeux fermés, s'attendant à un impact bien plus douloureux, et à la place de ça, lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle se retrouva dans les bras de Paul. Elle mit une seconde avant de se rendre compte qu'elle ne tomberait pas plus bas et embrassa son menton avec un petit sourire. 

- Oui, j'en ai fait exprès ! Merci quand même de m'avoir rattrapée, même si c'était parfaitement calculé ~ 

Elle descendit de ses bras, ramassant les fruits qui étaient dans le panier et ceux qui étaient tombés en même temps qu'elle, avant de déclarer : 

- Je pense qu'il y en a assez ! 

Lorys releva la tête de son plat, soufflant sur une mèche qu'il avait devant les yeux et qu'il ne pouvait pas écarter parce qu'il avait les mains trempés. 

- Non, quelles sont-elles ? 

D'ordinaire, il ne prêtait pas attention aux rumeurs, mais si cela concernait sa soeur, c'était différent. Elle était tellement renfermée, secrète, qu'il avait du mal à savoir ce qu'elle avait dans le crâne, ce qui pouvait bien la préoccuper lorsqu'elle rentrait d'une humeur massacrante. 

- Bien sur que vous pourrez, ça me ferait plaisir ! 

Andrew regarda la main de Vivianne, son sourire moqueur, puis encore sa main, et le sourire joueur qui étira ses lèvres ne laissait aucun doute quant à ses intentions ; cependant Vivianne n'eut pas le temps de retirer sa main qu'il la tira avec lui dans le ruisseau, la rattrapant pour qu'elle soit juste trempée, mais qu'elle ne se fasse pas mal. Il pouffa de rire en voyant sa tête : 

- Voilà, petite moqueuse ! 

Hérin afficha un petit sourire en coin, faisant non de la tête. 

- Je ne suis pas un maître des échecs, vous savez ~ Il n'y a pas de raison ! 

Pour qu'ils partent à égalité, il lui expliqua le déplacement de chaque pièce, sans lui faire l'insulte de lui rappeler le but du jeu, parce que ça, même quelqu'un qui n'avait jamais joué le savait, il ne la prenait pas pour une idiote. 

- Vous pouvez commencer ~

Paul secoua la tête avec un léger sourire amusé. Evidemment, elle faisait comme si tout était calculé, mais il savait qu'elle était plutôt contente de ne pas s'être écrasée au sol, même si elle n'était pas perchée bien haut. Elle aurait put se faire mal. Il la laissa retrouver la terre ferme et déclara, en l'aidant vaguement à ramasser ce qui était tombé : 

" La prochaine fois, fais moi penser à m'écarter, puisque tu calcules si bien ton coup. "

Il lui balança un sourire moqueur, et lui prit le panier des mains, pour ne pas qu'elle le porte. Il ne savait pas vraiment pour quelle raison il était si galant, mais ce n'était peut être pas si mal, après tout. Il finit par demander : 

" On fait quoi maintenant ? " 

Anséline rit en voyant la mèche qui lui tombait dans les yeux et finit par lever la main pour la repousser, histoire qu'il ne soit plus dérangé. Elle expliqua en croisant les bras sur sa poitrine : 

" Eh bien, elle reste beaucoup avec Monsieur Paul... certains disent qu'ils ont une relation. " 

Elle doutait de cette rumeur, Elyra avait l'air d'une femme qui se respectait, et Paul n'aurait jamais perdu son temps comme ça si elle lui avait déjà cédé. Peut être étaient-ils simplement amis. Elle espérait. Les rumeurs pouvaient faire beaucoup de mal à une personne. Elle guettait la réaction de Lorys, ses yeux clairs le détaillant, pour voir si il allait rire, ou si, au contraire, il allait se fâcher. Bizarrement, elle l'imaginait assez mal s'énerver. 

Vivianne comprit rapidement quelle idée tordue venait de germer dans l'esprit d'Andrew, et au moment où elle allait retirer sa main, il l'attira avec lui dans le ruisseau. Elle poussa un petit cri de surprise, saisie par la fraîcheur de l'eau. Elle se redressa, croisant les bras sur sa poitrine pour dissimuler du mieux qu'elle pouvait la transparence causée par l'eau sur sa chemise blanche. Elle fit la moue : 

" Ce n'était pas mérité. " 

Elle n'était pas fâchée, en vérité elle trouvait plutôt ça drôle, mais elle espérait bien faire culpabiliser un peu Andrew. 

Aliénor sourit, contente qu'hérin prenne le temps de lui expliquer de nouveau les règles. Elle regarda un court instant le plateau, avant de déplacer son pion, doutant qu'elle puisse perdre dès le début. Elle appuya son visage dans la paume de sa main et déclara en le regardant : 

" Je ne pensais pas que vous étiez du genre à faire ce type de variantes. " 

Elle ne put s'empêcher d'afficher un fin sourire. En même temps, il avait une dizaine d'années de plus qu'elle, il ne se contenterait peut être pas de simplement la regarder et la câliner. Elle comprenait, mais elle espérait qu'il savait aussi qu'elle avait beaucoup moins d'expérience que lui, et qu'elle était novice en histoire d'amour.

Elyra le regarda avec un sourire moqueur, demandant : 

- Pourquoi, tu n'as pas assez de force ? Ou peut être que je suis trop lourde ~ ? 

Elle regarda Paul prendre le panier, ce qui la surprit vraiment. Elle le regarda un instant, un sourire étirant peu à peu ses lèvres, elle lui planta un baiser sur la joue avec un air malicieux. 

- Merci de m'aider ~ Un peu plus, et je penserais presque que tu es mignon ! 

C'était une façon de lui dire qu'il l'était, même si elle savait qu'il allait forcément s'en vanter juste après, c'était aussi ce côté de sa personnalité qui l'amusait. Elle réfléchit à ce qui lui restait à faire. Le père de Paul rentrerait bientôt de la chasse et elle voulait profiter de Paul avant qu'il ne soit obligé de s'en aller pour ne pas être vu avec une roturière. Elle voulait penser que ça ne lui faisait rien, cette différence de rang, mais au fond elle savait qu'il finirait par avoir des ennuis. Elle leva la tête pour le regarder dans les yeux avant de déclarer : 

- Il me reste à m'occuper des haies ! 

Elle ne savait pas si Paul appréciait autant le temps qu'ils passaient ensemble qu'elle, mais elle espérait que c'était le cas, et que s'il pouvait, il resterait encore un peu avec elle. 

Lorys remercia Anséline d'un sourire, avant qu'elle ne lui dise quelle était cette rumeur. Il resta un instant interdit, indéchiffrable, puis peu à peu, un sourire étira ses lèvres fines. 

- C'était donc ça ... 

Il arrivait mieux à expliquer le comportement pour le moins étrange de sa soeur ces derniers jours ; elle ne s'était pas confiée, et malgré son insistance, il n'avait eu aucune information. 

- Leur relation doit être amicale, je pense. 

Si ça avait été plus loin, il savait que sa soeur lui en aurait parlé, ou l'aurait au moins laissé sous entendre. Elle était secrète, mais quand ça devenait très important, elle finissait par craquer. 

Andrew lui sourit, releva la mèche qui lui tombait sur le front et y déposa un baiser chaste et mignon. Il avait bien compris la leçon, il n'allait pas essayer de brûler les étapes. 

- Je vous présente mes plus sincères excuses, milady ~ 

Cependant à son sourire narquois, on voyait qu'il ne regrettait pas. Il restait un homme malgré tout, et même avec toute sa bonne volonté, son regard avait tendance à dévier sur le chemisier transparent. 

Hérin sourit un peu, un sourire énigmatique alors qu'il avançait lui aussi un pion. 

- Et bien ... J'ai toujours l'air sérieux, mais en réalité, je suis très espiègle. Peu de personnes me connaissent sous cet angle. 

Etant donné qu'il cloisonnait méticuleusement vie privée et vie professionnelle, tous pensaient qu'il n'était qu'un gorille sans cervelle, une armoire à glace rabat-joie, alors qu'en réalité, il était affectueux, aussi calin que taquin, et incroyablement joueur. Il ne laissait pas grand monde percer sa carapace, trouvant souvent plus facile de jouer son rôle que d'être lui même.

Paul fit non de la tête, affichant un sourire moqueur : 

" Je suis assez fort... Mais je pense que tu es trop lourde ~" 

Il afficha un air angélique. Bien sûr, il n'en pensait pas un mot, elle avait une très jolie silhouette et il ne lui trouvait pas un seul kilo en trop. Il faisait exprès de l'embêter pour voir si elle allait réagir. Alors qu'ils remontaient l'allée, il attrapa une demoiselle qui passait par là et lui tendit le panier, parce qu'il n'allait quand même pas marcher jusqu'à la cuisine. Il tourna ensuite la tête vers Elyra, déclarant avec un sourire plein d'assurance : 

" Tu penses déjà que je suis mignon, je le sais, ça se voit dans la façon dont tu me regardes ! " 

Il explosa de rire, sans retenue. Il ne mentait pas, elle se montrait assez affectueuse avec lui désormais, et elle le complimentait assez régulièrement, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Quand elle parla de s'occuper des haies, il ne chercha pas à dissimuler son dégoût : 

" S'en occuper ? Genre, les tailler ? Je ne fais pas ça. " 

Surtout qu'il serait bien du genre à se couper avec les outils, ou à blesser quelqu'un. Et puis Elyra avait dut se rendre compte qu'il avait un petit côté bras cassé, donc elle ne laisserait sûrement pas un objet dangereux à portée de ses mains. 

Anséline chercha dans le regard de Lorys si il était en colère ou pas, mais elle ne put s'empêcher de soupirer un peu, soulagée de voir qu'il ne semblait pas plus mécontent que ça. Elle hocha la tête : 

" Je pense aussi. Il n'est pas méchant mais... personne ne sait vraiment quelles idées peuvent lui passer par la tête. " 

Elle haussa les épaules. Beaucoup de jeunes femmes lui courraient après, il prenait un malin plaisir à se servir de son charme, et elle n'avait pas vraiment envie qu'Elyra se fasse avoir, même si elle semblait être une jeune femme assez réfléchie. Elle même avait déjà dut le repousser plus d'une fois, mais maintenant il se contentait de l'ignorer. 

Vivianne sourit un peu en sentant les lèvres d'Andrew sur son front. Un frisson la parcourut, et elle n'eut pas à le cacher ; après tout, elle pouvait toujours mettre ça sur le compte de l'eau froide qui imprégnait ses vêtements. En voyant son sourire, elle déclara : 

" Vous n'en pensez pas un mot. " 

Elle lui releva la tête quand elle vit que son regard avait tendance à dévier, alors elle balança, avec un sourire amusé : 

" ça va, la vue vous plait ? " 

Elle essayait de ne pas trop en laisser voir, se maudissant d'avoir mit un chemisier de cette couleur, même si elle n'avait pas vraiment prévu de se retrouver à l'eau. 

Aliénor ne quitta pas le plateau des yeux, fronçant les sourcils pour choisir qu'elle pion elle allait bouger. En vérité, elle n'était pas très douée pour tout ce qui demandait de la logique. Elle afficha un petit sourire en lui répondant : 

" Je suis une privilégiée alors ? J'aime ça. " 

Après une hésitation, elle avança un autre pion, finissant par lever les yeux vers Hérin, son regard planté dans le sien. Il avait l'air à l'opposé de ce qu'il laissait paraître. Bien sûr, il restait très séduisant et agréable, mais elle l'appréciait d'avantage avec ce côté espiègle et malicieux.